Le 8 janvier 2010, l’équipe nationale togolaise de football effectue un banal parcours en bus entre le Congo-Brazzaville et l’enclave angolaise de Cabinda. Mais politique et violence viennent assombrir les prémisses de la Coupe d’Afrique des nations 2010.
Sitôt la frontière franchie, le véhicule est mitraillé à l’arme lourde par des militants autonomistes du Flec, le Front de libération de l'Etat du Cabinda. Joueurs et encadrants se jettent au sol mais, déjà, le chauffeur angolais est atteint (1). Puis, c’est au tour d’Abalo Amélété, l’entraîneur adjoint, et de Stanislas Ocloo, le chef de presse de la délégation, de périr sous les balles. Les joueurs, choqués par trente minutes de mitraillage, ne sont pas épargnés. Le défenseur Serge Akakpo est sérieusement touché et le gardien de but Kodjovi Obilale est grièvement blessé. Sur place, le chaos et la confusion règnent.
Manque d’humanité à la CAF
A Luanda, la capitale de l’Angola, l’ambiance est toute autre. Radio Cinco, la radio publique sportive angolaise, n’annonce l’attaque que tard dans la soirée. Au Convention Center de Talatona, la Confédération africaine de football (CAF) accueille avec scepticisme les faits rapportés par les journalistes étrangers présents. Le président de la CAF, Issa Hayatou, refuse de s’exprimer. Finalement, dans la nuit, la CAF sort de son silence avec un argument polémique : la délégation togolaise aurait évité le drame en respectant le règlement de la CAN, à savoir en prenant l’avion et pas le bus.
D’un point de vue réglementaire, la CAF a raison et la Fédération togolaise de football (FTF) a tort. Mais le manque d’humanité de la CAF, sa volonté de ne pas froisser l’Etat angolais, provoquent la colère au Togo.
Crise entre Lomé et la CAF
A Cabinda, les Éperviers sont partagés dans les heures qui suivent l'attentat : doivent-ils rentrer au pays ou disputer la CAN 2010 pour ne pas céder au terrorisme ? Le gouvernement togolais va décider pour eux, ordonnant leur rapatriement. La CAN 2010, remportée par l’Égypte, se joue donc sans l’équipe du Togo.
Loin de calmer le jeu, ce forfait provoque la fureur de la CAF. Le 30 janvier 2010, la Confédération punit l’ingérence politique du gouvernement togolais en suspendant les Éperviers pour les éliminatoires de la CAN 2012 et 2013. Les dirigeants africains reviendront en mai 2010 sur cette sanction grâce à une médiation de la Fifa.
Un drame qui a laissé des traces
L’affaire ne s’arrête pourtant pas là. Les joueurs togolais sont écœurés, traumatisés. Emmanuel Adebayor, l’attaquant vedette de la sélection, annonce sa retraite internationale et ne reviendra sur sa décision qu'en novembre 2011. Kodjovi Obilale devient, lui, le symbole du drame. Le gardien de but est rapatrié en France après plusieurs semaines d'attente. En Bretagne, le joueur est soutenu par l’Union nationale des footballeurs professionnels français (Unfp), puis reçoit 100 000 dollars d’aide de la Fifa. En revanche, la CAF et la FTF restent longtemps sourds aux appels de l’entourage d’Obilale.
C’est que la FTF est prise dans la tourmente. La Fédération est accaparée par les pressions de la Fifa sur son indépendance vis-à-vis du pouvoir et divers scandales dont un match bidon organisé en septembre 2010, à Bahreïn, par l’ex-sélectionneur Tchanilé Bana.
Sans surprise, la campagne éliminatoire pour la CAN 2012 est calamiteuse. Les Éperviers finissent avant-derniers de la poule K avec 4 défaites, 3 nuls et 1 victoire. De la CAN 2010 à la CAN 2012, le football togolais n’a pas fini de panser ses plaies.
(1) Les médias ont d'abord annoncé la mort du chauffeur angolais mais aucune nouvelle officielle n'a jamais confirmé son décès.
source : RFI
Sitôt la frontière franchie, le véhicule est mitraillé à l’arme lourde par des militants autonomistes du Flec, le Front de libération de l'Etat du Cabinda. Joueurs et encadrants se jettent au sol mais, déjà, le chauffeur angolais est atteint (1). Puis, c’est au tour d’Abalo Amélété, l’entraîneur adjoint, et de Stanislas Ocloo, le chef de presse de la délégation, de périr sous les balles. Les joueurs, choqués par trente minutes de mitraillage, ne sont pas épargnés. Le défenseur Serge Akakpo est sérieusement touché et le gardien de but Kodjovi Obilale est grièvement blessé. Sur place, le chaos et la confusion règnent.
Manque d’humanité à la CAF
A Luanda, la capitale de l’Angola, l’ambiance est toute autre. Radio Cinco, la radio publique sportive angolaise, n’annonce l’attaque que tard dans la soirée. Au Convention Center de Talatona, la Confédération africaine de football (CAF) accueille avec scepticisme les faits rapportés par les journalistes étrangers présents. Le président de la CAF, Issa Hayatou, refuse de s’exprimer. Finalement, dans la nuit, la CAF sort de son silence avec un argument polémique : la délégation togolaise aurait évité le drame en respectant le règlement de la CAN, à savoir en prenant l’avion et pas le bus.
D’un point de vue réglementaire, la CAF a raison et la Fédération togolaise de football (FTF) a tort. Mais le manque d’humanité de la CAF, sa volonté de ne pas froisser l’Etat angolais, provoquent la colère au Togo.
Crise entre Lomé et la CAF
A Cabinda, les Éperviers sont partagés dans les heures qui suivent l'attentat : doivent-ils rentrer au pays ou disputer la CAN 2010 pour ne pas céder au terrorisme ? Le gouvernement togolais va décider pour eux, ordonnant leur rapatriement. La CAN 2010, remportée par l’Égypte, se joue donc sans l’équipe du Togo.
Loin de calmer le jeu, ce forfait provoque la fureur de la CAF. Le 30 janvier 2010, la Confédération punit l’ingérence politique du gouvernement togolais en suspendant les Éperviers pour les éliminatoires de la CAN 2012 et 2013. Les dirigeants africains reviendront en mai 2010 sur cette sanction grâce à une médiation de la Fifa.
Un drame qui a laissé des traces
L’affaire ne s’arrête pourtant pas là. Les joueurs togolais sont écœurés, traumatisés. Emmanuel Adebayor, l’attaquant vedette de la sélection, annonce sa retraite internationale et ne reviendra sur sa décision qu'en novembre 2011. Kodjovi Obilale devient, lui, le symbole du drame. Le gardien de but est rapatrié en France après plusieurs semaines d'attente. En Bretagne, le joueur est soutenu par l’Union nationale des footballeurs professionnels français (Unfp), puis reçoit 100 000 dollars d’aide de la Fifa. En revanche, la CAF et la FTF restent longtemps sourds aux appels de l’entourage d’Obilale.
C’est que la FTF est prise dans la tourmente. La Fédération est accaparée par les pressions de la Fifa sur son indépendance vis-à-vis du pouvoir et divers scandales dont un match bidon organisé en septembre 2010, à Bahreïn, par l’ex-sélectionneur Tchanilé Bana.
Sans surprise, la campagne éliminatoire pour la CAN 2012 est calamiteuse. Les Éperviers finissent avant-derniers de la poule K avec 4 défaites, 3 nuls et 1 victoire. De la CAN 2010 à la CAN 2012, le football togolais n’a pas fini de panser ses plaies.
(1) Les médias ont d'abord annoncé la mort du chauffeur angolais mais aucune nouvelle officielle n'a jamais confirmé son décès.
source : RFI
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