C’est une campagne qui, à mon avis, avait démarré timidement. Beaucoup d’état major politiques, notamment certains des plus importants se comportaient comme si l’élection n'avait pas lieu. Je pense à la majorité, à la coalition Idrissa Seck, même au niveau de la coalition Diomaye on était focalisé sur Dakar. Donc quelque part, les gens avaient commencé un peu timidement;
Depuis la sortie de Diomaye et Sonko, bien sûr depuis le secrétariat exécutif national de l’APR on a senti un regain d'intérêt. A l'égard de cette campagne, il y a beaucoup plus d’engagement et d’engouement. On sent vraiment qu’il y a une campagne qui commence. Cela est dû à deux plusieurs facteurs. Dans un premier certains pensaient que le processus n'allait pas aboutir et dans un deuxième facteur c’était la décision de la Cour suprême qui a définitivement clos le débat sur le report de la présidentielle. Maintenant, tout le monde se dit que c’est la dernière ligne droite. Je pense que les gens se lancent dans l’eau et le président Macky Sall en premier qui a dit qu’il soutient son candidat Amadou Ba. La coalition Diomaye président, est également allée en Casamance avec ses leaders, Ousmane Sonko et Diomaye.
On constate que le discours est devenu acerbe entre le leader de BBY, Amadou Ba et les leaders de la coalition Diomaye président, notamment Sonko et Diomaye?
Je pense que ça a été voulu. Diomaye a été d’attaque dès le premier jour. Diomaye, dès sa première sortie de prison, s’en est pris de façon véhémente à Amadou Ba. D’ailleurs, il s’en est pris à son image et à sa crédibilité. Et ça ne peut pas rester sans réponse. Dans le camp d’Amadou Ba, la réaction n’a pas tardé. Amadou Ba parle d’inexpérience et d’incompétence à l’encontre de l’autre partie. Chacun essaie donc de trouver des arguments. Sur le plan programmatique, il y a aussi des débats qui portent sur la monnaie et sur le transfert de la capitale. Tout celà invoque des débats contradictoires sur ces questions.
Est-ce que le projet de la souveraineté monétaire et le transfert de la capitale ne seraient pas de l’électoralisme?
Bien sûr. Les gens de la majorité ou du pouvoir essaient de montrer à l’opinion qu’en réalité le camp d’en face n’est pas assez bien préparé, pas assez mature pour opérer des ruptures. C’est un peu ces genres de répliques et d’idées qu’ils ont véhiculées. Ils ont aussi parlé de l’indépendance de la justice. En plus, il y a le poste de vice-président qui a suscité beaucoup de débats et d’interrogations. Donc quelque part, on est en plein débat. Les uns et les autres essaient de trouver des failles dans les discours des adversaires. Et c'est de bonne guerre. Et je pense que les Sénégalais pourront se faire une certaine idée même si le temps est court .Les populations vont se faire une idée par rapport aux programmes mais aussi à la posture des candidats.
Macky Sall comme Ousmane Sonko va accompagner Amadou BA pour le reste de la campagne. Les deux, quelle valeur peuvent-ils apporter à leurs poulains?
Diomaye en prison aurait beaucoup plus fait mal. Parce qu’il y aurait un mythe autour de sa personne. Maintenant qu’il est sorti qu’on le voit qu’il parle. Le mythe est en train de s'effilocher. Amadou Ba seul sur le terrain sans Macky Sall c’est insipide. Autant donc que Macky Sall se lancer tous les deux essaie d’assumer tout le bilan et dire qu’on va rectifier les aspects négatifs, par exemple l’emploi des jeunes, l’immigration, le secteur primaire, l'autosuffisance alimentaire, les libertés collectives et individuelles. C’est là, où il y a des faiblesses, essayer de les rectifier et partir sur de nouvelles bases.
En considérant les images qui nous parviennent des différents meetings, quelles sont les forces et faiblesses de la coalition Diomaye Président? Par ailleurs, on voit que Sonko est beaucoup plus à l’aise?
C’ est lié à leur caractère, voire à leur nature. Diomaye, il est introverti et un peu timide. Ce n’est pas quelqu’un qui est préparé à cette campagne et à ces fonctions. C’est comme Amadou Ba. Tous les deux ne peuvent pas ne pas être des candidats de substitution. Ils resteront s’ils sont élus des présidents de remplacement. Donc, quelque part, il y a des leaders charismatiques comme Macky Sall et Sonko. Qui lorsqu’ils s’affichent écrasent leurs poulains.
En clair, c’est clair, c’est Macky et Sonko qui s’affrontent par personne interposée. Donc le duel est direct. Si un de ces candidats passent, ce serait Macky ou Sonko qui serait élu.
Les deux camps BBY et la coalition Diomaye président ont éclipsé les autres pendant la campagne. Quelles sont les raisons?
Absolument, en dehors de Khalifa les autres sont presque obligés de s’aligner après. Maintenant, ce qu’il aurait fallu faire. Khalifa trouve beaucoup plus de moyens de diversifier le discours, l’orienter sur d’autres axes stratégiques qui puissent permettre à la presse de le mettre en avant.
Si les autres ne font pas preuve d’imagination en dextérité en matière de communication je pense qu’ils seront étouffés. Le duel a tellement duré que les gens naturellement s’y engouffrent. Et, je pense que d’ici quelques jours cette dualité va prendre le dessus sur le reste. Donc c’est à Khalifa et les autres de trouver les voies et les moyens de créer les conditions d’une certaine sensualité. Il faut que les autres candidats trouvent les moyens de casser cette dualité.