Addis Abeba. Il est 5h20 du matin ce 30 janvier 2014. Une grande partie de la capitale de l'Ethiopie, par ailleurs de l'Afrique sommeille toujours. Très peu de véhicules circulent. Sur le trottoir pour piétons, des jeunes filles vêtues courts rentrent, peut-être à la maison. Quelques vigiles se font visibles à la devanture des boutiques joliment achalandées. Vestes, robes, Jeans, jupes, de couleur rouge, bleu, noir, et jaune attirent le regard. Ces boutiques longent Bole avenue. Une avenue dont les palmiers artificiels scintillent dans un froid mordant.
C'est près du rond point de cette avenue que nous rencontrons notre interlocutrice. Elle semble aux aguets. Le regard perçant, ses yeux brillent tel des jeux de lumière.
“J'espère que personne ne me reconnaitra”dit-t-elle.
Son anglais est teinté d'un doux accent. Un accent de l'une des langues de l'Afrique australe. Avec sa capuche sur la tête, elle nous intime l'ordre de ne pas la regarder.
“Marchez droite et collée à moi. Ainsi, les gens nous considéreront comme des noctambules qui rentrent”. Nous nous exécutons donc.
La loi du silence
“J'ai peur pour mon boulot en vous parlant,” commence-t-elle. Puis silence.
D'ailleurs, elle n'est pas la seule à avoir peur de s'exprimer sur les scandales qui minent le MAEP. Un ministre du Cameroun a refusé de s'exprimer sur le sujet. “Chaque Etat ayant ses propres cadavres dans son placard,” il dit donc craindre que s'exprimer engage la responsabilité et des représailles contre son pays. Amara Konneh, Ministre des finances du Libéria et Président du Forum des points focaux, que nous avons plusieurs fois joint au téléphone s'est toujours fait passer pour quelqu'un d'autre. Aux differents emails et appels téléphoniques, il n'y a donc jamais donné suite. Cette même peur de s'exprimer tenaille l'une des anciennes personnalités éminentes du Panel. Auparavant, ayant accepté de parler, elle se désiste, puis revient à la charge avant de complètement exclure toute idée de se prononcer. Et il en est de même pour ce ministre ressortissant d'un pays de l'Afrique de l'Ouest.
“Mais mon boulot n'est rien comparé au devenir du continent à travers le MAEP,” ajoute après quelques secondes de silence, notre interlocutrice à la capuche.
En s'exprimant ainsi, elle enfonce de plus belles ses mains dans les poches de son pull, comme pour se protéger d'un vent fort venant de face.
“Je vous ai vu la dernière fois parler au Directeur par Intérim. J'ai vu comment lui et sa chargée de communication vous ont rabrouée,”mentionne notre compagnon.
Il est 17h, ce 28 janvier 2014. Dans les anciens locaux de l'Union Africaine, nous approchons Assefa Shifa, le Directeur par Intérim du MAEP. La raison? lui demander de nous accorder une interview. Cette interview porterait sur la mal gouvernance dont un bon nombre de ses collaborateurs et des rapports d'audit qui circulent sous les manteaux l'accusent.
Assefa Shifa, ce jour-là, vêtu d'un complet de veste noir, se dit occupé. Pourtant, il était isolé et assis tout seul. Il nous renvoie donc à sa chargée de communication, Selela Liziwe. Elle se propose donc de nous aider, mais s'étant enquis de l'objet de notre demande, elle finit par affirmer, à son tour, être occupée: “Prendre soins des membres du Panel des personnalités éminentes,” nous précise-t-elle. Elle refuse aussi de nous donner rendez-vous ou ses coordonnées pour toute autre rencontre. Alors, nous insistons auprès du directeur.
“Pouvez-vous m'obligé à vous les donner...?” nous lance-t-il, nerveux. Pendant ce temps, avec sa main droite, il pianote son cellulaire. Sa gauche, elle, posée sur la vitre du bâtiment, qui fait face à un jardin.
C'est près du rond point de cette avenue que nous rencontrons notre interlocutrice. Elle semble aux aguets. Le regard perçant, ses yeux brillent tel des jeux de lumière.
“J'espère que personne ne me reconnaitra”dit-t-elle.
Son anglais est teinté d'un doux accent. Un accent de l'une des langues de l'Afrique australe. Avec sa capuche sur la tête, elle nous intime l'ordre de ne pas la regarder.
“Marchez droite et collée à moi. Ainsi, les gens nous considéreront comme des noctambules qui rentrent”. Nous nous exécutons donc.
La loi du silence
“J'ai peur pour mon boulot en vous parlant,” commence-t-elle. Puis silence.
D'ailleurs, elle n'est pas la seule à avoir peur de s'exprimer sur les scandales qui minent le MAEP. Un ministre du Cameroun a refusé de s'exprimer sur le sujet. “Chaque Etat ayant ses propres cadavres dans son placard,” il dit donc craindre que s'exprimer engage la responsabilité et des représailles contre son pays. Amara Konneh, Ministre des finances du Libéria et Président du Forum des points focaux, que nous avons plusieurs fois joint au téléphone s'est toujours fait passer pour quelqu'un d'autre. Aux differents emails et appels téléphoniques, il n'y a donc jamais donné suite. Cette même peur de s'exprimer tenaille l'une des anciennes personnalités éminentes du Panel. Auparavant, ayant accepté de parler, elle se désiste, puis revient à la charge avant de complètement exclure toute idée de se prononcer. Et il en est de même pour ce ministre ressortissant d'un pays de l'Afrique de l'Ouest.
“Mais mon boulot n'est rien comparé au devenir du continent à travers le MAEP,” ajoute après quelques secondes de silence, notre interlocutrice à la capuche.
En s'exprimant ainsi, elle enfonce de plus belles ses mains dans les poches de son pull, comme pour se protéger d'un vent fort venant de face.
“Je vous ai vu la dernière fois parler au Directeur par Intérim. J'ai vu comment lui et sa chargée de communication vous ont rabrouée,”mentionne notre compagnon.
Il est 17h, ce 28 janvier 2014. Dans les anciens locaux de l'Union Africaine, nous approchons Assefa Shifa, le Directeur par Intérim du MAEP. La raison? lui demander de nous accorder une interview. Cette interview porterait sur la mal gouvernance dont un bon nombre de ses collaborateurs et des rapports d'audit qui circulent sous les manteaux l'accusent.
Assefa Shifa, ce jour-là, vêtu d'un complet de veste noir, se dit occupé. Pourtant, il était isolé et assis tout seul. Il nous renvoie donc à sa chargée de communication, Selela Liziwe. Elle se propose donc de nous aider, mais s'étant enquis de l'objet de notre demande, elle finit par affirmer, à son tour, être occupée: “Prendre soins des membres du Panel des personnalités éminentes,” nous précise-t-elle. Elle refuse aussi de nous donner rendez-vous ou ses coordonnées pour toute autre rencontre. Alors, nous insistons auprès du directeur.
“Pouvez-vous m'obligé à vous les donner...?” nous lance-t-il, nerveux. Pendant ce temps, avec sa main droite, il pianote son cellulaire. Sa gauche, elle, posée sur la vitre du bâtiment, qui fait face à un jardin.