A l’époque, lorsque le Député Moustapha Cissé Lô célèbre pour ses formules à l’emporte-pièce, mettait en avant l’expression selon laquelle « Macky Sall est le roi du vent et du ciel au Sénégal », il était loin de s’imaginer que l’onde de choc des élections locales de 2014 emporterait le Premier Ministre Aminata Touré et provoquerait un véritable cataclysme politique. Désormais, le mythe de l’invincibilité du « roi » a vécu. Si d’une manière générale, ces joutes locales se sont déroulées de façon satisfaisante, il y a lieu de relever certaines failles qui méritent d’être corrigées au plus vite pour pérenniser les acquis démocratiques obtenus depuis des décennies.
Les images de Saint Louis montrant une ville quadrillée par les forces de l’ordre, en quasi état de siège, rappellent une période que l’on croyait révolue au Sénégal. Dans un scrutin, le déploiement de forces de l’ordre avant la proclamation des résultats revêt toujours un caractère suspect. Depuis les violentes secousses qui ont accompagné les élections présidentielles de 1988 et de 1993, jamais la démocratie sénégalaise n’a connu un test aussi sérieux. A l’avenir, Il faudra que les autorités administratives, la CENA et les nombreux observateurs déployés sur le terrain en tirent les leçons afin d’éviter que pareille situation ne se reproduise en 2017. L’idée selon laquelle il n’est plus possible d’organiser des fraudes lors d’élections au Sénégal ne résiste pas à l’examen des faits. Ce qui s’est déroulé à Saint Louis (et dans une moindre mesure ailleurs) prouve que la démocratie n’est jamais définitivement acquise et exige une vigilance de tous les instants.
Le second écueil relevé concerne la prolongation du vote dans certaines localités. Si les autorités administratives ont la faculté de juger de l’opportunité de prolonger le vote dans telle ou telle localité, il n’en demeure pas moins qu’il est impératif de veiller scrupuleusement à ne pas porter atteinte au principe d’égalité des citoyens sur toute l’étendue du territoire. Une forte abstention des électeurs ayant été observée presque sur tout le territoire, il aurait été plus logique d’assurer une uniformisation à l’échelle nationale. D’autant que les motifs invoqués sont valables pour chaque localité: permettre aux citoyens et au plus grand nombre d’accomplir leur devoir civique.
Il importe également de veiller à ce que la prolongation du vote soit bien encadrée, de manière à ne pas entacher la sincérité du scrutin. En effet, la fermeture de la majorité des bureaux de vote étant fixée officiellement à 18 heures, les premiers dépouillements peuvent conduire à des tentatives de « rattrapage » ou « d’amplification » dans d’autres zones, lorsque les premières tendances sont connues. Pour tenter d’inverser le cours des choses (une fermeture à 23H ou minuit paraît suspect). En démocratie, la transparence d’un scrutin est liée au respect de la volonté populaire clairement exprimée dans les urnes.
Le troisième point concerne le traitement de l’information. Sur ce point, il a été constaté un certain déséquilibre en faveur du pouvoir. Les partisans du camp présidentiel se sont relayés dans les médias, brandissant (avant même la proclamation officielle des résultats), des chiffres concernant le nombre collectivités locales qui auraient été « remportées», sans qu’aucune preuve tangible ne puisse étayer leurs propos. Donnant « les résultats avant les résultats » et méconnaissant totalement les précautions d’usage et les règles en vigueur en matière électorale. Curieusement, la CNRA (Conseil national de régulation de l’audiovisuel) et le CORED (Conseil pour l'Observation des règles d'Ethique et de Déontologie dans les Médias), si prompts à ruer dans les brancards pour dénoncer les manquements au niveau de la profession journalistique ont été aux abonnés absents.
Certaines techniques de désinformation ont fonctionné à plein régime au point que des médias complaisants, avec un parti pris assumé ont mis en avant des formules du genre «Dans X localité….tel gagne et perd ». Deux notions totalement antinomiques. Sans que la CNRA et le CORED ne s’en offusquent expressément. Si l’objectif « non avoué » était de brouiller les repères des citoyens sur l’issue du vote, manifestement, c’est peine perdue. Ces élections ont prouvé qu’il faut faire confiance à la maturité des citoyens sénégalais qui ont décrypté avec une parfaite lisibilité les résultats et les enjeux de ce scrutin, notamment la mise en œuvre brutale (à pas forcés) de l’acte III de la décentralisation.
S’il est incontestable que le Sénégal reste une démocratie en 2014, les actes posés par le Président Macky Sall depuis son accession au pouvoir en 2012 sont inquiétants et se caractérisent par une gouvernance pour le moins autoritaire : usage excessif de la force, tentative de musellement de la presse en ligne (il faut éviter que le tribunal des pairs du CORED ne soit un instrument de neutralisation d’une presse ciblée), atteintes aux libertés et au droit d’expression démocratique (arrestation du rappeur «Fou malade »), stratégies d’intimidations et de diabolisation des citoyens ordinaires émettant une voix discordante, remise en cause de certaines réserves formulées par des organisations de veille et de défense des libertés (Amnesty International section Sénégal, Ligue sénégalaise des droits de l’homme, Forum Civil, Y’en a marre, etc ..). Une des singularités du régime de Macky Sall est cette volonté permanente de détenir le monopole de la vérité, de contrôler les canaux d’information et de formater la conscience des citoyens. L’allusion récente par certains de « 2017 OU 2019 » s’agissant des prochaines élections présidentielles en est la parfaite illustration. Il s’agit de vulgariser l’ambigüité au niveau de certains médias complaisants, de la diffuser largement, et de préparer durablement et en douceur l’opinion à cette éventualité, sous forme d’alternative : le terme « OU » suggérant fortement que les 2 possibilités existent : 2017 OU 2019. Une stratégie savamment huilée.
Les élections locales ayant rendu leur verdict, il est essentiel pour les acteurs concernés d’en tirer les conclusions, pour rectifier le tir en 2017, afin de garantir des élections libres, ouvertes, transparentes qui ne puissent souffrir d’aucune contestation. Quant au Président, il dispose désormais des tous les leviers pour accélérer la cadence de la réforme des institutions et de la réduction de son mandat de 7 à 5 ans. Car, 2017 avance à pas de géant.
Les images de Saint Louis montrant une ville quadrillée par les forces de l’ordre, en quasi état de siège, rappellent une période que l’on croyait révolue au Sénégal. Dans un scrutin, le déploiement de forces de l’ordre avant la proclamation des résultats revêt toujours un caractère suspect. Depuis les violentes secousses qui ont accompagné les élections présidentielles de 1988 et de 1993, jamais la démocratie sénégalaise n’a connu un test aussi sérieux. A l’avenir, Il faudra que les autorités administratives, la CENA et les nombreux observateurs déployés sur le terrain en tirent les leçons afin d’éviter que pareille situation ne se reproduise en 2017. L’idée selon laquelle il n’est plus possible d’organiser des fraudes lors d’élections au Sénégal ne résiste pas à l’examen des faits. Ce qui s’est déroulé à Saint Louis (et dans une moindre mesure ailleurs) prouve que la démocratie n’est jamais définitivement acquise et exige une vigilance de tous les instants.
Le second écueil relevé concerne la prolongation du vote dans certaines localités. Si les autorités administratives ont la faculté de juger de l’opportunité de prolonger le vote dans telle ou telle localité, il n’en demeure pas moins qu’il est impératif de veiller scrupuleusement à ne pas porter atteinte au principe d’égalité des citoyens sur toute l’étendue du territoire. Une forte abstention des électeurs ayant été observée presque sur tout le territoire, il aurait été plus logique d’assurer une uniformisation à l’échelle nationale. D’autant que les motifs invoqués sont valables pour chaque localité: permettre aux citoyens et au plus grand nombre d’accomplir leur devoir civique.
Il importe également de veiller à ce que la prolongation du vote soit bien encadrée, de manière à ne pas entacher la sincérité du scrutin. En effet, la fermeture de la majorité des bureaux de vote étant fixée officiellement à 18 heures, les premiers dépouillements peuvent conduire à des tentatives de « rattrapage » ou « d’amplification » dans d’autres zones, lorsque les premières tendances sont connues. Pour tenter d’inverser le cours des choses (une fermeture à 23H ou minuit paraît suspect). En démocratie, la transparence d’un scrutin est liée au respect de la volonté populaire clairement exprimée dans les urnes.
Le troisième point concerne le traitement de l’information. Sur ce point, il a été constaté un certain déséquilibre en faveur du pouvoir. Les partisans du camp présidentiel se sont relayés dans les médias, brandissant (avant même la proclamation officielle des résultats), des chiffres concernant le nombre collectivités locales qui auraient été « remportées», sans qu’aucune preuve tangible ne puisse étayer leurs propos. Donnant « les résultats avant les résultats » et méconnaissant totalement les précautions d’usage et les règles en vigueur en matière électorale. Curieusement, la CNRA (Conseil national de régulation de l’audiovisuel) et le CORED (Conseil pour l'Observation des règles d'Ethique et de Déontologie dans les Médias), si prompts à ruer dans les brancards pour dénoncer les manquements au niveau de la profession journalistique ont été aux abonnés absents.
Certaines techniques de désinformation ont fonctionné à plein régime au point que des médias complaisants, avec un parti pris assumé ont mis en avant des formules du genre «Dans X localité….tel gagne et perd ». Deux notions totalement antinomiques. Sans que la CNRA et le CORED ne s’en offusquent expressément. Si l’objectif « non avoué » était de brouiller les repères des citoyens sur l’issue du vote, manifestement, c’est peine perdue. Ces élections ont prouvé qu’il faut faire confiance à la maturité des citoyens sénégalais qui ont décrypté avec une parfaite lisibilité les résultats et les enjeux de ce scrutin, notamment la mise en œuvre brutale (à pas forcés) de l’acte III de la décentralisation.
S’il est incontestable que le Sénégal reste une démocratie en 2014, les actes posés par le Président Macky Sall depuis son accession au pouvoir en 2012 sont inquiétants et se caractérisent par une gouvernance pour le moins autoritaire : usage excessif de la force, tentative de musellement de la presse en ligne (il faut éviter que le tribunal des pairs du CORED ne soit un instrument de neutralisation d’une presse ciblée), atteintes aux libertés et au droit d’expression démocratique (arrestation du rappeur «Fou malade »), stratégies d’intimidations et de diabolisation des citoyens ordinaires émettant une voix discordante, remise en cause de certaines réserves formulées par des organisations de veille et de défense des libertés (Amnesty International section Sénégal, Ligue sénégalaise des droits de l’homme, Forum Civil, Y’en a marre, etc ..). Une des singularités du régime de Macky Sall est cette volonté permanente de détenir le monopole de la vérité, de contrôler les canaux d’information et de formater la conscience des citoyens. L’allusion récente par certains de « 2017 OU 2019 » s’agissant des prochaines élections présidentielles en est la parfaite illustration. Il s’agit de vulgariser l’ambigüité au niveau de certains médias complaisants, de la diffuser largement, et de préparer durablement et en douceur l’opinion à cette éventualité, sous forme d’alternative : le terme « OU » suggérant fortement que les 2 possibilités existent : 2017 OU 2019. Une stratégie savamment huilée.
Les élections locales ayant rendu leur verdict, il est essentiel pour les acteurs concernés d’en tirer les conclusions, pour rectifier le tir en 2017, afin de garantir des élections libres, ouvertes, transparentes qui ne puissent souffrir d’aucune contestation. Quant au Président, il dispose désormais des tous les leviers pour accélérer la cadence de la réforme des institutions et de la réduction de son mandat de 7 à 5 ans. Car, 2017 avance à pas de géant.
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