D'après le dernier bilan de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) en date du 4 août, 1 711 cas ont été répertoriés dont 932 morts depuis le début de l'épidémie, dans les quatre pays touchés. Sur place, le nombre de cas continue d'augmenter et la chaîne de transmission n'est donc pas brisée. Les autorités sur place n'arrivent pas à identifier tous les cas ni à suivre la trace des personnes en contact avec les malades et qui peuvent être contaminées à leur tour.
L'OMS estime aussi que les centres de soins et les hôpitaux manquent de matériel et de personnel. Surtout de personnel formé à la maladie. Car c'est la première fois que l'Afrique de l'Ouest fait face au virus Ebola et ses spécificités sont mal connues. Les experts relèvent de mauvaises pratiques chez le personnel de santé, que ce soit en matière de soins à apporter aux malades comme de précautions à prendre pour éviter d'être contaminé, et depuis le début de l'épidémie, une centaine de personnel soignant : médecins, infirmiers et autres, ont été infectés par le virus. La moitié en est morte.
Mieux informer et éviter les déplacements
En décrétant cet état d'urgence sanitaire mondial, l'OMS veut donc faire réagir la communauté internationale et passer à la vitesse supérieure pour endiguer l'épidémie. Les experts réunis ces deux derniers jours ont fait plusieurs recommandations. Les premières concernent les pays qui sont touchés actuellement par le virus. L'Organisation mondiale de la santé appelle les chefs d'Etats de Guinée, du Liberia, de Sierra Leone et du Nigéria à décréter l'état d'urgence et à mobiliser tous les moyens possibles dans les systèmes de santé en améliorant notamment l'accès des médecins et des médicaments aux zones touchées.
L'OMS souhaite aussi que les chefs d'Etat s'adressent directement à la population pour mieux l'informer, avec des relais locaux, comme les chefs de villages et les représentants religieux par exemple. Le but est de rappeler les principes de base de sécurité : ne pas approcher un malade ou un mort et se laver régulièrement les mains, car le virus se transmet par simple contact.
Surveiller les frontières
Il faut aussi que la population prenne conscience qu'un traitement précoce augmente les chances de survie, alors que pour l'instant beaucoup estiment que les médecins ne peuvent rien faire. Enfin, il est important de limiter les déplacements de population pour limiter les risques de propagation du virus.
En ce qui concerne les pays frontaliers, l'Organisation mondiale de la santé émet également des recommandations et presse les pays voisins de surveiller étroitement leurs frontières, et de porter la plus grande attention à toute personne présentant une forte fièvre. Même si la fièvre est un symptôme d'autres maladies, comme le paludisme, très présent dans ces régions, le moindre cas suspect doit être indiqué aux pays frontaliers. Ceux-ci doivent alors décréter l'état d'urgence et suivre les mêmes recommandations que les pays où le virus Ebola est présent.
Des mesures de quarantaine décrétées
Enfin, en ce qui concerne les autres pays dans le monde, l’heure est à la vigilance. Mais pour l'instant, en dehors de campagnes d'information sur les risques liés à Ebola, l’OMS n’a décrété aucune recommandation spéciale. En particulier, les vols longs courriers peuvent continuer entre les pays où sévit l'épidémie et les autres.
Les pays d’Afrique de l’Ouest notamment, n'ont pas attendu la publication de ces recommandations pour prendre des mesures. A titre d’exemple, le président de Sierra Leone, Ernest Bai Koroma a déjà décrété l’état d’urgence (il l'a annoncé le 31 juillet), avec toute une batterie de dispositions, comme le placement en quarantaine des foyers d'Ebola, la limitation de la circulation des motos-taxis, la fermeture des boîtes de nuit et des salles de cinéma, des perquisitions pour repérer les cas suspects, etc.
Le Liberia est sous état d'urgence depuis mercredi 6 août. Et au Nigeria, le président Goodluck Jonathan a décrété l'état d'urgence sanitaire ce vendredi 8 août, suite à l'appel de l'OMS : une urgence qualifiée de nationale après l'annonce confirmée de neuf nouveaux cas contaminés par Ebola et le décès d'une deuxième personne. Mais cet état d'urgence est décrété alors que l'incertitude pèse encore sur la reprise du travail dans les hôpitaux publics, perturbés par une grève lancée le 1er juillet pour obtenir une hausse de salaire. La NMA, l'Association médicale nigériane, a annoncé ce jeudi 7 août la suspension de cette grève. Le porte-parole de la présidence nigériane, Reuben Abati, a insisté, de son côté, sur la nécessité de mobiliser les professionnels de santé : « Le président Jonathan a spécifiquement appelé les travailleurs médicaux et autres professionnels de santé, en particulier ceux qui sont en grève, à prendre en compte cette déclaration d'urgence nationale. Il a parlé d’un appel patriotique au devoir et au service.En d'autres termes, peu importe les revendications qu’ils peuvent avoir en tant que prestataires de santé, ce n'est pas le moment de rester à l’écart. C'est au contraire le moment où ces professionnels de santé sont nécessaires pour assurer au gouvernement qu'ils font partie de l'effort destiné à contrôler et contenir la menace du virus Ebola à l’intérieur de nos frontières. »
Du côté des pays voisins aussi la menace est prise au sérieux, comme en Côte d'Ivoire par exemple, où les marchés des zones frontalières ont été fermés et des comités de vigilance mis en place dans les villages isolés. Enfin, en France, le gouvernement a rappelé avoir mis en place un dispositif d'évacuation et de prise en charge sur le territoire pour une éventuelle urgence médicale.
L'Ouganda est en alerte depuis le début de l'épidémie d'Ebola qui sévit en Afrique de l'Ouest. Un dispositif a été mis en place à l'aéroport d'Entebbe pour repérer tout cas suspect. Les autorités ont par ailleurs déclaré que toute personne représentant des signes de la maladie sera placée en isolement, ajoutant que si relativement peu d'Ougandais se rendent en Afrique de l'Ouest, des ressortissants des pays touchés par la maladie viennent en Afrique de l'Est pour affaires.
Le pays a connu plusieurs vagues de fièvre hémorragique dans le passé. La dernière date de 2012 : une vingtaine de personnes avaient alors succombé au virus. En 2007, une quarantaine de victimes, et en 2000, une épidémie encore plus meurtrière avaient emporté cette fois près de 200 Ougandais. Fort de ces expériences, l'Ouganda participe à la lutte contre la pandémie en envoyant en Afrique de l'Ouest une équipe de médecins et d'infirmières les plus expérimentés du pays dans la lutte contre le virus, le virus contre lequel l'OMS (l'Organisation mondiale de la Santé) a déclaré vendredi une alerte mondiale.
Source : Rfi.fr