La Cédéao est d’abord inquiète de la fermeture des frontières terrestres et aériennes ordonnée par plusieurs pays de la sous-région. Une mesure trop radicale aux yeux des experts qui rappellent qu'aucun organisme de santé n'a préconisé cette solution. De nombreux spécialistes expliquent que cette épidémie est transfrontalière et que la réponse doit donc être coordonnée. Ils rappellent aussi que dans ces zones rurales et forestières, la notion de frontière est toute théorique et qu'il peut être facile de trouver des sentiers officieux pour se rendre d'un pays à l'autre ; des personnes contaminées peuvent alors échapper à la vigilance des autorités sanitaires. Beaucoup prônent donc un meilleur contrôle aux points de passage officiels. De plus, avec l'interruption des échanges et des investissements, les conséquences économiques de cet isolement risquent d'affecter profondément une zone déjà très fragile.
Fermer les frontières, pas si efficace...
En off, on reconnaît que fermer ses frontières peut ne pas être efficace, mais on souligne que la mesure a le mérite d'interpeller : beaucoup d'experts et de politiques s'agacent du manque de réaction dans les pays contaminés. Une inertie due aussi au manque de moyens. Ils sont nombreux à déplorer la lenteur avec laquelle l'argent des bailleurs internationaux arrive sur le terrain. La Banque africaine de développement vient de décaisser 60 millions de dollars sur plus de 200 millions promis.
Carlos Brito, directeur du département de lutte contre les maladies et les épidémies au sein de l'organisation ouest-africaine de la santé demande un assouplissement des mesures de fermeture des frontières au sein de la Cédéao : « Cette notion de frontières entre nos pays est une notion très théorique pour les gens, rappelle-t-il. (…) En fermant ces portes d’entrée, on pousse les gens à aller vers d’autres portes plus difficiles à contrôler. Dans certaines régions, on peut avoir des difficultés à fournir des biens essentiels comme de la nourriture. Si vous ne permettez pas que cette population soit ravitaillée en biens essentiels, au-delà des conséquences économiques, cela pourra avoir des conséquences humanitaires ».
Des couloirs humanitaires ?
Le Conseil national de sécurité ivoirien s'est réuni hier et a proposé de réfléchir à l'ouverture de couloirs humanitaires, sanitaires et économiques sécurisés avec ses voisins contaminés, en respectant les mesures préconisées par l'OMS. Il va falloir en tout cas agir rapidement dans le domaine alimentaire : une crise se dessine au Liberia où les récoltes de riz semblent bien maigres.