En Guinée, panique dans les hôpitaux
Dans les hôpitaux de Conakry, c’est la peur qui se lit sur tous les visages. Le personnel médical a payé un lourd tribut depuis l’apparition de la fièvre Ebola en mars, dans le sud du pays.
« On n’a pas de sécurité au travail ! En Guinée, ça n’existe pas, s’emporte une infirmière. Notre problème ici, c’est notre santé à nous, avant celle de la population, parce que si en tant que guérisseur, tu n’es pas toi-même protégé, il y aura forcément des problèmes ».
Au moins 25 membres du personnel médical ont perdu la vie en tentant de sauver des malades. Mais, fidèles à leur serment, les soignants continuent de faire face à leurs responsabilités : « Nos enfants, nos maris ont peur pour nous, explique une autre infirmière.Nous, nous sommes comme des soldats sur le terrain de combat : on ne peut plus reculer. Quand tu es devant un malade, tu ne peux pas le fuir. On a choisi ce métier et c’est pour ça qu’on est là. Sinon, l’hôpital n’a plus qu’à fermer ».
En quelques mois, cette maladie qui n’était pas connue des médecins guinéens est devenue un problème de santé publique dans le pays.
Liberia : des mises en quarantaine contestées
Au Liberia, l’état d’urgence en place depuis le 7 août n’est pas vu d’un bon œil par certains défenseurs des droits de l’homme pour qui certaines mesures constituent des entraves aux libertés fondamentales. Notamment, la mise en quarantaine de certaines provinces comme c’est le cas pour Lofa, dans le nord du pays.
Pour Roosevelt Woods qui préside la Fondation de la dignité internationale (FIND), par exemple, ce sont les libertés humaines qui sont désormais menacées :
« Quand on vous suspecte d’avoir été infecté par le virus Ebola, vous êtes traités comme un criminel. Si vous traversez le pays, vous verrez que le gouvernement a installé de nombreux checkpoints avec des soldats armés qui recherchent toutes les personnes suspectées d’avoir le virus. On considère que c’est une atteinte très sérieuse aux droits de l’homme. Le gouvernement a criminalisé Ebola ».
Si le ministre libérien de la Santé Walter Guenigale reconnaît la sévérité de certaines mesures, il les juge toutefois nécessaires :
« Lorsque les gens sont malades, explique-t-il, au lieu de nous le signaler, ils se déplacent de communauté en communauté et la maladie se diffuse dans les villes. On doit donc trouver des moyens pour les empêcher de répandre le virus de manière à ce qu’il ne se propage pas parmi les populations. Si certains pensent que cela entrave leurs droits humains, je dis : qu’il en soit ainsi ! Nous pourrons dès lors protéger les autres ».
De la sensibilisation en Côte d’Ivoire
En Côte d'Ivoire, pays qui partage ses frontières avec la Guinée et le Liberia, aucun cas n'a encore été détecté. Le gouvernement avait mis en place des mesures dès l'apparition des premiers cas, et dimanche soir, les vols vers et à destination des zones infectées ont été suspendus. De nombreuses personnes ont été refoulées aux frontières, comme à Toulepleu, non loin du Liberia, à moins de 100 kilomètres du foyer le plus proche de l'épidémie.
Bertin Doho est venu passer ses vacances dans le village de ses parents. Un séjour pendant lequel il doit aller saluer sa famille éloignée dans les nombreux hameaux de la zone, toute proche du Liberia. Prévoyant, il ne sort jamais sans ses paires de gants en latex : « C’est difficile de dire à quelqu’un : ne me serre pas la main ! Ça fait partie de nos coutumes. Mais, quand ils me voient avec le gant, ils se retiennent. C’est l’objectif. Les gens ont bien compris, ils ont peur eux aussi et ils prennent des précautions : cesser de manger de la viande, cesser de se saluer, de se faire des accolades quand on est en sueur… Et même quand on n’est pas en sueur. Tout le monde s’y met ».
Depuis dimanche, le gouvernement a durci les mesures de précaution, mais la sensibilisation dans cette zone a commencé depuis plusieurs mois. Eddy Pehe est le directeur de la radio de Toulepleu qui émet dans 67 villages en langue locale. Pour que les habitants prennent conscience du danger, il choisit de leur parler en termes très concrets :
« On ne leur dit pas de ne pas chasser la viande dans la brousse parce que c’est une viande de brousse, on dit qu’une antilope en Guinée peut traverser la frontière et se retrouver en Côte d’Ivoire. Et on n’a aucun moyen de savoir quelle antilope vient du Liberia et quelle antilope a grandi en Côte d’Ivoire. Donc en leur mettant ça dans la tête, ils prennent conscience du danger ».
Source : Rfi.fr
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