Le ministre de la Communication camerounais, Issa Tchiroma Bakary, était face à la presse ce mardi pour défendre les décrets de commutations et de remises de peine signés par le président Paul Biya mercredi dernier, et qui ont conduit aux libérations spectaculaires de MM. Edzoa et Atangana, lundi soir. Dans l'explication de texte de Issa Tchiroma, premier point d’honneur : le Cameroun, pays souverain, ne peut faire l'objet d'aucune pression.
Le sort de Thierry Michel Atangana, qui a la nationalité française, avait particulièrement mobilisé, ces derniers mois, les autorités françaises. Mais le ministre camerounais pèse chaque mot : « Le droit international proscrit l'ingérence de qui que ce soit dans les affaires judiciaires d'un Etat quelconque, rappelle-t-il. Aucun Eta
Seule justification valable aux yeux du porte-parole du gouvernement camerounais, la magnanimité du président de la République Paul Biya. « Le président, en toute souveraineté, au nom de son peuple, mu par l'humanisme et la générosité, a posé cet acte, assure Issa Tchiroma. C'est simplement la seule lecture qu'il faut avoir. » Et le ministre de conclure, à l'adresse des avocats de Michel Thierry Atangana principalement : « Maintenant, vous avez des avocats qui se répandent, qui bombent le torse (...) Qu'ils fassent preuve de triomphe modeste. »
Certes, après sa libération, Titus Edzoa est dans une posture d'apaisement. Sa volonté n'est pas d'attaquer l'Etat camerounais mais au contraire de pardonner. « On ne fait pas 17 années de cellule pour faire la guerre, explique-t-il, même avec ceux qui m'ont fait souffrir. » Mais lui et Michel Thierry Atangana avaient toujours clamé leur innocence des accusations de corruption. Et depuis 2009, les avocats camerounais de Thierry Michel Atangana ont entamé des négociations avec les autorités, pour obtenir la libération de leur client voire des compensations financières.
Or, ces discussions sont toujours en cours, et si à Yaoundé, les défenseurs du Français cherchent eux aussi à calmer la situation, à Paris en revanche, Me Tricaud ne voit d'autre issue que d'attaquer les autorités camerounaises pour que M. Atangana obtienne désormais des compensations financières : « Il va falloir que, comme l'a demandé le groupe de travail de l'ONU, des sanctions soient prononcées contre les auteurs de cette très longue détention arbitraire. Il va aussi falloir que l'indemnisation de cette victime soit envisagée », assure-t-il.
Quelle est la meilleure stratégie ? La question n'est apparemment pas tranchée. Et trois membres de l'équipe d'avocats camerounais de Thierry Michel Atangana doivent donc arriver ce mercredi à Paris, pour s'entretenir avec leurs collègues français et accorder les positions, voir si une procédure commune est envisageable.
Une autre question reste en suspens : y aura-t-il d'autres libérations ? C'est dans le cadre de la célébration du cinquantenaire de la réunification camerounaise que le président Biya a accordé la grâce présidentielle à certains détenus, qui avaient écopé de peines de 15 à 20 ans de prison. Outre Michel Thierry Atangana et Titus Edzoa, d'autres personnalités politiques remplissent les critères et espèrent que la justice camerounaise portera un regard différent sur leur cas.
Parmi elles : Mounchipou Seidou. Dans ce qu'on a qualifié de « Mounchipou Gate », la justice avait condamné l'ancien ministre des Postes et des Télécommunications, ainsi que ses collaborateurs, à des peines allant jusqu'à 20 ans de prison. Il y a aussi Pierre Désiré Engo, l'ancien directeur général de la Caisse nationale de prévoyance sociale. Condamné à 15 ans de prison, il avait fait appel de la décision. S'il réussit à annuler sa décision d'appel, il devrait immédiatement recouvrer la liberté.
Un seul détenu a clairement dit sa gratitude au chef de l’Etat ces derniers temps, bien qu’il ait encore 12 ans à passer derrière les barreaux. il s'agit d'Emmanuel Gérard Ondo Ndong, ancien directeur général du Fonds spécial d'équipement et d'intervention intercommunal, condamné par la Cour suprême à 30 ans de prison. Le décret présidentiel réduit sa peine de 10 ans, comme celle de Gilles Roger Belinga, ancien directeur de la Société immobilière du Cameroun.
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Mais il y a aussi le cas de Marafa Hamidou Yaya, condamné à 25 ans de prison. L'ancien ministre de l'Administration territoriale et de la Décentralisation voit sa peine réduite de moitié, tout comme Polycarpe Abah Abah, l'ex-ministre des Finances, condamné quant à lui pour tentative d'évasion. Enfin, Me Caroline Wasserman « croise les doigts ». Elle défend Lydienne Yen Eyoum, détenue en préventive à Yaoundé depuis le 11 janvier 2010. Cette dernière, qui est Franco-Camerounaise, est accusée d’avoir indûment perçu, entre 2004 et 2008, la somme d'un milliard de francs CFA dans le cadre d'une opération de recouvrement de 3,6 milliards de francs au profit de l'Etat du Cameroun.
Source : Rfi.fr
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