Élections au Rwanda: Paul Kagame confiant lors de son dernier meeting avant la présidentielle

Au Rwanda, la campagne pour la présidentielle et les législatives - qui se tiendront lundi 15 juillet - touche à sa fin. Le président Paul Kagame, au pouvoir depuis près d'un quart de siècle, est candidat pour un quatrième mandat de cinq ans. Comme les principales figures de l'opposition n'ont pas pu se présenter, seuls deux candidats lui font face. Après son meeting, le chef de l'État a tenu une conférence de presse à Kigali où il a notamment commenté le dernier rapport des experts de l'ONU sur la RDC qui accuse l'armée rwandaise de combattre aux côtés du groupe rebelle M23.



Le ton était avec la confiance avec la certitude partagée par tous de l'emporter lors de la présidentielle du lundi 15 juillet 2024 et présenté comme une simple formalité par le président lui-même.
 
Ce dernier grand rassemblement politique du Front Patriotique Rwandais (FPR) a eu lieu, ce samedi 13 juillet, à Kigali et des dizaines de milliers de personnes sont venues acclamer le chef de l'État. C’est une marée humaine qui est venue ainsi acclamer Paul Kagame… drapeaux rouge-blanc-bleu à la main et casquettes floquées des initiales PK vissées sur la tête. Ce rassemblement avait des airs de tour de force, une manière de rappeler l'hégémonie du FPR et de son chef Paul Kagame.
 
Certains sont arrivés en bus, en pleine nuit, comme Justine : « Je suis partie de Masaka à 22h00 et je n'ai pas du tout dormi jusqu'à présent ! Lundi, nous nous lèverons tôt aussi pour aller voter et confirmer une fois encore notre soutien à Paul Kagame, comme nous le faisons déjà aujourd'hui. »
 
Des partisans du Front patriotique rwandais (FPR) brandissent des drapeaux de parti tout en dansant sur des chants de soutien au président sortant du Rwanda et candidat à la présidentielle Paul Kagame lors d'un meeting à Kigali, le 13 juillet 2024, avant les élections générales rwandaises de 2024.
Des partisans du Front patriotique rwandais (FPR) brandissent des drapeaux de parti tout en dansant sur des chants de soutien au président sortant du Rwanda et candidat à la présidentielle Paul Kagame lors d'un meeting à Kigali, le 13 juillet 2024, avant les élections générales rwandaises de 2024. AFP - LUIS TATO
Pour les soutiens du président, ce rassemblement comme l'élection du 15 juillet sont avant tout une manière de plébisciter son action et celle du FPR.
 
Jean-Claude est un autre grand admirateur de Paul Kagame : « Je le considère comme un héros, pour plusieurs raisons. Dans notre famille, seuls deux enfants étaient parvenus à aller à l'école avant qu'il arrive au pouvoir, alors qu'aujourd'hui, nous avons des fonds pour étudier. Autrefois, il n'y avait pas non plus d'électricité dans les campagnes, alors qu'aujourd'hui c'est le cas. Il a aussi apporté l'unité et la réconciliation aux Rwandais. »
 
À la tribune, Paul Kagame a lui-même présenté le scrutin de lundi comme une simple formalité : « Les élections qui vont arriver après-demain, je les considère comme déjà conclues. C'est pourquoi je veux me concentrer sur la suite, c'est pourquoi je veux me concentrer sur le renforcement de notre sécurité, c'est pourquoi je veux plutôt parler de nos efforts pour poursuivre la croissance économique, c'est pourquoi je parle de bonne gouvernance, basée sur la liberté de choisir, et de démocratie. »
 
Le Rwanda, c'est Kagame. C'est à lui que nous devons notre développement, c'est lui qui a construit nos écoles, nos hôpitaux...
 
 
En comparaison, le dernier meeting de Franck Abinesa et de son parti Vert démocratique était bien vide ce samedi après-midi, même si une centaine de curieux avait fait le déplacement pour écouter le député de l'opposition en campagne dans un autre quartier de la capitale rwandaise.
 
Dans son discours, le président Kagame n'a pas hésité à fustiger les critiques qui accusent son régime de réprimer les voix dissidentes et d'empêcher systématiquement les candidats d'opposition les plus sérieux de participer aux élections. « Il y en a beaucoup qui ne comprennent pas la politique rwandaise », a déclaré Paul Kagame. Lors de la dernière élection présidentielle, en 2017, Paul Kagame avait été réélu à la tête du Rwanda avec plus de 98% des suffrages.
 
« Pourquoi, si c’est vrai, le Rwanda a-t-il des forces à l’est de la RDC ? »
Après son meeting, Paul Kagame a tenu une conférence de presse et s’est prononcé sur le dernier rapport des experts de l'ONU sur la RDC qui accuse l'armée rwandaise de combattre aux côtés du groupe rebelle M23, avec entre 3 000 et 4 000 troupes sur le territoire congolais. Des accusations que rejette le chef de l’État rwandais
 
« Le narratif qui a été créé est de dire que le Rwanda est impliqué au Congo. Même les experts – je ne sais pas quelle est leur expertise - écrivent sur les forces rwandaises à l’est de la RDC, alors qu’ils sont très silencieux sur le lien entre le gouvernement du Congo et les FDLR [Forces démocratiques de libération du Rwanda, NDLR]. C’est ce gouvernement qui les crée, les arme et les aide à devenir une plus grande force. Ils ne disent rien là-dessus. Voilà jusqu'où va leur expertise. L’enjeu ne peut pas être que le Rwanda a des forces à l’est de la RDC, non. L’enjeu doit être de se demander, pourquoi ? Si c’est vrai, pourquoi ? C’est sur cela que les personnes intelligentes devraient s’interroger. »


RFI

Dimanche 14 Juillet 2024 10:12


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