Éléphants, lions, guépards... D'où viennent les animaux de la CAN?

Des Lions de l'Atlas aux Éléphants de Côte d'Ivoire, en passant par les Aigles du Mali et les Guépards du Bénin, pourquoi la majorité des sélections nationales de foot en Afrique ont-elles pour emblème des animaux ?



La logique a été respectée en ouverture de la Coupe d’Afrique des Nations de football : les Éléphants de Côte d’Ivoire ont battu 2 à 0 les Lycaons de Guinée-Bissau. Le lycaon, ce chien qui ressemble à une hyène, qui chasse en meute, ou en équipe, qui a d’ailleurs totalement disparu de la Guinée-Bissau (il n’en reste que quelques milliers dans toute l’Afrique), ne pouvait, sur le papier, ou la balance, faire le poids face à l’animal terrestre le plus lourd de la planète, l’éléphant.
 
Six équipes de foot africaines sur dix ont pour emblème un animal, parce que l'Afrique abrite quelques-unes des espèces les plus charismatiques, à commencer par le lion. Trois pays se sont choisis comme emblème le roi des animaux, dans l'espoir d'être les dieux du stade : le Cameroun, et les Lions indomptables, le Maroc et les lions de l'Atlas, une sous-espèce disparue à l'état naturel, et le Sénégal, avec les Lions de la Teranga. « Par sa crinière, le lion impose la respectabilité. Il vous fait peur, souligne le journaliste Rémy N’Gono, consultant à Radio Foot Internationale. Quand les Sénégalais entrent dans un stade, ils agissent comme des lions : ils se jettent sur la proie. Ils ont faim. Ils ont envie de te dévorer ! »
 
Des animaux puissants
Les félins, superprédateurs, se taillent d’ailleurs la part du lion. « L’animal représente souvent la puissance dans les totems. Prenez le léopard du Zaïre de Mobutu Sese Seko. Il avait décidé que ce serait et son emblème et l’emblème de l’équipe nationale », rappelle Rémy N’Gono. « Dans le choix d’un emblème, précise le sociologue du sport Patrick Mignon, il y a quelque chose qui relève de ce qu’on va penser être un consensus sur une représentation de soi ; quel est, effectivement, l’animal sur lequel on va pouvoir trouver un accord qui satisfera tout le monde. À partir de là, c’est aussi une image qu’on renvoie à l’adversaire. »
 
La force tranquille des Zébus de Madagascar, le mordant des Scorpions de Gambie, ou la puissance des Étalons, l’animal symbole du Burkina Faso… On choisit un emblème, lié à son pays, pour ses qualités physiques. « En Afrique, il y a des animaux qui sont beaucoup respectés, mais qu’aucune équipe ne peut prendre comme nom ou comme sobriquet. Par exemple : la tortue. Tout le monde te dira en Afrique que c’est l’animal le plus intelligent. Mais le football représente un combat, donc à partir de cet instant, on cherche celui qui peut avoir la force de pouvoir gagner, pas par la ruse, mais par la détermination, l’endurance, le côté physique », explique Rémy N’Gono.
 
La loi de la jungle sur la pelouse
Trois pays ont choisi l'aigle : la Tunisie, le Nigeria et le Mali. Mais que dire alors des Hirondelles du Burundi ? L’an dernier, le Bénin a officiellement changé de nom. Les Écureuils sont devenus les Guépards. Ce qui fait sourire Rémy N’Gono : « Dans la forêt, où les fauves sont là, l’écureuil est sur des branches en train de chercher des noix de palmistes. Mais qu’est-ce que l’écureuil peut gagner ? Du coup, [les Béninois] se sont dit : nous allons devenir des guépards. Mais vous le savez très bien : l’âne a beau changer de nom, il restera toujours un âne ! ». Malgré son nouveau surnom, le Bénin ne s'est pas qualifié pour cette Coupe d'Afrique des nations. À l'avant-dernière CAN, en 2019, les Lions de la Teranga se faisaient battre en finale par les Fennecs, les renards rusés du désert algérien. La loi de la jungle n'est pas toujours respectée.

RFI

Dimanche 14 Janvier 2024 12:00


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