Dans le bidonville de Wonderkop, à quelques centaines de mètres des mines de Marikana, tout tourne au ralenti. Le bidonville s’est vidé, car de nombreuses familles de mineurs sont parties. La moitié des petits commerces est fermée.
Matifo, la trentaine, élève seule ses deux enfants. Elle a une petite boutique de coiffure, mais pas un seul client depuis le matin : « Il n’y a plus de client, on est assis là toute la journée, je ne gagne même pas deux euros par jour. Ils viennent et vous disent qu’ils payeront après la grève, mais personne ne sait quand cette grève se terminera. Moi, je vais laver du linge chez des gens, ça me permet de gagner un euro. Mais c’est dur ».
A quelques mètres de là, des mineurs jouent aux cartes. Lezokulati est en grève depuis janvier. Il a envoyé sa famille chez sa mère, car il n’arrivait plus à les nourrir.
Lui-même est très maigre, et pudiquement avoue qu’il ne mange pas tous les jours. « Depuis janvier, je n’ai pas envoyé d’argent à ma famille parce que je n’ai rien. Ils sont chez ma mère qui les nourrit. Quant à moi, quand ils ont de l’argent, ils m’en envoient un peu pour que je puisse manger », raconte-t-il.
Mobilisation pour les mineurs
La situation est tellement critique, que depuis quelques semaines, des organisations caritatives viennent distribuer de la nourriture dans les bidonvilles autour des mines. A Wonderkop, une soupe populaire a été ouverte par la femme d’un pasteur dans le jardin de leur maison.
Evelyne Mmekwa raconte qu’elle a décidé d’aider les familles de mineurs après avoir vu une femme s’effondrer de faim dans la rue : « Il y a environ quatre semaines, j’ai vu une femme tomber par terre dans la rue, je suis allée la voir pour lui demander ce qu’il n’allait pas. Et elle m’a dit qu’elle n’avait pas mangé depuis trois jours. Alors, je lui ai dit de venir chez moi et je lui ai donné du porridge. Ensuite, j’ai demandé à mon mari s’il pouvait me donner un peu d’argent pour aider ces gens et c’est comme ça qu’on a commencé ce projet ».
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Pour Evelyne, la situation à Marikana n’a jamais été aussi critique qu’en ce moment. Environ 100 personnes viennent ici tous les jours. Matsapo est femme de mineur. Elle est là avec ses trois enfants et même si la situation est très dure, elle dit qu’elle soutiendra cette grève jusqu’au bout.
« Les enfants vont à l’école sans manger, parce que nous n’avons rien, rien ! Nous ne mangeons qu’une fois par jour, un peu de porridge et du lait, c’est tout. Si cette grève doit continuer, nous la soutiendrons, parce que les salaires des compagnies minières ne sont pas suffisants pour envoyer les enfants à l’école et pour leur acheter des vêtements », nous explique-t-elle.
A Wonderkop, les habitants sont à bout de souffle et ils espèrent que cette grève va rapidement se terminer avant de mettre totalement l’industrie à genou.
Source : Rfi.fr