Un mélange d'enthousiasme et de recueillement. C’est l’atmosphère qui règne dans le grand stade de Daejon, a constaté l’envoyé spécial de RFI, Antoine-Marie Izoard. Accueilli par des cris, le pape François a célébré la messe ce vendredi matin dans la cinquième ville du pays, un peu plus de 100 kilomètres au sud de Séoul.
Mais l’accueil digne d’une rock-star dans ce stade de la Coupe du monde de 2002 a très vite laissé la place à une atmosphère particulièrement recueillie pour la messe solennelle de l’Assomption, célébrée en latin et en coréen. Une messe au cours de laquelle le pape François a souhaité que les catholiques coréens soient une force de « renouveau spirituel » dans la société. Il leur a demandé de s’opposer aux « modèles économiques inhumains » qui créent « de nouvelles formes de pauvreté ».
Pour cette première visite papale depuis 25 ans dans un pays qui connaît un nombre important d’avortements, mais aussi un taux de suicide tristement record, le pape a aussi demandé aux fidèles de rejeter la « culture de la mort ». Dans son homélie, le pape François a également mis en avant l’espérance du message chrétien face au désespoir croissant, véritable « cancer » d’une société où la compétition est reine.Soutien aux familles des victimes du Sewol
Avant la messe, le pape s’était entretenu en privé avec des proches et des familles des victimes du naufrage du Sewol, qui a fait 300 victimes, en majorité des lycéens, en avril dernier. Une rencontre qui marque le soutien de l’Eglise catholique coréenne au combat des familles pour obtenir du gouvernement une enquête indépendante. Sur la place de Gwanghwamun, en plein centre de Séoul, des dizaines de prêtres et de religieuses prient vendredi en signe de soutien aux familles des victimes du ferry Sewol, qui occupent la place depuis plusieurs semaines, rapporte le correspondant de RFI à Séoul, Frédéric Ojardias. Elles ont entamé une grève de la faim et accusent le gouvernement de dissimuler ses erreurs commises lors du drame.
« Je suis la maman de Kim Dong-yeop, qui a disparu dans le naufrage. Mon fils était en première au lycée », se présente Kim Seong-sil, la représentante des parents des élèves morts lors du naufrage. « Après le drame, nous pensions que le gouvernement allait faire toute la lumière sur l’accident… mais il ne l’a pas fait », regrette-t-elle. Pour cette mère, « le pape François dit qu’il est du côté des humbles et des exclus : puisque la mort de nos enfants est traitée avec moins de respect que celle d’animaux, nous voulons que le pape nous aide à défendre notre cause, et qu’il apaise notre deuil. »
La question est politiquement très sensible en Corée du Sud, et le pape s’est abstenu d’apostropher publiquement le gouvernement sur le sujet. Les familles, elles, continueront d’occuper la place malgré la messe monumentale qui s’y déroulera samedi.
Source : Rfi.fr