Cette étude britannique a été menée dans trois villes – Biysk, Tomsk et Barnaoul – situées schématiquement au centre de la Russie. Entre 1999 et 2008, les chercheurs ont interrogé plus de 150 000 personnes, des hommes et des femmes ayant entre 35 et 74 ans.
Elles ont été interrogées sur leurs habitudes de consommation. L’étude a apporté une première conclusion : les hommes fumeurs boivent davantage que les autres. C’est donc sur ce groupe que les spécialistes se sont penchés.
Les résultats portent donc sur un panel de 57 000 fumeurs ne présentant aucune maladie au début de l’expérience. Au sein de cette population, le risque de mourir augmente considérablement selon le volume de vodka consommé. Par exemple, les sujets buvant trois demi-litres de vodka chaque semaine sont bien plus exposés au risque de mortalité, puisqu’un tiers d’entre eux décède dans les vingt ans. Et au-delà de 55 ans, le risque dépasse les 60 %.
Les raisons de ces décès
Cet excès de mortalité s’explique par la contraction de maladies favorisées par la consommation d’alcool. L’étude a relevé des cas de cancers du foie et de la gorge, des maladies du pancréas, des cas de pneumonie et de tuberculose. Sans oublier que la consommation excessive d’alcool a des effets bien connus : accidents, violences et même suicides.
Ce n’est pas, bien sûr, un problème spécifique à la Russie. La différence, c’est qu’en Russie, ce phénomène a des conséquences très lourdes sur le taux de mortalité. Selon des chiffres officiels russes, l’alcoolisme tuerait environ 500 000 personnes chaque année. Cela a évidemment des conséquences sur l’espérance de vie : seulement 63 ans pour un homme, selon un rapport de l’OMS paru en 2011.
Les moyens mis en œuvre pour lutter contre l’alcoolisme
Les restrictions sur l’alcool ne datent pas hier. Elles remontent à la présidence de Mikhaïl Gorbatchev, en 1985. Elles avaient entraîné une diminution de la consommation et de la mortalité. Mais l’effondrement de l’URSS a eu ensuite un effet désastreux sur la consommation, qui est repartie à la hausse.
En 2006, une nouvelle législation a été adoptée. L’étude lui reconnaît des effets tout à fait positifs. Aujourd’hui, les Russes boivent moins et la mortalité a diminué. Pourquoi ? Le prix de la vodka a augmenté et la publicité a été interdite. Il y a quelques jours, un parti politique proposait même d’interdire la propagande de la consommation d’alcool. Mais aussi de ne plus présenter la vodka comme un symbole de la culture russe.
Source : Rfi.fr