Plus nous nous rapprochons de l’élection présidentielle de 2012, plus nous nous rendons compte, de façon amère, que l’opposition manque de stratégies convaincantes pour venir à bout du régime de WADE. Le temps presse et Benno Siggil Sénégal prêche la patience et prend tout son temps pour discuter de la pluie et du beau temps. Nous avions participé, bien avant les élections locales de 2009, juste au lendemain de la marche historique des imams de Guédiawaye, à une rencontre à laquelle un leader de l’opposition nous avait convié. C’était à l’Ecole Nationale de Développement Sanitaire.
Ce jour, en prenant la parole, nous avions dit que c’est à cause de la léthargie inquiétante de l’opposition que les imams ont pris leur responsabilité sur la question lancinante de l’électricité qui est un véritable casse-tête chinois pour les populations de leur localité. Nous avions souligné aux partis présents que, certes, ils voulaient s’unir pour les élections locales, ce qui était très bien ; cependant, il fallait que cette unité, une fois scellée, puisse continuer jusqu’à l’élection présidentielle de 2012 car le mal du Sénégal, ce n’étaient pas en réalité nos maires, nos présidents de conseils ruraux et régionaux de l’époque.
Certains d’entre eux faisaient partie du mal. C’est indéniable. Mais la racine du problème de ce pays c’est WADE et sa gestion monarchique du pouvoir. Et tant qu’il sera à la tête du pays, remporter des élections locales n’aura aucun sens car il peut dissoudre, selon son humeur et ses calculs politiciens, des conseils municipaux, ruraux ou régionaux, sans état d’âme et mettre à la place des délégations spéciales ou conditionner le rythme de travail des collectivités locales à sa guise puisse que le trésor public dépend de son ministère des finances. La preuve est là; aujourd’hui, certains maires et présidents de conseils régionaux ou ruraux de l’opposition ont mis de l’eau dans leur vin afin de ne pas avoir de blocages financiers dans le cadre de l’exécution de leur budget. Leurs discours ont changé remarquablement.
Depuis les élections de 2009, l’opposition tarde à régler un problème fondamental : celle de la stratégie à mettre en place pour nous débarrasser de WADE. Elle oublie certainement que nous sommes à dix huit mois de la date fixée pour la présidentielle. Il nous semble que l’unité de l’opposition n’est que de façade. Le dire n’est pas servir WADE, c’est être rationnel. Aujourd’hui, les états-majors politiques de l’opposition peinent à nous dire réellement ce qu’ils veulent. Pire, ils commencent à se tirer dessus, les uns les autres. Chaque parti, selon ses calculs politiciens du moment, affute ses armes contre son voisin de façon sournoise tout en criant haut et fort sa volonté d’aller aux élections dans l’unité.
Et le peuple, dépité, agacé par autant de mesquinerie qu’on maquille sous le seau du realpolitik, observe ce cinéma en réservant sa réponse comme il l’avait fait en 2007. C’est le même scénario qui est en train de se répéter. En 2007, les partis d’opposition se réunissaient, palabraient de long en large sur la situation du pays, sur les dérives du régime de WADE que le monde entier sait déjà… sur le danger à laisser WADE aux commandes de notre pays. Ils s’adonnaient à cette gymnastique politicienne en formulant des vœux pieux d’agir ensemble pour le débarquer. Et au sortir de telles palabres, ils publiaient des communiqués dans la presse. Cependant, au bout du compte, les partis sont partis à l’élection présidentielle en ordre dispersé et ont été battus par leur adversaire au premier tour. La suite, nous le savons tous ; rien ne s’est passé. Après des « cris au voleur », WADE a continué sa bamboula au palais.
D’ailleurs, le lendemain, nous avions publié un article dans la presse pour dire aux uns et aux autres de respecter le verdict des urnes. L’opposition avait poussé le peuple à douter de sa sincérité, elle avait récolté les pots cassés et la vie continua son petit bout de chemin. Nous avions dit à l’époque, dans une radio étrangère, qui voulait savoir notre commentaire sur ce qui venait de se passer, qu’en réalité, le coup qui terrasse l’adversaire, on le prépare bien avant le jour du combat. Nous disions que l’erreur de l’opposition était de croire que, pour faire partir WADE, le mécontentement populaire, l’énumération des bêtises du régime, le travail d’éclairage sur la gestion patrimoniale de WADE mené de façon extraordinaire par Abdou Latif COULIBALY, Mody NIANG, Abdou Aziz DIOP, Souleymane Jules DIOP, Madiembal DIAGNE, Tamsir Jupiter NDIAYE, Jacques Habib SY et les autres, pouvaient leur épargner l’effort d’être unis autour d’un candidat consensuel pour battre la mouvance présidentielle. Chacun se croyait être le messie envoyé par le bon Dieu pour débarrasser le Sénégal de sa plaie béante : le régime de l’Alternance. Ils se calculaient entre leaders en oubliant un point fondamental : la réaction des populations que seule leur unité sincère pouvait rassurer.
L’autre disait que le comble de l’optimisme c’est d’entrée dans un grand restaurant et de compter sur la perle qu’on va trouver dans une huitre pour payer la note. Avec toutes ces voix discordantes au sein de l’opposition, nous risquons d’assister à un remake de 2007. Ils doivent tous éviter de se tromper d’adversaire et d’époque. Les polémiques pimentées ne les avanceront en rien. Au contraire, elles les discréditent aux yeux des populations qui finiront par dire que tous les hommes politiques de ce pays sont pareils. Ce qui est tout à fait faux. Mais une telle conclusion ferait l’affaire de WADE.
En 2009, quelqu’un l’a dit récemment, je crois que c’est Talla SYLLA, partout où la coalition Benno Siggil Sénégal est partie dans l’unité, elle a remporté les élections. Là où elle est partie en ordre dispersé, elle a été laminée. C’est une leçon que le peuple a donnée à l’opposition. Elle doit en tirer, très vite, toutes les conséquences. C’est d’ailleurs pourquoi Abdou Latif Coulibaly approuve Talla SYLLA sur sa volonté de pousser les leaders de l’opposition à quitter le dilatoire. Ce dernier veut faire signer aux leaders de l’opposition une déclaration dont l’objectif est de formaliser leur engagement à s’unir autour d’un candidat consensuel pour battre WADE.
Toutefois, ce que nous disons à Talla SYLLA, c’est de relire le propos de Jean Jacques Rousseau qui disait que pour intéresser l’enfant à ce qui t’intéresse, il faut, tout d’abord, savoir s’intéresser à ce qui l’intéresse. C’est à une approche pédagogique que nous le convions, cela ne signifie point que ses collègues sont des enfants. En tout cas, ils ne sont pas des enfants de chœur. Ousmane Tanor DIENG disait à Thiès que si la coalition Benno Siggil Sénégal existe, c’est, essentiellement, grâce à Talla SYLLA. Il a du mérite, personne n’en disconvient. Monsieur DIENG l’avait dit lors du meeting de clôture du cinquième congrès du Jëf-Jël. C’est pourquoi nous comprenons parfaitement l’engagement du leader du Jëf-Jël à trouver une issue heureuse à la question de la candidature unique de Benno Siggil Sénégal. Cependant, le débat n’est pas de savoir qui a raison et qui a tort. Chacun a sa vérité comme on dit en Peuhl. C’est la vérité du peuple qui nous intéresse. Et cette vérité se trouve dans la volonté que ce peuple a exprimée lors des élections locales de 2009 en élisant la liste de Benno partout où les partis se sont unis. Donc, la place de tous les leaders de l’opposition est dans Benno Siggil Sénégal et nul-part-ailleurs, y compris Talla SYLLA qui fut l’artisan de cette grande coalition de l’opposition.
« Qui aime bien châtie bien» Dit-on. Alors, puisque nous aimons bien l’opposition, nous n’allons pas faire dans la langue de bois face à ses atermoiements. Benno Siggil Sénégal est en train de passer à côté de l’essentiel. Et la responsabilité d’une victoire future de WADE incombera à tous les leaders de cette coalition de partis, sans exception. Quittez vos certitudes débridées, vos ambitions démesurées. Aucun parti, pris isolément, dans ce pays, ne peut remporter l’élection de 2012. Autant nous avertissions en 2007 en affirmant que le monstre chancelle mais, a plus d’un tour dans son arc ; autant nous disons aujourd’hui que WADE et son camp savent ce qu’ils veulent et ne ménageront aucun effort pour y parvenir.
Seul un mouvement national fort, réunissant les mouvements citoyens, l’écrasante majorité des partis politiques, la société civile dans son ensemble, les démocrates et patriotes de notre pays, pourrait venir à bout de cette oligarchie bien organisée malgré les apparences qu’elle laisse apparaître. Ils font du pilotage à vue dans leur façon de gérer le pays, mais, pour ce qui concerne leur projet monarchique, ils sont en train de tout planifier avec dextérité.
Nous pouvons nous tromper, c’est ce que nous souhaitons, mais ne les sous-estimons pas.
Lorsqu’on est capable de pousser le peuple à douter de la sincérité d’un citoyen comme Youssou NDOUR, lorsqu’on est en mesure de pousser un leader d’opinion comme Moubarak LÔ à être méconnaissable, avec ses sondages curieux, lorsqu’on réussit à faire douter sur la neutralité du journaliste Sidy Lamine NIASS et de son groupe de presse, entre autres… on est en mesure de réussir d’autres coups tordus. Ils sont en train de faire un travail remarquable de neutralisation subtile de certains médias et leaders d’opinion.
Nous ne voulons pas prêcher dans le désert, nous disons franchement à la coalition Benno Siggil Sénégal d’être conséquente avec elle-même ou de changer son nom pour devenir tout de suite du « Tassaro Seugueul Sénégal », ce qui n’est pas souhaitable. Cette coalition ne peut avoir qu’une seule couleur, un seul prototype de carte à mettre dans l’urne à la présidentielle. Donc elle ne peut être portée que par un seul candidat. Les autres seront leurs propres candidats et ceux de leurs partis. Ça au moins c’est clair. Nom de Dieu !
Les Assises nationales ont fait une partie très importante du chemin pour aider le peuple à trouver des solutions à ses problèmes. Et jusqu’à présent, des plateformes continuent de travailler à l’amélioration de ses résolutions. Puisque les partis d’oppositions de Benno figurent en bonne place dans ces Assises nationales, mieux, ont participé aux travaux et signé la Charte qui en est ressortie, nous trouvons indécent qu’un jeune responsable politique dont le leader a eu à les défendre farouchement, cherche à les tourner en dérision en disant qu’elles ne sont ni le Saint Coran ni la Sainte Bible… une évidence que tout le monde sait du reste. Si ce blasphème regrettable, cette sortie maladroite de ce jeune, qui ne manque pas de mérite dans sa façon de s’opposer, lui est personnelle, nous demandons à son leader de le corriger. Il a encore besoin d’expérience politique. Ce langage desserve son parti. Toutefois, si son leader partage sa raillerie qui va jusqu’à dire que les travaux des Assises nationales ne constituent ni « un programme » ni « une constitution », cela serait grave du point de vue de l’éthique et du respect que son parti, le PS, doit au peuple sénégalais, à toutes les personnes ressources et aux organisations qui ont pris part à ses consultations citoyennes nationales.
Nous devons rappeler que c’est un travail de réflexion mené pendant une année par de dignes fils de ce pays pour sauver leur peuple face aux difficultés dans lesquelles l’ont plongé des années de gabegie et de pilotage à vue, à la fois du régime actuel et du régime sortant. Par respect au peuple et à ces patriotes qui espèrent beaucoup de l’application de ces dites conclusions, ce jeune responsable politique doit moduler son langage la prochaine fois. Encore une fois, nous osons croire que son ironie n’engage pas son parti sinon, nous aurons vraiment des raisons de désespérer de
son leader qui aspire à nous diriger demain.
La sagesse affichée par des leaders tels que Moustapha NIASS et d’Amath Dansokho concernant ce débat sur les Assises nationales et sur la candidature unique de Benno est à méditer par tous. Le moment n’est pas à la polémique stérile, un esprit responsable ne polémique pas. Nous le répétons souvent. La folie-des-grandeurs est le pire ennemi d’un homme publique. C’est une maladie qui risque d’affecter certains leaders de Benno Siggil Sénégal s’ils ne font pas attention. Leurs proches collaborateurs leur font croire qu’ils sont, chacun pour ce qui le concerne, l’Homme de la situation, le plus beau, le plus gentil, le plus intelligent, le faiseur de miracle… C’est un leurre monumental. Et des sondages comme ceux réalisés par notre cher Moubarak LÔ, « sacré Moubarak LÔ », ne font que semer la zizanie au sein de l’opposition en faisant croire à un leader, déjà infatué de soi, qu’il pourrait facilement remporter l’élection présidentielle. L’illusion est toujours au bout du tunnel de l’ambition en croissance démesurée.
« Je ne crois pas au conte de fée même si cela vient de moi » Disait James WEST. L’époque du leader providentiel est révolue. Ce qu’il faut à ce pays, c’est une équipe dynamique, soudé, bien solide et sincère pour une application des conclusions des Assises nationales qui pourront être améliorées si nécessaires. C’est désolant de constater qu’en vérité l’opposition roupille.
Dépassez vite cette question de candidature de l’opposition pour secouer ce régime sur des problèmes qui intéressent les citoyens et la prochaine élection présidentielle: les cartes d’identité nationales, le fichier électoral etc. Si cette polémique continue, WADE, à qui la constitution ne donne même pas la possibilité de se présenter en 2012, d’après certains analystes politiques qui n’ont pas tout à fait torts puisqu’il est en train de finir son deuxième mandat, risque de rempiler et de permettre ainsi à son fils et sa bande de larbins de diriger ce pays par procuration. Qu’on ne nous parle pas, demain, de peuple indolent. Si l’opposition fait bloc face à WADE, le peuple la suivra. Autrement, bonjour les dégâts !
Tafsir Ndické DIEYE
Auteur de polars et de poésie dont :
Odeur de sang (polar), Silence ! On s’aime (poésie)
Editions Le Manuscrit Paris mars 2008
E-mail : ndickedieye@yahoo.fr
Ce jour, en prenant la parole, nous avions dit que c’est à cause de la léthargie inquiétante de l’opposition que les imams ont pris leur responsabilité sur la question lancinante de l’électricité qui est un véritable casse-tête chinois pour les populations de leur localité. Nous avions souligné aux partis présents que, certes, ils voulaient s’unir pour les élections locales, ce qui était très bien ; cependant, il fallait que cette unité, une fois scellée, puisse continuer jusqu’à l’élection présidentielle de 2012 car le mal du Sénégal, ce n’étaient pas en réalité nos maires, nos présidents de conseils ruraux et régionaux de l’époque.
Certains d’entre eux faisaient partie du mal. C’est indéniable. Mais la racine du problème de ce pays c’est WADE et sa gestion monarchique du pouvoir. Et tant qu’il sera à la tête du pays, remporter des élections locales n’aura aucun sens car il peut dissoudre, selon son humeur et ses calculs politiciens, des conseils municipaux, ruraux ou régionaux, sans état d’âme et mettre à la place des délégations spéciales ou conditionner le rythme de travail des collectivités locales à sa guise puisse que le trésor public dépend de son ministère des finances. La preuve est là; aujourd’hui, certains maires et présidents de conseils régionaux ou ruraux de l’opposition ont mis de l’eau dans leur vin afin de ne pas avoir de blocages financiers dans le cadre de l’exécution de leur budget. Leurs discours ont changé remarquablement.
Depuis les élections de 2009, l’opposition tarde à régler un problème fondamental : celle de la stratégie à mettre en place pour nous débarrasser de WADE. Elle oublie certainement que nous sommes à dix huit mois de la date fixée pour la présidentielle. Il nous semble que l’unité de l’opposition n’est que de façade. Le dire n’est pas servir WADE, c’est être rationnel. Aujourd’hui, les états-majors politiques de l’opposition peinent à nous dire réellement ce qu’ils veulent. Pire, ils commencent à se tirer dessus, les uns les autres. Chaque parti, selon ses calculs politiciens du moment, affute ses armes contre son voisin de façon sournoise tout en criant haut et fort sa volonté d’aller aux élections dans l’unité.
Et le peuple, dépité, agacé par autant de mesquinerie qu’on maquille sous le seau du realpolitik, observe ce cinéma en réservant sa réponse comme il l’avait fait en 2007. C’est le même scénario qui est en train de se répéter. En 2007, les partis d’opposition se réunissaient, palabraient de long en large sur la situation du pays, sur les dérives du régime de WADE que le monde entier sait déjà… sur le danger à laisser WADE aux commandes de notre pays. Ils s’adonnaient à cette gymnastique politicienne en formulant des vœux pieux d’agir ensemble pour le débarquer. Et au sortir de telles palabres, ils publiaient des communiqués dans la presse. Cependant, au bout du compte, les partis sont partis à l’élection présidentielle en ordre dispersé et ont été battus par leur adversaire au premier tour. La suite, nous le savons tous ; rien ne s’est passé. Après des « cris au voleur », WADE a continué sa bamboula au palais.
D’ailleurs, le lendemain, nous avions publié un article dans la presse pour dire aux uns et aux autres de respecter le verdict des urnes. L’opposition avait poussé le peuple à douter de sa sincérité, elle avait récolté les pots cassés et la vie continua son petit bout de chemin. Nous avions dit à l’époque, dans une radio étrangère, qui voulait savoir notre commentaire sur ce qui venait de se passer, qu’en réalité, le coup qui terrasse l’adversaire, on le prépare bien avant le jour du combat. Nous disions que l’erreur de l’opposition était de croire que, pour faire partir WADE, le mécontentement populaire, l’énumération des bêtises du régime, le travail d’éclairage sur la gestion patrimoniale de WADE mené de façon extraordinaire par Abdou Latif COULIBALY, Mody NIANG, Abdou Aziz DIOP, Souleymane Jules DIOP, Madiembal DIAGNE, Tamsir Jupiter NDIAYE, Jacques Habib SY et les autres, pouvaient leur épargner l’effort d’être unis autour d’un candidat consensuel pour battre la mouvance présidentielle. Chacun se croyait être le messie envoyé par le bon Dieu pour débarrasser le Sénégal de sa plaie béante : le régime de l’Alternance. Ils se calculaient entre leaders en oubliant un point fondamental : la réaction des populations que seule leur unité sincère pouvait rassurer.
L’autre disait que le comble de l’optimisme c’est d’entrée dans un grand restaurant et de compter sur la perle qu’on va trouver dans une huitre pour payer la note. Avec toutes ces voix discordantes au sein de l’opposition, nous risquons d’assister à un remake de 2007. Ils doivent tous éviter de se tromper d’adversaire et d’époque. Les polémiques pimentées ne les avanceront en rien. Au contraire, elles les discréditent aux yeux des populations qui finiront par dire que tous les hommes politiques de ce pays sont pareils. Ce qui est tout à fait faux. Mais une telle conclusion ferait l’affaire de WADE.
En 2009, quelqu’un l’a dit récemment, je crois que c’est Talla SYLLA, partout où la coalition Benno Siggil Sénégal est partie dans l’unité, elle a remporté les élections. Là où elle est partie en ordre dispersé, elle a été laminée. C’est une leçon que le peuple a donnée à l’opposition. Elle doit en tirer, très vite, toutes les conséquences. C’est d’ailleurs pourquoi Abdou Latif Coulibaly approuve Talla SYLLA sur sa volonté de pousser les leaders de l’opposition à quitter le dilatoire. Ce dernier veut faire signer aux leaders de l’opposition une déclaration dont l’objectif est de formaliser leur engagement à s’unir autour d’un candidat consensuel pour battre WADE.
Toutefois, ce que nous disons à Talla SYLLA, c’est de relire le propos de Jean Jacques Rousseau qui disait que pour intéresser l’enfant à ce qui t’intéresse, il faut, tout d’abord, savoir s’intéresser à ce qui l’intéresse. C’est à une approche pédagogique que nous le convions, cela ne signifie point que ses collègues sont des enfants. En tout cas, ils ne sont pas des enfants de chœur. Ousmane Tanor DIENG disait à Thiès que si la coalition Benno Siggil Sénégal existe, c’est, essentiellement, grâce à Talla SYLLA. Il a du mérite, personne n’en disconvient. Monsieur DIENG l’avait dit lors du meeting de clôture du cinquième congrès du Jëf-Jël. C’est pourquoi nous comprenons parfaitement l’engagement du leader du Jëf-Jël à trouver une issue heureuse à la question de la candidature unique de Benno Siggil Sénégal. Cependant, le débat n’est pas de savoir qui a raison et qui a tort. Chacun a sa vérité comme on dit en Peuhl. C’est la vérité du peuple qui nous intéresse. Et cette vérité se trouve dans la volonté que ce peuple a exprimée lors des élections locales de 2009 en élisant la liste de Benno partout où les partis se sont unis. Donc, la place de tous les leaders de l’opposition est dans Benno Siggil Sénégal et nul-part-ailleurs, y compris Talla SYLLA qui fut l’artisan de cette grande coalition de l’opposition.
« Qui aime bien châtie bien» Dit-on. Alors, puisque nous aimons bien l’opposition, nous n’allons pas faire dans la langue de bois face à ses atermoiements. Benno Siggil Sénégal est en train de passer à côté de l’essentiel. Et la responsabilité d’une victoire future de WADE incombera à tous les leaders de cette coalition de partis, sans exception. Quittez vos certitudes débridées, vos ambitions démesurées. Aucun parti, pris isolément, dans ce pays, ne peut remporter l’élection de 2012. Autant nous avertissions en 2007 en affirmant que le monstre chancelle mais, a plus d’un tour dans son arc ; autant nous disons aujourd’hui que WADE et son camp savent ce qu’ils veulent et ne ménageront aucun effort pour y parvenir.
Seul un mouvement national fort, réunissant les mouvements citoyens, l’écrasante majorité des partis politiques, la société civile dans son ensemble, les démocrates et patriotes de notre pays, pourrait venir à bout de cette oligarchie bien organisée malgré les apparences qu’elle laisse apparaître. Ils font du pilotage à vue dans leur façon de gérer le pays, mais, pour ce qui concerne leur projet monarchique, ils sont en train de tout planifier avec dextérité.
Nous pouvons nous tromper, c’est ce que nous souhaitons, mais ne les sous-estimons pas.
Lorsqu’on est capable de pousser le peuple à douter de la sincérité d’un citoyen comme Youssou NDOUR, lorsqu’on est en mesure de pousser un leader d’opinion comme Moubarak LÔ à être méconnaissable, avec ses sondages curieux, lorsqu’on réussit à faire douter sur la neutralité du journaliste Sidy Lamine NIASS et de son groupe de presse, entre autres… on est en mesure de réussir d’autres coups tordus. Ils sont en train de faire un travail remarquable de neutralisation subtile de certains médias et leaders d’opinion.
Nous ne voulons pas prêcher dans le désert, nous disons franchement à la coalition Benno Siggil Sénégal d’être conséquente avec elle-même ou de changer son nom pour devenir tout de suite du « Tassaro Seugueul Sénégal », ce qui n’est pas souhaitable. Cette coalition ne peut avoir qu’une seule couleur, un seul prototype de carte à mettre dans l’urne à la présidentielle. Donc elle ne peut être portée que par un seul candidat. Les autres seront leurs propres candidats et ceux de leurs partis. Ça au moins c’est clair. Nom de Dieu !
Les Assises nationales ont fait une partie très importante du chemin pour aider le peuple à trouver des solutions à ses problèmes. Et jusqu’à présent, des plateformes continuent de travailler à l’amélioration de ses résolutions. Puisque les partis d’oppositions de Benno figurent en bonne place dans ces Assises nationales, mieux, ont participé aux travaux et signé la Charte qui en est ressortie, nous trouvons indécent qu’un jeune responsable politique dont le leader a eu à les défendre farouchement, cherche à les tourner en dérision en disant qu’elles ne sont ni le Saint Coran ni la Sainte Bible… une évidence que tout le monde sait du reste. Si ce blasphème regrettable, cette sortie maladroite de ce jeune, qui ne manque pas de mérite dans sa façon de s’opposer, lui est personnelle, nous demandons à son leader de le corriger. Il a encore besoin d’expérience politique. Ce langage desserve son parti. Toutefois, si son leader partage sa raillerie qui va jusqu’à dire que les travaux des Assises nationales ne constituent ni « un programme » ni « une constitution », cela serait grave du point de vue de l’éthique et du respect que son parti, le PS, doit au peuple sénégalais, à toutes les personnes ressources et aux organisations qui ont pris part à ses consultations citoyennes nationales.
Nous devons rappeler que c’est un travail de réflexion mené pendant une année par de dignes fils de ce pays pour sauver leur peuple face aux difficultés dans lesquelles l’ont plongé des années de gabegie et de pilotage à vue, à la fois du régime actuel et du régime sortant. Par respect au peuple et à ces patriotes qui espèrent beaucoup de l’application de ces dites conclusions, ce jeune responsable politique doit moduler son langage la prochaine fois. Encore une fois, nous osons croire que son ironie n’engage pas son parti sinon, nous aurons vraiment des raisons de désespérer de
son leader qui aspire à nous diriger demain.
La sagesse affichée par des leaders tels que Moustapha NIASS et d’Amath Dansokho concernant ce débat sur les Assises nationales et sur la candidature unique de Benno est à méditer par tous. Le moment n’est pas à la polémique stérile, un esprit responsable ne polémique pas. Nous le répétons souvent. La folie-des-grandeurs est le pire ennemi d’un homme publique. C’est une maladie qui risque d’affecter certains leaders de Benno Siggil Sénégal s’ils ne font pas attention. Leurs proches collaborateurs leur font croire qu’ils sont, chacun pour ce qui le concerne, l’Homme de la situation, le plus beau, le plus gentil, le plus intelligent, le faiseur de miracle… C’est un leurre monumental. Et des sondages comme ceux réalisés par notre cher Moubarak LÔ, « sacré Moubarak LÔ », ne font que semer la zizanie au sein de l’opposition en faisant croire à un leader, déjà infatué de soi, qu’il pourrait facilement remporter l’élection présidentielle. L’illusion est toujours au bout du tunnel de l’ambition en croissance démesurée.
« Je ne crois pas au conte de fée même si cela vient de moi » Disait James WEST. L’époque du leader providentiel est révolue. Ce qu’il faut à ce pays, c’est une équipe dynamique, soudé, bien solide et sincère pour une application des conclusions des Assises nationales qui pourront être améliorées si nécessaires. C’est désolant de constater qu’en vérité l’opposition roupille.
Dépassez vite cette question de candidature de l’opposition pour secouer ce régime sur des problèmes qui intéressent les citoyens et la prochaine élection présidentielle: les cartes d’identité nationales, le fichier électoral etc. Si cette polémique continue, WADE, à qui la constitution ne donne même pas la possibilité de se présenter en 2012, d’après certains analystes politiques qui n’ont pas tout à fait torts puisqu’il est en train de finir son deuxième mandat, risque de rempiler et de permettre ainsi à son fils et sa bande de larbins de diriger ce pays par procuration. Qu’on ne nous parle pas, demain, de peuple indolent. Si l’opposition fait bloc face à WADE, le peuple la suivra. Autrement, bonjour les dégâts !
Tafsir Ndické DIEYE
Auteur de polars et de poésie dont :
Odeur de sang (polar), Silence ! On s’aime (poésie)
Editions Le Manuscrit Paris mars 2008
E-mail : ndickedieye@yahoo.fr