François Hollande est désormais « chef de guerre ». Sept mois après son arrivée à l’Elysée, le président qui aspirait à une présidence normale et que ses opposants aimaient à dépeindre en homme indécis, connaît aujourd’hui son baptême du feu au Mali.
Et l'on mesure combien, après beaucoup de prudence sur l’Afrique, il a dû forcer sa nature pour répondre à l’urgence alors que les groupes islamistes armés se rapprochaient dangereusement de la capitale malienne Bamako.
En engageant les troupes françaises, le président Hollande s’est pourtant bien gardé de parler de « guerre », préférant évoquer une opération anti-terroriste, sous l'égide des Nations unies et pour préserver la démocratie au Mali.
En clair, François Hollande entend légitimer cette intervention aux yeux de l’opinion publique française, mettre en avant que la France n’agit pas en tant que gendarme de l’Afrique, (comme elle a pu le faire par le passé), mais seulement parce que la communauté internationale a demandé ce soutien au Mali.
Soutien quasi-unanime pour la décision du président
C’est une belle union nationale qui prévaut. À l’exception de Jean-Luc Mélenchon, le patron du Front de gauche qui regrette que la Parlement ne soit saisi de cette intervention que lundi prochain. La classe politique française, de Marine Le Pen à François Bayrou, en passant par les frères ennemis de l’UMP Jean-François Copé et François Fillon, salue cet engagement des forces françaises au Mali.
« Il était grand temps d’agir », a même estimé Jean-François Copé. Lundi 14 janvier, avant la réunion du Parlement, le Premier ministre Jean-Marc Ayrault devrait recevoir à Matignon l’ensemble des responsables politiques français pour les informer des opérations en cours.
Une opération politique non sans risque
François Hollande qui est déjà au plus bas dans les sondages prend un vrai risque. Soit l'opération est un succès, et le chef de l’Etat pourrait jouir d'un regain de popularité, comme cela avait été le cas pour Nicolas Sarkozy en avril 2011 après l’intervention en Libye, soit l’opération s'enlise, et pire, fait des victimes. On pense notamment beaucoup à la vie des huit otages français au Sahel. L'opinion pourrait alors se retourner.
François Hollande a donc choisi de prendre le risque avec cette certitude qu’on ne négocie pas avec les terroristes, et que le risque était encore plus grand de ne rien faire, de laisser les groupes islamistes s’emparer du Mali et un jour menacer la France.
Paris demande à ses ressortissants dont la présence n'est pas indispensable au Mali de quitter le pays. Concernant les otages français, Laurent Fabius déclare que la France fera tout pour les sauver, soulignant que ce sont les mêmes groupes, qui sont à la fois les preneurs d'otage et les terroristes, qui descendent vers le sud du Mali. Actuellement, neuf otages français sont encore retenus au Sahel et en Somalie.
Source : Rfi.fr