Le substitut du procureur de la République, Aurélien Bailly-Salins, a requis en outre une amende de 50.000 euros à l'encontre de Kafa Kachour Bashir, une Franco-libanaise de 56 ans vivant plusieurs mois par an en France.
Outre les poursuites pour "soumission de personnes vulnérables à des conditions de travail ou d'hébergement incompatibles avec la dignité humaine", Mme Bashir était jugée aussi pour "travail dissimulé" et "aide au séjour irrégulier et emploi d'étrangers démunis de titre de travail", les employés ne disposant pas de contrat de travail.
Les quatre Tanzaniens, deux soeurs quadragénaires et un couple de trentenaires, embauchés en Libye, privés la plupart du temps de leurs passeports, ont décrit devant le tribunal leurs conditions de travail -- horaires, absence de congés, contrôles constants de leurs sorties par leur patronne, le tout pour des salaires quasi-inexistants -- dans la luxueuse villa de Mme Bashir, située à Prévessin-Moëns (Ain).
Ainsi, Liya Kayigili a assuré n'avoir touché que 1.500 dollars (1.200 euros environ) avant un voyage en Tanzanie, "après deux ans et cinq mois de travail".
De plus, ces employés ne mangeaient que les restes. Une expertise médicale montre une anémie de Grace Zombe, correspondant "à un statut de sevrage sévère", selon l'expert.
Mme Bashir, qui conteste l'ensemble de ces faits, était absente du tribunal, ce qui a provoqué la colère du ministère public, qui a dénoncé le "mépris" de celle qui se "sentait investie", vis-à-vis de ses employés, "d'une certaine forme de supériorité".
Lors de l'instruction, Mme Bashir avait notamment déclaré que ses employés étaient libres de se lever le matin quand ils voulaient, qu'ils avaient un contrat de travail en Libye et que les salaires étaient versés dans ce pays. En un mot, que "c'était un peu le paradis" chez elle. Toutes les affirmations sont "fausses", s'est indignée Liya Kayigili.
L'affaire avait éclaté à la suite des déclarations d'un autre employé, originaire du Niger, qui avait réussi à s'échapper, comme le feront plus tard les deux soeurs. Arrêté en 2009 en situation irrégulière, il avait alors raconté aux enquêteurs les conditions de travail à la villa.
Témoin dans cette affaire et présent au tribunal, il savait, grâce à sa prise en charge par la Cimade, "que sa plainte allait bloquer son obligation de quitter le territoire", a relevé entre autres "faits troublants" l'avocat de Mme Bashir, Me Marc Ceccaldi, qui a appelé à la "prudence" et au "doute" dans cette affaire.
Les employés pouvaient sortir, ils pouvaient appeler leurs familles, a souligné l'avocat. Et quand une des employés a été hospitalisée pour un cancer, "qui a payé son hospitalisation ?", a demandé Me Ceccaldi. "Mme Bashir", a-t-il répondu.
Sa cliente, pour moitié libanaise, proche par son mari de l'ancien pouvoir libyen, et riche, ne peut être qu'"esclavagiste", a-t-il raillé, mettant en garde contre "le climat compassionnel" autour des victimes.
Et si ces employés ne l'avaient accablée que pour rester en France et y bénéficier des avantages sociaux ? a-t-il interrogé, citant deux témoins. "On ne peut l'écarter", a-t-il plaidé.
Délibéré au 25 avril.
AFP
Outre les poursuites pour "soumission de personnes vulnérables à des conditions de travail ou d'hébergement incompatibles avec la dignité humaine", Mme Bashir était jugée aussi pour "travail dissimulé" et "aide au séjour irrégulier et emploi d'étrangers démunis de titre de travail", les employés ne disposant pas de contrat de travail.
Les quatre Tanzaniens, deux soeurs quadragénaires et un couple de trentenaires, embauchés en Libye, privés la plupart du temps de leurs passeports, ont décrit devant le tribunal leurs conditions de travail -- horaires, absence de congés, contrôles constants de leurs sorties par leur patronne, le tout pour des salaires quasi-inexistants -- dans la luxueuse villa de Mme Bashir, située à Prévessin-Moëns (Ain).
Ainsi, Liya Kayigili a assuré n'avoir touché que 1.500 dollars (1.200 euros environ) avant un voyage en Tanzanie, "après deux ans et cinq mois de travail".
De plus, ces employés ne mangeaient que les restes. Une expertise médicale montre une anémie de Grace Zombe, correspondant "à un statut de sevrage sévère", selon l'expert.
Mme Bashir, qui conteste l'ensemble de ces faits, était absente du tribunal, ce qui a provoqué la colère du ministère public, qui a dénoncé le "mépris" de celle qui se "sentait investie", vis-à-vis de ses employés, "d'une certaine forme de supériorité".
Lors de l'instruction, Mme Bashir avait notamment déclaré que ses employés étaient libres de se lever le matin quand ils voulaient, qu'ils avaient un contrat de travail en Libye et que les salaires étaient versés dans ce pays. En un mot, que "c'était un peu le paradis" chez elle. Toutes les affirmations sont "fausses", s'est indignée Liya Kayigili.
L'affaire avait éclaté à la suite des déclarations d'un autre employé, originaire du Niger, qui avait réussi à s'échapper, comme le feront plus tard les deux soeurs. Arrêté en 2009 en situation irrégulière, il avait alors raconté aux enquêteurs les conditions de travail à la villa.
Témoin dans cette affaire et présent au tribunal, il savait, grâce à sa prise en charge par la Cimade, "que sa plainte allait bloquer son obligation de quitter le territoire", a relevé entre autres "faits troublants" l'avocat de Mme Bashir, Me Marc Ceccaldi, qui a appelé à la "prudence" et au "doute" dans cette affaire.
Les employés pouvaient sortir, ils pouvaient appeler leurs familles, a souligné l'avocat. Et quand une des employés a été hospitalisée pour un cancer, "qui a payé son hospitalisation ?", a demandé Me Ceccaldi. "Mme Bashir", a-t-il répondu.
Sa cliente, pour moitié libanaise, proche par son mari de l'ancien pouvoir libyen, et riche, ne peut être qu'"esclavagiste", a-t-il raillé, mettant en garde contre "le climat compassionnel" autour des victimes.
Et si ces employés ne l'avaient accablée que pour rester en France et y bénéficier des avantages sociaux ? a-t-il interrogé, citant deux témoins. "On ne peut l'écarter", a-t-il plaidé.
Délibéré au 25 avril.
AFP
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