Est de la RDC: au Rwanda, Paul Kagame évite d'évoquer le rapport de l'ONU

Au Rwanda, le président Paul Kagame a tenu ce jeudi après-midi 9 janvier une conférence de presse où il est revenu sur la situation sécuritaire de l'est de la RDC, alors que la résurgence des violences et les nouvelles offensives du M23 depuis début janvier ont mené plusieurs chancelleries à dénoncer de nouveau une coopération entre Kigali et le groupe armé. Un soutien également pointé du doigt dans un nouveau rapport des experts des Nations unies.



Dans l’est de la RDC, des combats opposent toujours l'armée congolaise, et ses alliés, au groupe armé M23  et l’armée rwandaise. Les militaires congolais sont depuis ce lundi en pleine offensive pour reprendre le contrôle des sites occupés par le mouvement armé.
 

Dans le même temps, un nouveau rapport du groupe d'experts vient d’être publié et confirme l’extension du mouvement. Selon les experts, « la zone contrôlée par le M23 et les forces de défense rwandaise » a augmenté entre avril et début novembre, et ce, malgré le cessez-le-feu signé par les différentes parties au conflit. Le rapport des experts de l’ONU évoque en détail la chaîne de commandement entre le Rwanda  et le groupe armé M23.

 
Des conclusions qui ont fait réagir la ministre des Affaires étrangères congolaise, Thérèse Wagner. « Je pense en effet que ce n'est pas une très bonne semaine pour le Rwanda, aujourd'hui, en tout cas en termes de relations publiques. Il y a eu plusieurs condamnations venues de plusieurs partenaires, mais aussi ce rapport accablant du groupe d'experts des Nations unies, qui parle d'une présence de près de 4 000 soldats rwandais sur le territoire souverain de la République démocratique du Congo ». 

Après avoir dénoncé « une occupation territoriale », la ministre ajoute : « il s'agit aussi d'une campagne de terreur qui pousse les civils congolais et congolaises à fuir leur lieu de résidence, à libérer des parties entières de territoire et c'est aussi une campagne qui cible justement l'exploitation illégale et illicite de nos ressources naturelles. » Elle conclut son commentaire en dénonçant « une campagne qui n'a rien de noble (...) c'est une campagne d'expansion, une campagne d'occupation et une campagne de pillage ». 


  Paul Kagame décidé à défendre à « tout prix » la sécurité du Rwanda Sans répondre directement au dernier rapport des experts de l’ONU, selon lequel entre 3 000 et 4 000 soldats rwandais sont présents à l’est de la RDC  — une allégation que Kigali a toujours démentie, pour le président Paul Kagame, la question est ailleurs : « Si quiconque pense que les Rwandais sont en RDC, pourquoi le seraient-ils ? Ils devraient se poser cette question. Pourquoi ? Qu’est-ce qui est arrivé aux FDLR ? Ou qu’est-ce qui est arrivé aux raisons qui ont mené des milliers de réfugiés ici ? »
 
Le chef de l’État a de nouveau souligné son engagement à défendre « à tout prix » la sécurité de son pays, notamment face aux Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), composés à l’origine d’anciens génocidaires hutus rwandais, rapporte notre correspondante au Rwanda, Lucie Mouillaud.

Revenant sur l’annulation de sa présence au sommet de Luanda en décembre, le président dénonce le refus catégorique de la RDC d’un dialogue avec le groupe armé du M23. « Ils disent, pas question. Ce sont des terroristes, nous ne leur parlerons jamais. Ce qui veut dire qu’ils ne sont pas prêts à trouver une solution politique à un problème interne, mais qu'ils veulent continuer de mettre ce problème sur le dos du Rwanda », assure le président rwandais. 

L’effort mené pour trouver une solution doit continuer, affirme Paul Kagame, mais dans d’autres conditions, dénonçant l’importance accordée aux apparences plutôt qu’aux résultats.

Rfi

Vendredi 10 Janvier 2025 08:32


Dans la même rubrique :