Alors que le bilan officiel des combats qui ont opposés à Goma les forces congolaises au M23, en début de semaine, s'élève à près de 800 morts, « beaucoup de corps sont encore entassés [dans les rues de la ville] car la capacité des morgues est largement dépassée », a précisé, dans la soirée du samedi 1er février, le ministre congolais de la Santé, Samuel Roger Kamba Mulamba, lors d'un briefing à la presse à Kinshasa, écrit notre envoyée spéciale à Kinshasa, Alexandra Brangeon. Dans le chef-lieu de la province du Nord-Kivu pourtant, les équipes de la Croix-Rouge sont à pied d'oeuvre pour ramasser les dernières dépouilles, notamment dans et autour de l'aéroport où les affrontements ont été très violents.
« Plusieurs cadavres se trouvent encore dans les guérites qui étaient occupées par les militaires »
Alors qu'un corps vêtu d'un treillis est encore visible sur la route qui y conduit, une odeur nauséabonde accueille le visiteur une fois franchies les portes du site, à tel point que certaines personnes présentes sur place éprouvent le besoin de se boucher le nez. Un peu plus loin, les agents de la Croix-Rouge, parés de leurs équipements de protection, sont en train de déposer quatre corps dans des véhicules. Un autre reste, lui, à la vue de tous, ce qui provoque l'inquiétude de Micheline, une voisine, qui craint que les dépouilles ne finissent par provoquer des problèmes sanitaires. « Nous observons comment travaille la Croix-Rouge, explique-t-elle. Mais nous demandons aussi aux autorités de nous aider à chercher ces corps car non seulement l'odeur qu'ils dégagent nous dérange mais en plus nous allons chercher de l'eau au niveau de la police des frontières, si bien que nous avons peur de tomber malade. Il faut absolument les enlever pour sauver nos vies ! », exhorte celle-ci.
A Bujovu, le quartier qui jouxte l'aéroport, Camarade Faustin espère, lui, une forte mobilisation des équipes chargées de retirer les dépouilles dans les secteurs qui se trouvent à la frontière avec le Rwanda. « Plusieurs cadavres se trouvent encore dans les guérites qui étaient occupées par les militaires. L'odeur devient si forte que certaines personnes hésitent désormais à rentrer chez elles à cause de cela », raconte-t-il.
Selon les autorités congolaises, en quatre jours, les combats ont fait au moins 773 morts et plus de 2800 blessés à Goma, un bilan sans doute encore loin d'être définitif, d'autant plus que les populations sur place - en particulier les 550 000 personnes qui vivent dans des camps de déplacés - sont très vulnérables. « Elles dépendent en grande partie de l'aide humanitaire dont les opérations, depuis plusieurs jours, ont de grandes difficultés à être menées à cause du conflit, de la fermeture de l'espace aérien et du manque d'approvisionnement », décrypte ainsi Clémentine de Montjoye, chercheuse senior sur les Grands Lacs pour le compte de l'ONG Human Rights Watch qui appelle les forces armées rwandaises et le M23 à garantir l’accès à l’aide humanitaire et son acheminement dans la région.
Bien que 1 500 kilomètres séparent Goma de Kinshasa, cette situation suscite une inquiétude toute particulière dans la capitale congolaise où nombreux sont ceux qui ont toujours des liens étroits avec le Nord-Kivu. Installée à Kinshasa depuis une dizaine d'années, Gisèle, originaire de la région, a par exemple encore ses parents, ses frères et sœurs et ses cousins à Goma. Alors, quand lundi dernier à la mi-journée, elle a perdu tout contact avec eux, l'inquiétude est subitement montée d'un cran. « Je gardais mon téléphone à la main car je me disais que, peut-être, à un moment, ils allaient finir par m'appeler ou par m'écrire un message. Mais c'était le silence absolu. Je n'ai pas arrêté de me poser des questions : "Est-ce qu'ils n'auraient pas été victime d'une balle perdue ? Est-ce qu'une bombe ne serait pas tomber dans la parcelle où ils vivent et les a emportés tous ?" Je n'en dormais pas », confie-t-elle aujourd'hui.
« Je les appelle plusieurs fois par jour pour m'assurer que tout va bien »
Avec une vingtaine de membres de sa famille à Goma, Christina est dans le même cas. Et même si, désormais, les communications entre les deux villes ont été rétablies, la hantise d'une mauvaise nouvelle est toujours présente. « Aujourd'hui, je les appelle plusieurs fois par jour pour m'assurer que tout va bien, témoigne-t-elle. Mais Les craintes par rapport à l'avenir sont toujours là parce qu'on ne sait pas du tout comment tout cela va finir. En ce moment, nous envisageons donc d'évacuer - en particulier les petits enfants - car on ne peut plus vivre normalement à cause de la distance et parce qu'on se sent un peu coupable d'être ici où tout va bien alors que là bas ça ne va pas. » Mais en attendant, l'une comme l'autre restent pendues à leur téléphone et à l'affût de la moindre information.
« Plusieurs cadavres se trouvent encore dans les guérites qui étaient occupées par les militaires »
Alors qu'un corps vêtu d'un treillis est encore visible sur la route qui y conduit, une odeur nauséabonde accueille le visiteur une fois franchies les portes du site, à tel point que certaines personnes présentes sur place éprouvent le besoin de se boucher le nez. Un peu plus loin, les agents de la Croix-Rouge, parés de leurs équipements de protection, sont en train de déposer quatre corps dans des véhicules. Un autre reste, lui, à la vue de tous, ce qui provoque l'inquiétude de Micheline, une voisine, qui craint que les dépouilles ne finissent par provoquer des problèmes sanitaires. « Nous observons comment travaille la Croix-Rouge, explique-t-elle. Mais nous demandons aussi aux autorités de nous aider à chercher ces corps car non seulement l'odeur qu'ils dégagent nous dérange mais en plus nous allons chercher de l'eau au niveau de la police des frontières, si bien que nous avons peur de tomber malade. Il faut absolument les enlever pour sauver nos vies ! », exhorte celle-ci.
A Bujovu, le quartier qui jouxte l'aéroport, Camarade Faustin espère, lui, une forte mobilisation des équipes chargées de retirer les dépouilles dans les secteurs qui se trouvent à la frontière avec le Rwanda. « Plusieurs cadavres se trouvent encore dans les guérites qui étaient occupées par les militaires. L'odeur devient si forte que certaines personnes hésitent désormais à rentrer chez elles à cause de cela », raconte-t-il.
Selon les autorités congolaises, en quatre jours, les combats ont fait au moins 773 morts et plus de 2800 blessés à Goma, un bilan sans doute encore loin d'être définitif, d'autant plus que les populations sur place - en particulier les 550 000 personnes qui vivent dans des camps de déplacés - sont très vulnérables. « Elles dépendent en grande partie de l'aide humanitaire dont les opérations, depuis plusieurs jours, ont de grandes difficultés à être menées à cause du conflit, de la fermeture de l'espace aérien et du manque d'approvisionnement », décrypte ainsi Clémentine de Montjoye, chercheuse senior sur les Grands Lacs pour le compte de l'ONG Human Rights Watch qui appelle les forces armées rwandaises et le M23 à garantir l’accès à l’aide humanitaire et son acheminement dans la région.
Bien que 1 500 kilomètres séparent Goma de Kinshasa, cette situation suscite une inquiétude toute particulière dans la capitale congolaise où nombreux sont ceux qui ont toujours des liens étroits avec le Nord-Kivu. Installée à Kinshasa depuis une dizaine d'années, Gisèle, originaire de la région, a par exemple encore ses parents, ses frères et sœurs et ses cousins à Goma. Alors, quand lundi dernier à la mi-journée, elle a perdu tout contact avec eux, l'inquiétude est subitement montée d'un cran. « Je gardais mon téléphone à la main car je me disais que, peut-être, à un moment, ils allaient finir par m'appeler ou par m'écrire un message. Mais c'était le silence absolu. Je n'ai pas arrêté de me poser des questions : "Est-ce qu'ils n'auraient pas été victime d'une balle perdue ? Est-ce qu'une bombe ne serait pas tomber dans la parcelle où ils vivent et les a emportés tous ?" Je n'en dormais pas », confie-t-elle aujourd'hui.
« Je les appelle plusieurs fois par jour pour m'assurer que tout va bien »
Avec une vingtaine de membres de sa famille à Goma, Christina est dans le même cas. Et même si, désormais, les communications entre les deux villes ont été rétablies, la hantise d'une mauvaise nouvelle est toujours présente. « Aujourd'hui, je les appelle plusieurs fois par jour pour m'assurer que tout va bien, témoigne-t-elle. Mais Les craintes par rapport à l'avenir sont toujours là parce qu'on ne sait pas du tout comment tout cela va finir. En ce moment, nous envisageons donc d'évacuer - en particulier les petits enfants - car on ne peut plus vivre normalement à cause de la distance et parce qu'on se sent un peu coupable d'être ici où tout va bien alors que là bas ça ne va pas. » Mais en attendant, l'une comme l'autre restent pendues à leur téléphone et à l'affût de la moindre information.
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