Face aux journalistes, Macky défend les "corrompus", encense la France et force "sa" démocratie



Plus de deux heures de questions-réponses entre le chef de l'Etat et les journalistes au Palais de la République. Un "bal" de fin d'année qui a sans doute laissé la plupart des téléspectateurs sur leur faim. Tant les questions essentielles qui portent sur la politique, la géopolitique, la démocratie et le mal gouvernance ont été soit esquivées, soit subtilement décrédibilisées par le Président Macky Sall.

Quand Macky fixe les limites à "son" Ofnac
Interpellé par le journaliste Cheikh Diaby de la 2STV sur les rapports de l'Office national de lutte contre la fraude et la corruption et ceux de l'Autorité de régulation des marchés publics (Armp), qui ont épinglé le ministre Cheikh Oumar Hanne sur gestion de Direction générale du centre des oeuvres universitaires de Dakar, le chef de l'Etat a fixé des limites à Seynabou Ndiaye Diakhaté et ses hommes.
"Le cas de Cheikh Oumar Hann, quand il était au Coud, je l'ai appris par la presse. Parce que l'Ofnac transmet son rapport directement au Procureur. Ce qui signifie qu'ils sont indépendants", a-t-il déclaré d'emblée
Avant d'enchaîner:  "J'ai lu que l'Ofnac a épinglé untel parce qu'il a dépensé 80 millions pour l'accueil du Président à l'Ucad. Ce n'est pas le rôle de l'Ofnac de parler des subventions et de ces questions. Il gère les questions de corruption".
 
Il poursuit: "ce n'est pas parce que quelqu'un est cité dans un rapport qu'il est forcément coupable. Parce que, comme nous le savons tous, il y a un principe contradictoire consistant à recueillir la version de la personne incriminée" (Karim Wade doit rire sous cape, Ndlr). Le chef de l'Etat de jurer qu'il "n'y pas de discrimination dans le suivi des rapports. Avant d'inviter l'opposition à ne pas "politiser le travail des corps de contrôle". 

La démocratie selon Macky
Le Sénégal est une grande démocratie, si l'on en croit au chef de l'Etat. Quid des interdictions répétées des manifestations de la Société civile, des arrestations de manifestants et de l'emprisonnement de membres d'organisations de la société civile ? Le chef de l'Etat assure que sur 100 demandes de manifestation déposées auprès de l'autorité administrative, les 98 ont été autorisées. Seulement, ajoute-t-il, "il faut que l'on s'accorde sur les lieux où les manifestations doivent se tenir. On ne peut pas permettre à des gens de pénétrer dans le Palais pour manifester alors que la loi n'autorise pas aux préposés à la sécurité des lieux de laisser passer ça. C'est de la provocation. Il n'existe pas un pays au monde où les gens viennent manifester devant les grilles du Palais".

Faux ! Semble lui rétorquer le journaliste Babacar Fall, du Groupe futurs médias (Gfm), qui rappelle au chef de l'Etat qu'il y a bien un pays où les populations manifestent devant le Palais (Effectivement, aux Etats-Unis, plusieurs manifestations sont souvent organisées devant la Maison-Blanche, Ndlr). Avant de lui demander si dans un pays démocratique, l'activiste Guy Marius Sagna aurait passé Noel en prison (pour avoir manifesté devant les grilles du Palais). Le Président, visiblement mal à l'aise sur cette interpellation, refuse d'y revenir.

Un énième hommage à la France
Pour ceux qui s'étaient vivement indignés devant l'épisode du "dessert", cet énième hommage rendu à la France par le chef de l'Etat lors de son face-à-face avec les journalistes, ce 31 décembre 2019, n'a rien de surprenant. Pour le Président Macky Sall, le passé colonisateur de la France ne doit pas éclipser toutes les bonnes actions qu'elle fait pour ses "anciens administrés" africains. "Il faut faire très attention. Nous devons rendre hommage à la France pour son soutien, surtout au plan sécuritaire. Elle paie un lourd tribut avec la mort de ses soldats. Et si elle n'était pas intervenue au Mali, je vous assure que les choses seraient beaucoup plus catastrophiques", a-t-il déclaré.



 

AYOBA FAYE

Mercredi 1 Janvier 2020 11:38


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