Ce dimanche, les drapeaux étaient en berne à Kiev, et les chaînes de télévision ukrainiennes ont incrusté l'image d'une bougie dans le coin de l'écran : hommage aux 49 personnes tuées samedi dans l'attaque d'un avion de transport de troupes par les rebelles prorusses. Après cette attaque - la plus sanglante depuis le mois d'avril et le début de l'offensive ukrainienne dans l'Est séparatiste -, des manifestants furieux ont décroché samedi soir le drapeau de l'ambassade de Russie à Kiev et lancé un cocktail Molotov sur le bâtiment. Moscou a alors dénoncé l'inaction des forces de l'ordre, et Washington a rappelé que Kiev était signataire de la convention de Viennes et devait protéger les bâtiments diplomatiques. La France a condamné ces manifestations, et souhaité une désescalade et un cessez-le-feu.
Cet assaut de l’ambassade de Russie a été suivi par des escarmouches diplomatiques. Dans une vidéo, le ministre ukrainien des Affaires étrangères a insulté le président russe devant les manifestants, et sans prendre de gants : « Vladimir Poutine est un connard », a-t-il affirmé. Plusieurs hauts responsables russes ont alors dénoncé un scandale - le ministre a alors expliqué que son objectif était de calmer la foule. « Je ne sais pas comment il va pouvoir discuter et travailler avec nous », a réagi le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov. Selon lui, les manifestants qui se sont attaqués samedi à l’ambassade voulaient que le sang soit versé. Leur but était, selon lui, de s’emparer de l’ambassade. Moscou a également qualifié cette manifestation de « bacchanale », et a exigé que les coupables soient punis et les préjudices remboursés.
Ultimatum
Ces tensions qui ne se sont pas apaisées durant toute la journée de dimanche ont enterré tout espoir de trouver une issue à la crise gazière, et la négociation tripartite, entre l'Ukraine, le géant russe Gazprom et l'Union européenne s’est achevée dans la soirée de dimanche, sans résultat. L'ultimatum arrive bientôt à terme : ce lundi16 juin à 6h00 (TU), la Russie exige que l'Ukraine accepte un nouveau prix pour ses importations de gaz et paie une dette de plus de 1,5 milliard de dollars.
Mais le gouvernement ukrainien s’y refuse : il demande un prix de marché pour les importations en provenance de Russie, au lieu d'un prix jugé exorbitant. Il refuse de payer sa dette et accuse la Russie de l'avoir spolié de ses propriétés en Crimée, ainsi que de très riches gisements de gaz dans la mer noire. Et si le Premier ministre Arseniy Iatseniouk s'est dit prêt au compromis, il a demandé à ses ministres de se préparer à un arrêt des livraisons de gaz à partir de ce lundi. On pourrait donc être à la veille d'un conflit de plus, une nouvelle guerre du gaz.