Fin de mission de la quatrième revue: Le Fmi exige encore de la transparence

La mission du Fonds monétaire international (Fmi) dirigée par Norbert Funke qui a séjourné au Sénégal depuis le 4 novembre dernier, au titre de la quatrième revue du programme : Instrument de soutien à la politique économique (Ispe) qui lie le Sénégal et le Fonds et également au titre de la deuxième revue de l’accord dit de la Facilité de protection contre les chocs exogènes (Fce), a pris fin le 18 novembre. Comme on pouvait s’y attendre, elle a exigé des autorités sénégalaises plus de transparence dans la gestion des deniers publics, “une amélioration de la gouvernance”.



Ce n’est pas le clash et le divorce retentissant ainsi que l’on pouvait le redouter certes, mais ce n’est plus aussi le parfait amour. Le Sénégal devrait assurément redorer ses atours pour retrouver sa place dans le cœur des institutions de Bretton Woods, fortement offensées par ce qu’il est convenu d’appeler désormais le Séguragate du nom l’ancien représentant du Fonds à Dakar, Alex Ségura bénéficiaire de la mallette présidentielle. On a craint le pire avec l’arrivée sur ces entrefaits, de la mission de Norbert Funke au titre de la quatrième revue du programme Ispe, de voir le Fonds mettre un terme au programme et par conséquent à sa collaboration. Il n’en est rien pour l’heure. Le Sénégal peut encore compter sur ce partenaire qui en conditionne plusieurs autres, même si l’examen par le Conseil d’administration du Fmi de la revue du programme au titre de l’Ispe et de la Fce n’aura lieu que dans les prochaines semaines, renseigne le communiqué du Fonds à l’issue de sa revue le mercredi 18 novembre dernier.

“L’amélioration de la gouvernance et la poursuite des progrès dans la planification budgétaire, l’amélioration de l’administration des recettes et de la gestion de liquidité sont d’une importance cruciale. La mission a encouragé les autorités à continuer de renforcer la gouvernance, en particulier en publiant régulièrement l’exécution du budget et en s’assurant que les agences de contrôle et de régulation disposent des ressources financières et humaines adéquates”, sont entre autres recommandations qu’a faites la mission qui a rencontré le ministre d’État, ministre de l’Economie et des finances, Abdoulaye Diop, le ministre délégué Chargé du Budget, Abdoulaye Diop, également, leurs collègues, chargé de la Coopération internationale et des infrastructures,. Karim Wade, de l’Energie, Samuel Sarr, de l’Agriculture, Mme Fatou Gaye Sarr, le Directeur national de la BCEAO, Mme Fatimatou Zahra Diop, ainsi que d’autres hauts fonctionnaires. Elle a également rencontré des représentants du secteur privé, des syndicats, de la société civile et des partenaires au développement, informe son communiqué.

A l‘issue de la mission, M. Funke a fait la déclaration suivante aujourd’hui à Dakar : « L’économie du Sénégal est touchée par la crise financière mondiale et des chocs intérieurs. Le taux de croissance, qui se situait au niveau déjà faible de 2½ % en 2008, devrait tomber à 1¼ % en 2009. L’activité a été ralentie, les envois de fonds des travailleurs expatriés sont sous pression et les recettes fiscales sont plus faibles que prévu. Au second semestre de cette année, l’économie a en outre souffert de pénuries d’électricité et d’inondations dans des zones urbaines”. Cherchant assurément à atténuer un tel constat sombre et qui dénote d’une perspective alarmante, la mission assure : “Cependant, la reprise mondiale attendue et la poursuite de la mise en œuvre par le gouvernement sénégalais de politiques économiques appropriées devraient créer les conditions propices à une accélération de la croissance, qui serait portée à environ 3½ % en 2010. L’inflation annuelle qui a été négative au cours des derniers mois devrait graduellement revenir à environ 2 %.

Malgré un environnement économique difficile, la mise en œuvre du programme économique et financier du gouvernement a été globalement satisfaisante. Tous les critères d’évaluation quantitatifs ont été respectés et les principaux repères structurels ont été observés. Le stock des factures impayées du gouvernement au sein de la chaîne normale de la dépense a été régularisé. La mission a salué les progrès réalisés dans les réformes visant à améliorer la gestion des finances publiques”.

Si pour la mission, le gouvernement du Sénégal a donné l’assurance que le budget 2010 vise à trouver un équilibre entre les contraintes de financement d’une part et la promotion de l’investissement et la protection des dépenses prioritaires d’autre part. Selon les hypothèses macroéconomiques de la mission, le budget implique que le déficit budgétaire pourrait augmenter et atteindre environ 5 % du PIB en 2010. Une telle expansion budgétaire modérée permettrait de soutenir la demande et ne mettrait pas en péril la viabilité de la dette à moyen terme du Sénégal. Et a confirmé son intention de comptabiliser tous les engagements extrabudgétaires passés et de régler la dette des organismes publics le plus tôt possible, “le règlement rapide de ces impayés, selon une procédure transparente qui fera l’objet d’une communication publique, est indispensable à la pleine normalisation des relations financières entre l’État et le secteur privé”, est une condition sinaquanone.

Pour la mission, une croissance économique plus forte sera aussi cruciale dans ce contexte. Pour augmenter la croissance économique, le gouvernement devra mettre en place des réformes majeures. Au-delà de la normalisation des relations entre le gouvernement et le secteur privé, l’amélioration de la gouvernance et la poursuite des progrès dans la planification budgétaire, l’amélioration de l’administration des recettes et de la gestion de liquidité sont d’une importance cruciale. La mission a encouragé les autorités à continuer de renforcer la gouvernance, en particulier en publiant régulièrement l’exécution du budget et en s’assurant que les agences de contrôle et de régulation disposent des ressources financières et humaines adéquates. D’autres réformes décisives sont nécessaires dans les secteurs énergétique et financier et à travers l’adoption de mesures visant à améliorer le climat des affaires.

En étroite collaboration avec les partenaires au développement, les autorités devront doter la SENELEC d’un modèle opérationnel et financier qui garantisse sa solidité financière à long terme ainsi qu’une production et une distribution d’énergie adéquates. Un marché financier régional et national plus large et plus profond permettrait d’accroître l’accès au financement, de stimuler l’activité des petites et moyennes entreprises et, in fine, de réduire la pauvreté. Les mesures d’amélioration du climat des affaires pourraient comprendre la réduction des délais de transfert des droits de propriété, une meilleure exécution des contrats et la simplification des procédures douanières.

Madior Fall (Sud)

Vendredi 20 Novembre 2009 08:53


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