Financement "Y'en a marre": "Un ministre de Wade a acheté un tee-shirt à 200 000 FCfa", Fadel Barro

Le mouvement «Y’en a marre» célèbre ses cinq (5) ans ce mois de janvier. Une occasion que ne rate pas le coordonnateur dudit mouvement, Fadel Barro de se prononcer sur les mécanismes de financement qui leur avaient permis de mener leurs activités. Ce, surtout après l’éclatement de l’affaire Lamine Diack avouant avoir financé les jeunes et l'opposition. «Je me souviens de quelqu’un qui a acheté un tee-shirt à 200.000 F CFA. Et ce Sénégalais était ministre dans le gouvernement de Wade », révèle Fadel Barro.



Sur  «les mécanismes que Y’en a marre à exploiter pour disposer de ressources lui permettant de fonctionner », Fadel Barro balance : «Avant 2012, il y avait la vente des tee-shirts, la contribution de Sénégalais qui ont voulu acheter des tee-shirts à des valeurs importantes ou participer à l’organisation de nos activités. Je me souviens de quelqu’un qui a acheté un tee-shirt à 200.000 F CFA. Et ce Sénégalais était ministre dans le gouvernement de Wade. Donc, il  n’était pas avec nous. Il pensait qu’il fallait soutenir le mouvement pour renforcer la démocratie dans ce pays. Ce n’est pas aujourd’hui que je vais divulguer son nom. Jamais des leaders de l’opposition ne nous ont aidés. Nous les avions beaucoup évités. Nous ne voulions pas que quelqu’un pense qu’on lui était redevable pour quoi que ce soit… », indique le «Y’en a marriste». Et de soutenir: «Après cette phase, le défi n’est plus le même. Wade cristallisait à lui seul toutes les frustrations. Il y a eu moins de ventes de tee-shirts et de contributions. Alors, nous avons développé une panoplie de projets articulés autour du programme Tabax euleuk que nous avons soumis à des Ong dont nous pensons partager les valeurs ».


S’agissant de l’affaire Lamine Diack qui a avoué avoir financièrement appuyé le mouvement, ce qui «gêne» Fadel Barro, «c’est qu’on a essayé d’expliquer tout le combat de tous les Sénégalais à travers l’appui d’une seule personne, en disant que c’est de l’argent du blanchiment, etc. Quelle que soit la contribution de Lamine Diack, elle ne peut pas être la justification de la victoire de toutes les forces qui étaient engagées. Celle-ci doit être minime par rapport aux forces qui étaient impliquées dans le cadre du M23, des partis politiques et des associations citoyennes ». «Sur un autre registre, on est gênés parce qu’on avait beaucoup d’estime pour Lamine Diack. On le prenait pour un modèle en termes de valeurs et de patriotisme. On n’aimerait pas que son nom soit mêlé à ces histoires-là, en tant que Sénégalais. On est même peinés. C’est l’image du Sénégal qui en pâtit », martèle-t-il.
 
 
«Dans la vie d’un mouvement qui suscite autant d’amour, de passion, de haine, de controverses comme d’espoir, cinq ans, ce n’est absolument rien. Surtout quand c’est porté par des jeunes. Je veux dire jeunesse dans les idées, dans l’âge, dans la façon de faire. Je  pense que l’heure n’est pas encore au bilan. Il faut observer le mouvement jusqu’aux prochaines élections. Il faudra voir ce que le mouvement va faire, s’il va continuer d’exister. Nous subissons beaucoup de coups. Après cinq ans, mon sentiment est un peu mitigé. C’est très rapide. Des vies et des chemins ont été bouleversés… », sert Fadel Barro. Le coordonnateur de «Y’en a marre»  indique que «le mouvement a influencé toute une jeunesse sénégalaise et africaine. Quand vous regardez dans le rétroviseur, tous les actes qu’on a eu à poser, c’est beaucoup mais, en même temps, c’est peu par rapport à l’enjeu… ».
 
 
«D’abord, certains nous en veulent parce que nous ne les avons pas rejoints au banquet. Ensuite, il y a ceux dont Y’en a marre a contribué à la perte du pouvoir. Enfin, il y a tous ces pouvoirs  organisés qui sont pressés d’entendre la mort du mouvement parce qu’il les dérange. Nous les comprenons. Le plus important pour nous est de rester lucides et vigilants. C’est-à-dire refuser la manipulation et l’instrumentalisation », poursuit-il. Et le président de la République d’en prendre pour son grade car selon Fadel Barro dans une interview accordée au journal «Le Quotidien », «sur le plan des valeurs, le Président Macky Sall a beaucoup péché. Dernièrement, il a voulu nous vendre la transhumance comme une valeur politique. C’est extrêmement grave ! Cela ne contribue pas à assainir l’espace politique. Si l’on regarde bien la manière dont la traque des biens mal acquis a été diligentée, on se rend compte qu’on ne sait pas encore ce qui se passe au fond. A part l’affaire Karim Wade, le Sénégalais lambda ne connaît rien des autres dossiers. Certains ont été emprisonnés ; d’autres n’ont pas été inquiétés. Pourquoi ? Est-ce qu’il y a des gens qui ont transigé ? Il n’y a pas de transparence. Est-ce que cette traque visait à lutter contre l’impunité ? Au bout du compte, on peut en douter. Est-ce que ce n’est pas finalement un instrument de dissuasion politique ? Il y a eu des arrestations et des libérations spectaculaires. A côté, il y a l’emprisonnement des jeunes de Colobane sur la base de témoignages fallacieux. Le témoin a menti sur sa propre identité. Il y a aussi un manque de transparence dans ce qui se fait dans ce pays… ». 

Dié BA

Mercredi 20 Janvier 2016 11:12


Dans la même rubrique :