France-Régionales 2010 : Nicolas Sarkozy, Marque Déposée



La vision philosophique d'une France ouverte et tolérante n'a pas résisté à la réalité politique et idéologique de l'exercice du pouvoir dans une Gaule en réalité royaliste, sectaire, exclusive ; Fadela Amara de la société civile ("Ni Putes, Ni Soumises"), Rama Yade, le Graal du pouvoir sarkoziste dans sa recherche d'immigrés de la dernière génération, Bernard Kouchner, fausse piste civilo-médico-politique, Dominique Strauss-Kahn et Hervé Morin entre autres politiques transhumants n'auront pas aidé le 14-21 mars dernier : la France a succombé à la psychose post-11 septembre occidentale du rejet de l'autre, basané du pourtour méditerranéen, de type sémite tirant arabe, cercle que le président français avait choisi comme limite de l'Hexagone ; l'inévitable rapprochement naturel de la Droite et de l'Extrême-droite sur la mauvaise intégration raciale et l'intolérance religieuse (l'islamisation de la société française) s'est vérifié depuis mai 2008 et a fait le reste qui a faussé l'élan généreux et volontariste de Nicolas Sarkozy. Le 21 mars, les résultats des régionales lui demandent de renouveler et de rénover le contrat avec la France, sans chercher à imiter Le Pen imbattable sur le terrain de schizophrénie.

Certes, le nouveau président français ne saurait être tenu pour responsable d'un délit de faciès en vigueur en France sous la Droite, au début des années 70, avec Giscard, et que la gauche mitterrandienne n'a pas aidé à résoudre, bien au contraire ; Nicolas Sarkozy aura simplement aidé à vérifier le décalage entre les déclarations d'intention de retrouver au sommet de l'État la France d'en-bas si chère à Jean-Pierre Raffarin et son adoration mythologique de l'or qui s'est manifestée très tôt dans le yacht de la Méditerranée, en mai 2007, un salaire fortement revu à la hausse, un fils proposé dans un système de dévolution monarchique du pouvoir et les vacances américaines, même financées par un baron de la drogue.

Il n'y a pas eu résurrection du courant Le Pen : il y a eu volonté de montrer au pouvoir central sa collusion volontaire ou accidentelle avec des positions racistes autour de la phobie islamique officielle d'une France en mal de ses ressortissants en rupture de la vocation atavique d'une République fille aînée de l'Église. Fille aînée, mais aussi impérialiste, qui reçoit le contre-coup de sa volonté de conquête. En mettant toutefois l'écologie entre les Socialistes et le pouvoir, l'électeur français montre son déchirement à ne pas trop faire confiance ni au pouvoir ni à la gauche, et semble les inviter tous à une nouvelle Héloïse, en fait à un amour impossible de son prochain. La vision philosophique de base est volontariste dans sa conception ; elle est une marque déposée dans l'esprit de la France et des Français ; malheureusement, le père intuitif et putatif a pêché dans l'heuristique.

L'électorat français ne rejette pas les coalitions, cocon sécuritaire pour éviter les dérives monarchiques ; il le veut cependant plus cohérent, de manière à laisser de la place aux autres. Le Parti socialiste le vivra sous peu, une fois l'euphorie de la victoire historique du 21 mars apaisée, avec les chaleurs du printemps de Martine Aubry.
Les élections européennes de 2009 avaient déjà révélé cette tentative de moralisation avec une percée historique des écolos (20% pour "Europe écologie" et l'"Alliance écologique indépendante" réunies, 2ème) après l'avertissement de 2008 avec les lourdes défaites des municipales. "Le héros est là ; louns-le ; mais qui nous en débarrassera ?"



Par Pathé MBODJE, journaliste, sociologue

Mardi 23 Mars 2010 17:20


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