Ces détracteurs l’appellent plutôt Ayrault-port, puisque c’est un projet cher au Premier ministre, ancien maire de Nantes. Et le nombre de ses détracteurs grandit de jour en jour.
« Nous ne céderons pas », disent-ils face aux forces de l'ordre qui sont à nouveau sur place. Les opposants craignent de nouvelles destructions de maisons, alors qu’ils sont en train de rebâtir des cabanes là où tout a été rasé lors des récentes expulsions.
La dernière manifestation de grande envergure date de samedi : 40 000 personnes, selon les organisateurs, 13 000 selon la police, sont venus de toute la France, mais aussi de l’étranger pour « la grande manifestation de réoccupation ». De nombreux leaders politiques du Parti de gauche, d’Europe Ecologie les Verts, mais aussi du MoDem ont défilé au côté des agriculteurs, riverains et des jeunes, qui occupent la zone pour défendre une autre vision de la société.
Notre-Dame-des-Landes, une épine dans le pied du gouvernement socialiste
La polémique se poursuit aussi dans les hautes sphères du pouvoir. Le chef de l’Etat François Hollande a même réaffirmé son soutien au projet d'aéroport depuis la Pologne, où il était en déplacement. « Ce projet d’aéroport ne date pas de six mois ; il a été lancé il y a plusieurs années, à l’initiative de l’Etat. C’est un projet d’aéroport qui vise à créer pour l’ouest de la France une plateforme de dimension internationale.
Il y a eu un certain nombre de procédures qui d’ailleurs sont arrivées à leur terme, sur le plan administratif et juridique, et les recours ont été, pour l’essentiel, épuisés. Ensuite, il y a une contestation et je respecte le droit de manifestation, a déclaré le chef de l'Etat. Je fais en sorte que tous les recours puissent être traités avec une justice indépendante. Mais en même temps il y aussi la force du droit ».
Les réactions n’ont pas tardé. Jean-Luc Mélenchon a accusé François Hollande, depuis le plateau de l'émission politique de France 5, de « mentir », notamment sur les recours en justice. « Il a tort parce que les recours sont encore en train de fonctionner. Donc ce n’est pas vrai. Juridiquement ce n’est pas fini. Il a tort de faire ce type d’annonce depuis la Pologne, a affirmé le coprésident du Parti de gauche.
Jusqu’à présent on s’astreignait à l’étranger à ne pas parler de la situation intérieur française, lorsqu’il s’agissait de mentionner un conflit. Là il est en conflit avec une partie de sa propre majorité gouvernementale et de sa majorité politique ».
Un désaccord historique entre verts et socialistes
Sur ce projet d’aéroport, les Verts et les socialistes n’ont jamais été d’accord et cela devient de plus en plus compliqué. Côté socialiste, on s’agace de la présence de certains leaders Verts aux manifestations.
La nouvelle porte-parole du Parti socialiste, Frédérique Espagnac, dit sa surprise de cette critique ouverte de la politique gouvernementale : « Il est indéniable qu’il peut être surprenant à un certain moment de voir les responsables d’Europe Ecologie les Verts derrière des banderoles qui aujourd’hui mettent en cause le Premier ministre : en l’occurrence c’est le chef de ce gouvernement. On ne peut mentir aujourd’hui sur la contestation qui peut exister en France, il faut l’entendre, c’est une réalité. En même temps, en ce qui nous concerne aujourd’hui, je crois qu’il faut remettre cet événement dans son cadre. Il y a des différences entre nous, il y a évidemment des gens qui ne sont pas contre ce projet. Je crois qu’aujourd’hui la loi est là et il faut la respecter ».
De leur côté, les Verts s’interrogent régulièrement sur leur participation dans le gouvernement. Ainsi, le sénateur de l’Essonne Jean-Vincent Placé qui a manifesté samedi à Notre-Dame-des-Landes, considère que les compromis « sont durs à avaler face au partenaire PS ». Et le député vert Noël Mamère a lancé : « Que le gouvernement continue à choisir la brutalité et il fera de Notre-Dame-des-Landes un nouveau Larzac ».
D’autres gardent un certain optimisme : Ronan Dantec est sénateur Vert de Loire-Atlantique et conseiller municipal de Nantes, il connait donc bien le dossier et croit pouvoir convaincre les socialistes de reprendre le dialogue sur ce projet d’aéroport : « Il y a eu une très grosse manifestation samedi, il faut que chacun prenne la mesure de l’ampleur de la mobilisation aujourd’hui et qu’à partir de là, on a encore tout à fait le temps de discuter. T
Tant qu’il n’a pas eu de travaux sur le site, ce qui est le cas aujourd’hui, on a le temps de la discussion. Moi, je suis un optimiste, je crois qu’il y a encore la place pour le débat et un nouveau processus démocratique. En tout cas, j’œuvre dans ce sens depuis déjà plusieurs jours ».
Pour les opposants, les arguments en faveur d’un nouvel aéroport ont du plomb dans l’aile
Selon les opposants, aucun des arguments avancés par les défenseurs du projet n'est valable. Ils affirment et démontrent que l'actuel aéroport Nantes-Atlantique n'est pas saturé et ne le sera pas, que Nantes-Atlantique ne présente pas de risques de sécurité. Il est en effet classé en catégorie A, c'est-à-dire sans risque particulier.
La contestation porte aussi sur les aspects économiques : le coût pourrait dépasser de beaucoup le budget initial de 561 millions d’euros et avoisiner les 3 milliards d’euros, selon les opposants. Les « anti » mettent également en doute une éventuelle création d'emploi.
Autant de sujets que les militants souhaitent mettre sur la table. Et plus la mobilisation monte, plus ils croient, eux aussi, que la réouverture des débats est possible, affirme Dominique Fresneau, co-président de l’ACIPA, la fédération des associations opposées à ce projet : « L’espoir n’a jamais été complètement éteint, même s’il y eu la déclaration de François Hollande qui disait qu’il ne rouvrira pas le dossier de Notre-Dame-des-Landes. Je pense qu’il ne peut pas uniquement taire une contestation telle qu’elle était ce samedi, et qui grandira encore.
Et surtout, il ne peut pas mépriser les habitants du lieu en envoyant 1200 gendarmes pour non pas maintenir l’ordre mais bien pour créer le désordre, pour créer des troubles, alors qu’il n’y a pas un coup de pioche à donner en 2013 sur ce terrain. Là, c’était un acte gratuit dans le but de faire taire la contestation, et je crois que c’était loupé ».
En effet, la contestation grandit, et de plus en plus de voix s’élèvent pour dire que le gouvernement aurait tout à gagner à rouvrir ce débat politique crucial autour de Notre-Dame-des-Landes, qui est tout un symbole et qui concerne au delà du simple aéroport tout un choix de société.
Le profil des manifestants le montre bien : ce ne sont pas seulement des riverains qui ne veulent pas avoir d'aéroport devant leur porte, ce sont des gens souvent venus de loin pour dire qu'il faut changer de cap à un moment où un accroissement du trafic aérien n'est ni souhaitable, ni probable.
RFI
La dernière manifestation de grande envergure date de samedi : 40 000 personnes, selon les organisateurs, 13 000 selon la police, sont venus de toute la France, mais aussi de l’étranger pour « la grande manifestation de réoccupation ». De nombreux leaders politiques du Parti de gauche, d’Europe Ecologie les Verts, mais aussi du MoDem ont défilé au côté des agriculteurs, riverains et des jeunes, qui occupent la zone pour défendre une autre vision de la société.
Notre-Dame-des-Landes, une épine dans le pied du gouvernement socialiste
La polémique se poursuit aussi dans les hautes sphères du pouvoir. Le chef de l’Etat François Hollande a même réaffirmé son soutien au projet d'aéroport depuis la Pologne, où il était en déplacement. « Ce projet d’aéroport ne date pas de six mois ; il a été lancé il y a plusieurs années, à l’initiative de l’Etat. C’est un projet d’aéroport qui vise à créer pour l’ouest de la France une plateforme de dimension internationale.
Il y a eu un certain nombre de procédures qui d’ailleurs sont arrivées à leur terme, sur le plan administratif et juridique, et les recours ont été, pour l’essentiel, épuisés. Ensuite, il y a une contestation et je respecte le droit de manifestation, a déclaré le chef de l'Etat. Je fais en sorte que tous les recours puissent être traités avec une justice indépendante. Mais en même temps il y aussi la force du droit ».
Les réactions n’ont pas tardé. Jean-Luc Mélenchon a accusé François Hollande, depuis le plateau de l'émission politique de France 5, de « mentir », notamment sur les recours en justice. « Il a tort parce que les recours sont encore en train de fonctionner. Donc ce n’est pas vrai. Juridiquement ce n’est pas fini. Il a tort de faire ce type d’annonce depuis la Pologne, a affirmé le coprésident du Parti de gauche.
Jusqu’à présent on s’astreignait à l’étranger à ne pas parler de la situation intérieur française, lorsqu’il s’agissait de mentionner un conflit. Là il est en conflit avec une partie de sa propre majorité gouvernementale et de sa majorité politique ».
Un désaccord historique entre verts et socialistes
Sur ce projet d’aéroport, les Verts et les socialistes n’ont jamais été d’accord et cela devient de plus en plus compliqué. Côté socialiste, on s’agace de la présence de certains leaders Verts aux manifestations.
La nouvelle porte-parole du Parti socialiste, Frédérique Espagnac, dit sa surprise de cette critique ouverte de la politique gouvernementale : « Il est indéniable qu’il peut être surprenant à un certain moment de voir les responsables d’Europe Ecologie les Verts derrière des banderoles qui aujourd’hui mettent en cause le Premier ministre : en l’occurrence c’est le chef de ce gouvernement. On ne peut mentir aujourd’hui sur la contestation qui peut exister en France, il faut l’entendre, c’est une réalité. En même temps, en ce qui nous concerne aujourd’hui, je crois qu’il faut remettre cet événement dans son cadre. Il y a des différences entre nous, il y a évidemment des gens qui ne sont pas contre ce projet. Je crois qu’aujourd’hui la loi est là et il faut la respecter ».
De leur côté, les Verts s’interrogent régulièrement sur leur participation dans le gouvernement. Ainsi, le sénateur de l’Essonne Jean-Vincent Placé qui a manifesté samedi à Notre-Dame-des-Landes, considère que les compromis « sont durs à avaler face au partenaire PS ». Et le député vert Noël Mamère a lancé : « Que le gouvernement continue à choisir la brutalité et il fera de Notre-Dame-des-Landes un nouveau Larzac ».
D’autres gardent un certain optimisme : Ronan Dantec est sénateur Vert de Loire-Atlantique et conseiller municipal de Nantes, il connait donc bien le dossier et croit pouvoir convaincre les socialistes de reprendre le dialogue sur ce projet d’aéroport : « Il y a eu une très grosse manifestation samedi, il faut que chacun prenne la mesure de l’ampleur de la mobilisation aujourd’hui et qu’à partir de là, on a encore tout à fait le temps de discuter. T
Tant qu’il n’a pas eu de travaux sur le site, ce qui est le cas aujourd’hui, on a le temps de la discussion. Moi, je suis un optimiste, je crois qu’il y a encore la place pour le débat et un nouveau processus démocratique. En tout cas, j’œuvre dans ce sens depuis déjà plusieurs jours ».
Pour les opposants, les arguments en faveur d’un nouvel aéroport ont du plomb dans l’aile
Selon les opposants, aucun des arguments avancés par les défenseurs du projet n'est valable. Ils affirment et démontrent que l'actuel aéroport Nantes-Atlantique n'est pas saturé et ne le sera pas, que Nantes-Atlantique ne présente pas de risques de sécurité. Il est en effet classé en catégorie A, c'est-à-dire sans risque particulier.
La contestation porte aussi sur les aspects économiques : le coût pourrait dépasser de beaucoup le budget initial de 561 millions d’euros et avoisiner les 3 milliards d’euros, selon les opposants. Les « anti » mettent également en doute une éventuelle création d'emploi.
Autant de sujets que les militants souhaitent mettre sur la table. Et plus la mobilisation monte, plus ils croient, eux aussi, que la réouverture des débats est possible, affirme Dominique Fresneau, co-président de l’ACIPA, la fédération des associations opposées à ce projet : « L’espoir n’a jamais été complètement éteint, même s’il y eu la déclaration de François Hollande qui disait qu’il ne rouvrira pas le dossier de Notre-Dame-des-Landes. Je pense qu’il ne peut pas uniquement taire une contestation telle qu’elle était ce samedi, et qui grandira encore.
Et surtout, il ne peut pas mépriser les habitants du lieu en envoyant 1200 gendarmes pour non pas maintenir l’ordre mais bien pour créer le désordre, pour créer des troubles, alors qu’il n’y a pas un coup de pioche à donner en 2013 sur ce terrain. Là, c’était un acte gratuit dans le but de faire taire la contestation, et je crois que c’était loupé ».
En effet, la contestation grandit, et de plus en plus de voix s’élèvent pour dire que le gouvernement aurait tout à gagner à rouvrir ce débat politique crucial autour de Notre-Dame-des-Landes, qui est tout un symbole et qui concerne au delà du simple aéroport tout un choix de société.
Le profil des manifestants le montre bien : ce ne sont pas seulement des riverains qui ne veulent pas avoir d'aéroport devant leur porte, ce sont des gens souvent venus de loin pour dire qu'il faut changer de cap à un moment où un accroissement du trafic aérien n'est ni souhaitable, ni probable.
RFI
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