L’Elysée promettait cohérence et clarté pour le nouveau gouvernement Valls. Cette fois, la promesse est tenue. Il est en effet cohérent pour François Hollande de nommer à Bercy celui qui a inspiré la politique économique mise en œuvre en France depuis un peu moins de deux ans. Avant de quitter l’Elysée au printemps dernier, Emmanuel Macron était l’un des plus proches conseillers de François Hollande, secrétaire général adjoint, chargé de l’économie.
Les premières mesures pour restaurer la compétitivité des entreprises, à l'automne 2012, c’est lui. Cet homme au CV brillant, et atypique, qui a quitté le confort lucratif de la banque Rothschild pour servir l’Etat, est depuis l’objet de tous les fantasmes des opposants de gauche à la politique du chef de l’Etat.
Il y a donc aussi une part de provocation chez François Hollande. La nomination d’Emmanuel Macron à la place d’Arnaud Montebourg est d’ailleurs vécue comme une provocation par les socialistes frondeurs. Mais le chef de l’Etat va au bout de sa logique - « Il n’y a pas d’échappatoire », disait-il la semaine dernière. Je n’ai plus rien à perdre, fallait-il comprendre. Moins d’un an après son coming out social-démocrate, il assume le symbole. Social-démocrate ou social-libéral, François Hollande est surtout aujourd’hui un président social-libéré.
Les chantiers du nouveau duo de Bercy
Emmanuel Macron rejoint à Bercy Michel Sapin, toujours chargé des finances et des comptes publics. Le couple responsables de l'économie du pays a des défis importants à relever.
C'est presque une mission impossible qui attend la nouvelle équipe en place à Bercy. Avec une croissance bloquée à 0 au deuxième trimestre et un chômage en hausse continue depuis des mois, Michel Sapin, qui conserve la haute main sur sur les finances et Emmanuel Macron, conseiller de la président à l'origine du tournant de la compétitivité, qui reprend les attribution d'Arnaud Montebourg, trouvent une situation très difficile. Mais au moins vont-ils travailler dans la cohérence, car avec cette double nomination, le message envoyé aux milieux économiques est le suivant : la politique de l'offre, favorable aux entreprises, est totalement assumé.
Ce qui va être mis en oeuvre, c'est le pacte de de responsabilité et ses 40 milliards d'euros de baisse de charges pour les entreprises, c'est l'économie de 50 milliards d'euros d'ici à 2017, et c'est la baisse des prélèvements pour les foyers les plus modestes. Ce sera aussi à ce nouveau duo de piloter les nouvelles mesures pour le pouvoir d'achat et le logement annoncées la semaine dernière à l'Elysée.
Si le président de la République a choisi ce tandem, c'est qu'il a en lui une confiance totale. Avec un fidèle et un pur produit de son équipe, il n'aura plus à se méfier en permanence d'une remise en cause publique de ses choix comme cela a pu être le cas ces derniers mois.
Source : Rfi.fr