Personne à Saint-Pétersbourg ne s'attendait vraiment à ce que ces trois heures de dîner fassent sensiblement bouger les lignes, tant elles sont éloignées.
Les invités de Vladimir Poutine ont quitté le palais impérial de Peterhof vers une heure du matin, sans avoir réussi à accorder leurs violons. Le dîner a «confirmé les divisions» a résumé le chef du gouvernement italien Enrico Letta sur Twitter. L'Italie figure parmi les Etats européens qui rejettent toute action militaire sans mandat de l’ONU.
Une impression de division que partage le porte-parole du Kremlin. Entre les partisans de frappes rapides sur le régime de Damas et ceux qui y sont opposés, «les forces en présence se répartissent à peu près équitablement», estime pour sa part Dmitri Peskov.
Optimisme
Dans le camp français, où l’on soutient l’idée d’une opération militaire avec les Etats-Unis, on affiche quand même l’optimisme, soulignant qu’il y avait eu une «condamnation générale de l’usage des armes chimiques», mais sans désignation du coupable.
Ban Ki-moon, le secrétaire général de l'ONU, qui a été sollicité pour ouvrir le débat, n'a pas été en mesure de préciser quand le rapport des inspecteurs qui se sont rendus sur les lieux de l'attaque chimique présumée du 21 août près de Damas, serait disponible. «L'atmosphère était concentrée mais pas tendue» a résumé une source proche de l’Elysée, soulignant qu’il y avait eu «une grande solidarité européenne» pendant le dîner. Une solidarité qui mérite encore des ajustements. Lakhdar Brahimi, le représentant spécial des Nations unies et de la Ligue arabe, également présent à Saint-Pétersbourg, doit rencontrer les ministres des Affaires étrangères des membres du G20.
L'objectif de cette réunion est de fixer une date pour reprendre les discussions à Genève. Un calendrier pour un Genève 2 serait la surprise de ce sommet.
Les entretiens bilatéraux vont se poursuivre
Il ne reste plus que quelques heures avant la clôture de ce G20 déchiré par la Syrie. Les rencontres bilatérales vont donc se poursuivre. Une entrevue entre Vladimir Poutine et Barack Obama n'est toujours pas annoncée, le président américain, comme François Hollande, vont mener chacun de leur côté des discussions tous azimuts pour trouver cette fameuse coalition politique dont parlait hier le président français.
En fin de journée, Barack Obama et François Hollande doivent se retrouver : les deux chefs d'Etats isolés à Saint-Pétersbourg doivent trouver un nouveau souffle ensemble pour convaincre du bien-fondé de l'option militaire. De son côté, Laurent Fabius, le ministre français des Affaires étrangères rencontre son homologue russe dans la matinée.
Le conflit syrien a totalement éclipsé les questions économiques
Le débat sur la reprise occidentale et sur les risques de retour de la crise est devenu secondaire. Mais l'agenda officiel du G20 est néanmoins respecté à la lettre. Les pays membres progressent dans leur combat contre l’évasion fiscale, avec une attention particulière pour les multinationales, et c’est une nouveauté.
A noter aussi une avancée dans la lutte contre le shadow banking («Finance de l'ombre», NDLR). à l’initiative de la France et de l’Allemagne une étude va être menée pour d’abord évaluer ce phénomène de financement de l'économie qui échappe au radar de la régulation bancaire. Tout ceci sera précisé dans la déclaration finale que l’on attend ce vendredi après-midi.
Source : Rfi.fr