Le 1er avril, le Premier ministre et le chef d'état-major de l'armée ont été arrêtés par des militaires, alors que le président Malam Bacal Sanha n'était pas inquiété. La presse se demande s'il s'agit d'un putsch ou d'un simple règlement de compte entre militaires ou entre narco trafiquants.
Le chef du gouvernement Carlos Gomes Junior (au centre) escorté à son domicile où il est assigné à résidence, 1er avril 2010.
On aura tout vu dans cette Afrique qui fête actuellement ces 50 ans. Tenez, observez un peu ce qui c'est passé la semaine dernière en Guinée-Bissau. Le Premier ministre, le chef d'état-major de l'armée et une "quarantaine d'officiers" sont mis aux arrêts par des militaires. Puis après, le chef du gouvernement, Carlos Gomes Junior, est libéré. Et pendant ce temps, le président Malam Bacai Sanha n'était même pas inquiété. A moins d'être un drôle de coup d'Etat, ce scénario, il va falloir que les spécialistes de la chose politique nous en donne le nom.
Ce putsch, taillé sur mesure, a coûté le poste du chef d'état major, José Zamora Induta, remplacé par son adjoint, Antonio Indjai, qui a été d'ailleurs le cerveau de ce soulèvement. Autant dire que c'est un règlement de compte entre militaires, en témoigne la quarantaine de soldatesque mis au "gnouf". Et c'est sûr que le président est de mèche avec les putschistes, sinon comment peut-on destituer son premier ministre sans que lui-même ne pipe mot ?
C'est malheureusement la preuve que ce pays marécageux est fragilisé à jamais. Le président qui est sensé être le chef suprême des armées, ne contrôle rien. Il est à la solde des militaires qui, eux, dirigent tout, enlèvent qui ils veulent et positionnent qui ils veulent. C'est dire que, dès qu'il y aura une divergence de point de vue dans la gestion de la chose publique, l'armée peut intervenir à tout moment. Cela instaure forcement un climat de terreur permanent et du coup, le chef de l'Etat n'est, ni plus ni moins, qu'une marionnette.
Et c'est le nouvel homme fort de la troupe, le général Antonio Indjai, qui s'octroit le droit de juger l'ancien Premier ministre ou même de le tuer. Mais en même temps, une autre lecture montre que le corps de l'armée est gangrené. Et on a tendance à croire que ce sont d'anciens cartels qui se tirent dessus. C'est d'ailleurs ce qui avait coûté la vie au défunt président de ce pays, José Bernardo Vierra, le 2 mars 2009.
Malheureusement, le retour aux affaires de l'ex-chef de la marine, le contre-amiral Bubo Na Tchuto, risque de faire encore mal à ce pays qui cherche vainement la voie de sa démocratisation. En effet, ce dernier, ancien putschiste de 2008, est considéré comme une cheville ouvrière du narco-trafic. C'est à croire que tant que ce pays restera la nouvelle route de la drogue vers l'Europe, il ne connaîtra pas de stabilité et le retour du contre-amiral n'est pas pour arranger les choses.
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