« Les journalistes sont des walakana (de petits types qui n’ont rien du tout) ». Voilà les propos du promoteur de lutte, Gaston Mbengue, tenus sur la télévision nationale et rapportés par le quotidien Walf Grand-Place. Vous avez raison quelque part M. Mbengue, nous n’avons rien et y’a parmi nous de petits types.
Le débat est soulevé et des journalistes ont trouvé la réponse à un tel comportement : les relations très poussées entre les promoteurs de lutte et certains journalistes mais aussi avec ces communicateurs traditionnels devenus reporters. Quelqu’un disait : « si on ne peut pas être honnête avec soi-même, on ne peut pas l’être avec autrui ». Pour être honnêtes avec nous-mêmes, disons que ces comportements sont les conséquences des relations de corruption et d’achat de conscience entre promoteurs de lutte et journalistes. On peut y ajouter des confusions de rôles de certains journalistes et communicateurs traditionnels qui sont parfois chargés de communication et conseillers des promoteurs, et des communicateurs traditionnels qui viennent juste pour bénéficier de leurs privilèges de « griots ». Une situation qui peut pousser parfois un promoteur à penser qu’il a des journalistes dans sa poche. Pourtant cela ne doit pas être le cas, le promoteur est soutenu par des sponsors et une télévision de dimension internationale, il doit comprendre qu’il est juste le maître d’œuvre, un élément de la chaîne, rien de plus.
Finalement les journalistes ne récoltent que ce qu’ils ont semé. Mais le promoteur Mbengue n’insulte pas tout le monde. Dans le lot des journalistes, il y’a « Vous » et « Nous ». Les premiers sont ceux qui ont accepté de se déshonorer devant des personnes comme le promoteur Mbengue. Ils acceptent de tuer en eux ce qui fait leur personnalité. Voilà tout ce qui fait la complexité des questions d’éthique et de déontologie. Elles relèvent intrinsèquement des hommes et des femmes. Donc au-delà d’un prochain bon code de la presse, chaque groupe ou organe de presse doit faire le ménage chez-elle, pour qu’on sache qui est qui et qui fait quoi.
Ce 3 mai est la journée internationale de la presse, chez-nous le Synpics va honorer les pionniers de la profession, des hommes et femmes qui se sont battus pour nous permettre aujourd’hui de pouvoir poursuivre le combat. Ceux qui sont dans « Nous » sont les dignes héritiers de ces pionniers. Selon le secrétaire général des Nations- unies, « l’année dernière, l’Unesco a condamné l’assassinat de 77 journalistes. Ils n’étaient pas de prestigieux correspondants de guerre ayant trouvé la mort sur un champ de bataille. La plupart d’entre eux travaillaient pour de modestes publications locales, en temps de paix. Ils ont été tués parce qu’ils tentaient de révéler des agissements criminels ou des cas de corruption ». Au Sénégal, nous sommes loin de cette situation catastrophique, le combat est difficile mais pas insurmontable. Essayons de mériter les sacrifices de tout ce monde !
Tout ne peut pas être linéaire mais nous méritons d’être protégés, pour éviter de subir des comportements déshonorant comme ceux de Mbengue le promoteur de lutte. Seulement, le combat est interne avant d’être autre chose.
NDIAGA DIOUF. Journaliste
ndiagadiouf2005@yahoo.fr