Depuis le début du procès, Pascal Simbikangwa répète qu’il était à Kigali « au lendemain de l’attentat contre l’avion du président Habyarimana », et qu'il n’a donc « pas pu participer aux appels au meurtre des Tutsis » dans sa région natale, près de Gisenyi. Toutefois, ce lundi, deux hommes de cette zone proche du Congo sont venus démonter son discours. Ils affirment qu’il était présent à une réunion publique, à Kibihekane, près de Rambura, le 7 avril 1994. Ils disent qu’ils le connaissent bien et identifient donc formellement l’ancien capitaine des services de renseignement et certains détails reviennent avec insistance comme cette voiture blanche à bord de laquelle il aurait circulé.
Pour le reste, les discours ne l’incriminent pas tous autant. L’un dit être arrivé en retard à la réunion et ne pas avoir entendu Pascal Simbikangwa prendre la parole. Un autre, au contraire, affirme qu’il a appelé à tuer les Tutsis présentés comme des ennemis qui avaient abattu l’avion présidentiel. Vingt ans après les faits, recueillir des témoignages est une tâche compliquée. Les souvenirs s'effacent, et à plusieurs reprises, les trois hommes appelés à la barre ce lundi s'excuseront de ne pouvoir répondre avec précision aux questions qui leur sont posées.
Quoi qu'il en soit, quelle que soit la force des accusations lancées contre lui, Pascal Simbikangwa les rejette toutes. « Une fois encore, c’est un montage lié à la cupidité humaine, aux mensonges et à la haine », a-t-il lancé ce lundi, avant d’accuser l’association Ibuka Mémoire et Justice d'avoir « préparé ces témoignages pour récupérer ses biens ».
Au-delà des oublis, imprécisions et démentis, il y aura enfin eu la peur, ce lundi aux assises. Celle du dernier homme appelé à témoigner, qui a offert un vibrant témoignage. « Mon cœur n'est pas tranquille, a déclaré ce rescapé du génocide. Il y a treize ans, il avait interrompu un récit devant les enquêteurs du Tribunal pénal international pour le Rwanda, par crainte de représailles de la part du père de Pascal Simbikangwa. L'homme est aujourd'hui décédé, mais le témoin dit travailler avec un autre parent de l'accusé. « Vu les risques qui pèsent sur vous, nous regrettons de vous avoir fait citer à comparaitre », lui a répondu l'avocate générale.
Source : Rfi.fr
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