Nous ne devons pas voir de l’injustice et nous taire. Tel doit être le credo de tout patriote sincère. Si l’affaire Global Voice passe, ce sera une grande injustice pour le peuple sénégalais qui sera dépouillé, si les prévisions de chiffres d’affaires se réalisent, de trois cents milliards de FCFA en cinq ans, au vu et au su de tout le monde. Il faut arrêter le processus avant qu’il ne soit trop tard. Se taire serait synonyme de complicité passive, pour qui sait.
Global Voice est le genre de sociétés étrangères qui n’ont pas de marchés chez elles, mais ne ciblent que des Etats d’Afrique où certaines négociations peuvent, malheureusement, se conclure facilement pour des raisons de nature différente. Le décret pris au Sénégal pour introduire Global Voice n’est d’ailleurs qu’une copie conforme de celui élaboré au Congo, à une virgule près.
Comment peut-on confier une mission de contrôle à une société qui n’est pas capable de gagner ce marché de contrôle en Europe ou aux Etat Unis, une société qui n’est référencée par aucune école de télécommunications, une société qui n’a des marchés qu’en discutant avec des gouvernements d’Afrique sub-saharienne et jamais par appel d’offres ?
Global Voice propose au Sénégal des équipements de contrôle qui coûtent au maximum 2 millions d’euros (1 milliard 300 millions F CFA) sur le marché international, somme largement inférieure aux 7 à 10 milliards de F CFA annoncés par Global Voice. Ce sont des tarifs standards que tous les spécialistes des télécommunications connaissent et le Sénégal peut les acquérir en moins d’un mois. Ces équipements sont loin d’être rares et loin de procéder d’une technologie exceptionnelle.
Comment peut-on accepter de verser à une société qui n’a même pas développé le système informatique standard, environ 50% des recettes, soit 5 milliards de F CFA par mois, au même titre que l’Etat? En une année, Global Voice Group encaisserait 60 milliards de F CFA et 300 milliards de F CFA durant toute la période du contrat de cinq ans. Avec ce montant, il est possible de relier tous les pays d’Afrique occidentale à l’Europe par fibre optique. Ainsi les coûts d’accès à la bande passante d’Internet seront très faibles et les coûts des communications téléphoniques seront très bas, facilitant la réduction de la fracture numérique chère au Président sénégalais.
Il s’y ajoute que le Sénégal regorge de dignes fils bien formés et capables de construire l’ensemble des applications et de faire fonctionner les équipements. Ainsi, le pays aura des équipements et des technologies qui lui appartiennent et qu’il pourra proposer à d’autres pays amis d’Afrique et d’ailleurs. De nombreux services supplémentaires à valeur ajoutée pourront également être développés et proposés sur le marché mondial. Le Sénégal ferait ainsi honneur à son haut rang de pays dynamique en matière de nouvelles technologies de l’information et de la communication et renforcerait ainsi son potentiel pour devenir à brève échéance un pays émergent ou la pauvreté aura été vaincue.
Une autre raison pour ne pas confier le contrôle des communications entrantes à Global Voice réside dans ce que cette société possède une filiale qui s’appelle System One qui est opérateur de télécommunications et qui va, indûment, concurrencer les opérateurs locaux. Ce qui ne serait pas un bon arbitrage. L’ARTP, en tant que qu’agence chargée de la régulation, ne devrait pas cautionner cette pratique. La mission de contrôle des communications entrantes devrait donc être confiée à une institution publique nationale qui n’aura besoin que d’une assistance technique d’au plus une année pour gagner en autonomie de gestion du système de contrôle. Le pays n’a ni besoin de cinq années de contrat ni des 14 personnes mises à disposition par Global Voice.
Le système permettra de contrôler les fraudeurs qui changent souvent de méthode et de comportement. Et, il faut être averti pour les confondre. Global Voice dit qu’elle a déjà détecté 10.000 lignes en fraude. Ces propos n’engagent qu’elle. Il ne suffit pas de dire que telle ligne a fraudé et puis c’est tout, avec comme seul souci de convaincre de la pertinence de sa proposition. C’est le comportement du fraudeur qu’il faut savoir. Ce sont des éléments de ce type qu’il faut préciser. Compter des minutes et déceler la fraude sont deux choses différentes.
Sur le coté sécuritaire, les droits ne sont pas les mêmes. Par exemple, les services nationaux de sécurité, instruits par la Justice, peuvent avoir tous les droits de recherche sur le système de contrôle, tandis que l’ARTP et le Gouvernement ne devraient accéder qu’au nombre de minutes appelées. Un système de sécurité peut être installé de telle sorte qu’à chaque recherche, on puisse connaître la personne qui a recherché une information, à quel moment et pour résultat de sa requête. L’autorité hiérarchique doit valider chaque recherche avant qu’elle ne s’effectue.
En définitive, les représentants de l’Etat qui ont choisi Global Voice ne la connaissent peut être pas assez ou n’ont pas voulu, pour des raisons inconnues, investiguer sur elle. Ce n’est pas pour rien que certains pays ont coupé le lien avec elle dès qu’ils ont découvert le pot aux roses. Le Gouvernement sénégalais doit faire de même, sans tarder, et mettre en place un système efficace pour traquer les fraudes, efficient dans son coût d’acquisition, performant dans ses rendements et doté de hautes normes de sécurité et de protection des données individuelles.
Par Moubarack LO, économiste, Président de l’Institut Emergence, Email : moubaracklo@gmail.com
et Abdoulaye Diagne, expert en système d’information et en intelligence économique, Directeur de Agensys, email : agensys@gmail.com
Global Voice est le genre de sociétés étrangères qui n’ont pas de marchés chez elles, mais ne ciblent que des Etats d’Afrique où certaines négociations peuvent, malheureusement, se conclure facilement pour des raisons de nature différente. Le décret pris au Sénégal pour introduire Global Voice n’est d’ailleurs qu’une copie conforme de celui élaboré au Congo, à une virgule près.
Comment peut-on confier une mission de contrôle à une société qui n’est pas capable de gagner ce marché de contrôle en Europe ou aux Etat Unis, une société qui n’est référencée par aucune école de télécommunications, une société qui n’a des marchés qu’en discutant avec des gouvernements d’Afrique sub-saharienne et jamais par appel d’offres ?
Global Voice propose au Sénégal des équipements de contrôle qui coûtent au maximum 2 millions d’euros (1 milliard 300 millions F CFA) sur le marché international, somme largement inférieure aux 7 à 10 milliards de F CFA annoncés par Global Voice. Ce sont des tarifs standards que tous les spécialistes des télécommunications connaissent et le Sénégal peut les acquérir en moins d’un mois. Ces équipements sont loin d’être rares et loin de procéder d’une technologie exceptionnelle.
Comment peut-on accepter de verser à une société qui n’a même pas développé le système informatique standard, environ 50% des recettes, soit 5 milliards de F CFA par mois, au même titre que l’Etat? En une année, Global Voice Group encaisserait 60 milliards de F CFA et 300 milliards de F CFA durant toute la période du contrat de cinq ans. Avec ce montant, il est possible de relier tous les pays d’Afrique occidentale à l’Europe par fibre optique. Ainsi les coûts d’accès à la bande passante d’Internet seront très faibles et les coûts des communications téléphoniques seront très bas, facilitant la réduction de la fracture numérique chère au Président sénégalais.
Il s’y ajoute que le Sénégal regorge de dignes fils bien formés et capables de construire l’ensemble des applications et de faire fonctionner les équipements. Ainsi, le pays aura des équipements et des technologies qui lui appartiennent et qu’il pourra proposer à d’autres pays amis d’Afrique et d’ailleurs. De nombreux services supplémentaires à valeur ajoutée pourront également être développés et proposés sur le marché mondial. Le Sénégal ferait ainsi honneur à son haut rang de pays dynamique en matière de nouvelles technologies de l’information et de la communication et renforcerait ainsi son potentiel pour devenir à brève échéance un pays émergent ou la pauvreté aura été vaincue.
Une autre raison pour ne pas confier le contrôle des communications entrantes à Global Voice réside dans ce que cette société possède une filiale qui s’appelle System One qui est opérateur de télécommunications et qui va, indûment, concurrencer les opérateurs locaux. Ce qui ne serait pas un bon arbitrage. L’ARTP, en tant que qu’agence chargée de la régulation, ne devrait pas cautionner cette pratique. La mission de contrôle des communications entrantes devrait donc être confiée à une institution publique nationale qui n’aura besoin que d’une assistance technique d’au plus une année pour gagner en autonomie de gestion du système de contrôle. Le pays n’a ni besoin de cinq années de contrat ni des 14 personnes mises à disposition par Global Voice.
Le système permettra de contrôler les fraudeurs qui changent souvent de méthode et de comportement. Et, il faut être averti pour les confondre. Global Voice dit qu’elle a déjà détecté 10.000 lignes en fraude. Ces propos n’engagent qu’elle. Il ne suffit pas de dire que telle ligne a fraudé et puis c’est tout, avec comme seul souci de convaincre de la pertinence de sa proposition. C’est le comportement du fraudeur qu’il faut savoir. Ce sont des éléments de ce type qu’il faut préciser. Compter des minutes et déceler la fraude sont deux choses différentes.
Sur le coté sécuritaire, les droits ne sont pas les mêmes. Par exemple, les services nationaux de sécurité, instruits par la Justice, peuvent avoir tous les droits de recherche sur le système de contrôle, tandis que l’ARTP et le Gouvernement ne devraient accéder qu’au nombre de minutes appelées. Un système de sécurité peut être installé de telle sorte qu’à chaque recherche, on puisse connaître la personne qui a recherché une information, à quel moment et pour résultat de sa requête. L’autorité hiérarchique doit valider chaque recherche avant qu’elle ne s’effectue.
En définitive, les représentants de l’Etat qui ont choisi Global Voice ne la connaissent peut être pas assez ou n’ont pas voulu, pour des raisons inconnues, investiguer sur elle. Ce n’est pas pour rien que certains pays ont coupé le lien avec elle dès qu’ils ont découvert le pot aux roses. Le Gouvernement sénégalais doit faire de même, sans tarder, et mettre en place un système efficace pour traquer les fraudes, efficient dans son coût d’acquisition, performant dans ses rendements et doté de hautes normes de sécurité et de protection des données individuelles.
Par Moubarack LO, économiste, Président de l’Institut Emergence, Email : moubaracklo@gmail.com
et Abdoulaye Diagne, expert en système d’information et en intelligence économique, Directeur de Agensys, email : agensys@gmail.com