Les conditions d’hygiène «indignes», la surpopulation, le manque de lumière, de ventilation, de chauffage, qui sont le lot des camps de rétention des étrangers en Grèce, mettent leur santé physique et mentale en danger, a dénoncé mardi les Médecins sans frontières (MSF).
Au camp de rétention de Komotini (nord de la Grèce), «j’ai vu les eaux sales des toilettes aboutir dans des sacs plastiques accrochés aux tuyaux cassés», a expliqué, photos à l’appui, le docteur Apostolos Veizis, chef de mission de MSF lors d’une conférence de presse à Athènes.
Autre version du dysfonctionnement de ce camp, selon MSF: les eaux des toilettes du premier étage coulant dans les douches du rez-de-chaussée.
«Des milliers de migrants souffrent en silence de conditions de rétention inhumaines qui portent atteinte à leur dignité et leur santé», a commenté la directrice de MSF Grèce Marietta Provopoulou lors de la présentation d’un rapport, basé sur les constats de l’organisation présente depuis 2008 dans les centres de rétention du pays.
«La plupart des problèmes de santé physiques ou mentaux des migrants sont liés à leurs conditions de rétention», a estimé le Dr. Veizis, citant les pathologies respiratoires, intestinales, musculaires, les maladies de peau.
«Le manque de lumière naturelle, de ventilation, de chauffage sont un souci dans la plupart des centres», décrit le rapport citant aussi la «surpopulation et la mauvaise alimentation».
La Grèce dispose d’un peu plus de 6.000 places de rétention, selon MSF, dans plus de dix centres à travers le pays et sur ses îles mais a également recours à l’enfermement des migrants dans les cellules des commissariats où les conditions sont encore plus mauvaises, où l’accès aux toilettes ou à un espace extérieur est impossible, alerte l’organisation.
Or la rétention administrative des migrants en Grèce peut légalement durer jusqu’à 18 mois (contre 45 jours en France) et est appliquée «à large échelle», dénonce MSF, y compris pour les «groupes vulnérables», malades ou mineurs.
En février et mars 2013, alors que MSF intervenait dans des centres du nord du pays, «neuf tentatives de suicide sont intervenues», a rapporté Ioanna Kotsioni, conseillère «migration», témoignant de la désespérance des migrants enfermés.
Quelque 43.002 migrants illégaux ont été arrêtés en 2013 en Grèce, l’une des principales portes d’entrée dans l’Union européenne (UE), un chiffre quasiment divisé par deux (-44%) par rapport à 2012, selon le ministère grec de l’Ordre public.
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