Grève des agents des bus «Tata» et 3e Vague Covid19: Le péril des usagers

Cette grève des agents des bus "Tata" membres de l’Association de Financement des Transports Urbains (AFTU) n’est pas pour faciliter les choses au moment où le Sénégal est de plain-pied dans une troisième vague de Covid19. Décrété pour 48 heures, ce mouvement d’humeur a provoqué des désagréments notables chez une large frange des travailleurs, élèves et étudiants, commerçants et autres. Ils ont été nombreux à être bloqués au niveau des arrêts notamment les ronds-points dont Case-ba, Liberté 6, Jet d’eau, Castors, entre autres.



Angoisse et inquiétude. Ce sont les mots les mieux partagés par les usagers des bus et mini-bus "Tata". C’est une nuée de personnes qui se constelle les différents ronds-points, arrêts bus de Dakar et sa banlieue. Les travailleurs ne peuvent rejoindre leur lieu de travail. Les pères et chefs de famille qui préparent la fête de la Tabaski n’arrivent pas à se déplacer, les élèves dont ceux et celles de l’élémentaire en composition, beaucoup sont arrivés en retard. 

A côté de ces désagréments et privation, les conséquences de la grève de 48h des agents des bus "Tata" se feront sentir dans les prochains points Coronavirus. En effet avec les rassemblements notés un peu partout et les congestions notées dans les autres moyens de transport comme les taxis, "Car rapide", ‘’Ndiaga  Ndiaye" et autres.  Ce sont ainsi des courses, des disputes et des bousculades indescriptibles soit pour se frayer un chemin mais aussi une place. Cette confusion et ces précipitation au mépris des gestions barrières exposent ce beau monde au virus de la COVID19 qui est en train de faire feu de tout bois actuellement au Sénégal avec le variant «Delta». 

«Je suis devant l’arrêt de bus depuis plus de 45mn. Je n’arrive pas à me transporter», déclare Fatou Ndiaye, femme de ménage trouvée au rond-point Jet d’eau. Habillée en Tee-shirt blanc, pagne multicolore bien noué à la taille, elle craint que sa patronne lui crée des problèmes aujourd’hui. Fatou affirme n’avoir pas été au courant de cette grève des agents des bus "Tata". Elle lâche avec une voix tremblotante et désespérée : «Je ne savais pas que les travailleurs de AFTU étaient en grève. Je crains de perdre mon boulot parce que ma patronne est tellement exigeante. Je ne sais pas si elle va tolérer mon retard". Et de préciser : "si au moins j'étais au courant, j'allais la (Patronne) prévenir. Maintenant je ne sais pas quoi faire ou à quoi m’attendre". 



Le moment est mal choisi...


Au garage Liberté IV. C’est quasiment le même décor au rond-point. Il grouille de monde qui guette le moindre moyen de transport. Abdou Fall est commerçant au marché Sandaga. En jean et tee-shirt bleus, il a le visage couvert en partie par un masque. Les yeux hagards, le jeune homme ne cache pas ses propos. «au vue de ce qui se passe ici, les grévistes seront tenus responsables de l'augmentation des cas de covid_19 à cette approche de fête». Abdou Fall de marteler : "Qu'importe ce qu'ils réclament, le moment est mal choisi. A cette période de forte demande où les gens s'activent dans la préparation de la fête de Tabaski, une grève serait de trop pour les usagers». Pire, rugit-il «Avec le nombre de cas très excessif et alarmant que nous enregistrons ces temps-ci, c’est sûr que cette troisième vague sera plus virulente et une 4e vague est à envisager». 


Les craintes de M. Fall sont justifiées dans la mesure où en deux jours, entre les 10 et le 11 juillet près de 1000 cas positifs sont enregistrés. Cette inquiétude de Abdou Fall est partagée par ce gendarme en civil, qui n’est pas en service ce lundi. "Comme vous le voyez les autres moyens de transports sont aujourd'hui bondés de monde à cause de cette grève. Donc difficile de voir les usagers respectés la distanciation physique", déclare-t-il. 
 

Les Taximens profitent de la situation


Au rond-point Liberté 6. Trouver un véhicule relève d’un casse-tête chinois. Les usagers sont angoissés à suffisance. Dans tous les coins, des foules sont notées. Il y en qui se bousculent pour prendre des taxi-clandestins. Alors ceux ont plus de moins tentent avec les «taxis Jaune noir». 

En face de la station, non loin de l’arrêt bus. Une jeune dame est assiste sur une grosse pierre. L’air dépitée, elle se sert de son sac comme oreiller. Le visage froissé,  elle semble somnoler. "J’ai fait plus d'une heure à l'arrêt", se lamente Amy Dia. La dame travaille dans un atelier de couture au marché «Case-ba», situé aux Parcelles Assainies. La journée se complique déjà pour elle, puisqu'elle n'a que 1000 FCFA pour se rendre à son lieu de travail et payer son petit-déjeuner.

"Je dois me rendre à notre atelier de couture et je n'ai que 1000 FCFA pour mon transport et mon petit déjeuner. Et les taximens me facture 3000 à 4000 FCFA pour « Case-ba » c'est vraiment abusé. C’est difficile et écœurant pour moi. J’ai pensé même à un moment, renter à la maison mais que faire avec les commandes de la fête de Tabaski", s’interroge-t-elle.



Un autre endroit, même situation. C’est pire qu’un parcours du combattant. C’est plus une bataille de chiffonnier pour grimper à bord d’un «Car Rapide» ou d’un «Ndiaga Ndiaye». Hommes, femmes, jeunes et même quelques personnes âgées s’adonnent à un sprint d’enfer pour trouver de la place. La torride chaleur qui sévit sur Dakar ne décourage pas ces usagers «désespérés». 

Assy Fall. Une jeune dame la vingtaine bien sonnée n’est pas prête à consentir à ce sacrifice. Et pourtant, elle craint pour son stage. «J’ai peur parce qu’il s’agit de mon premier stage et ça serait gênant que j’arrive en retard. Je ne sais pas si ma hiérarchie aura la compréhension par rapport à la grève. Je n’ai pas les moyens pour le taxi. Ils réclament plus cher que d’habitude».


Fana CiSSE

Lundi 12 Juillet 2021 10:36


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