Celui qui était président de l'Assemblée, Raimundo Pereira, a prêté serment, mardi 3 mars 2009 en fin d'après-midi, comme chef de l'Etat par intérim. (Photo: AFP)
Est-ce une sortie de crise ou une impasse ? C'est la question qui se pose à Bissau après la nomination de Raimundo Pereira. Certes, la Constitution a été respectée au pied de la lettre dans le processus de transfert des pouvoirs. Ce qui permet aux dirigeants bissau-guinéens, et à l'Union africaine de sauver les apparences et de clamer qu'il n'y a aucune raison de sanctionner la Guinée-Bissau. Pourtant on est loin du consensus national et de la volonté de transparence.
Reconstruire les institutions
Ainsi les députés du PRS, le parti de l'ancien président Coumba Yalla, ont claqué la porte de l'Assemblée après s'être vu refuser un débat public sur les événements de ces derniers jours. De quoi alimenter les rumeurs les plus folles sur la mort du président Vieira et de son chef d'état-major.
Coté consensus, le Parti africain de l’indépendance de la Guinée-Bissau et du Cap Vert (PAIGC), majoritaire à l'Assemblée, refuse pour l'instant d'entendre parler de débat national, comme le réclament déjà plusieurs partis politiques.
Ces formations estiment important de profiter de la crise pour reconstruire les institutions. A titre d'exemple, ils évoquent l'obsolescence des textes. Ainsi la Constitution contredit la loi électorale sur l'organisation de la prochaine présidentielle. Sans un vrai débat, estime-t-on au PRS, le pays ne pourra pas sortir de la crise.
Un homme réputé fiable et ouvert
Le seul espoir viendra peut-être de la personnalité du président par intérim. Raimundo Pereira est un homme réputé fiable et ouvert. Après la transition de 2003, il s'était dit admiratif du travail effectué par le président intérimaire de l'époque, Henrique Rosa. Une transition jugée à l'époque exemplaire.
Raimundo Pereira, la cinquantaine, est habituellement défini comme étant un politicien modéré, partisan de la concertation politique et du consensus. Il a débuté sa carrière politique au sein du PAIGC, dont il est devenu vice-président. Juriste de formation, il a exercé, à plusieurs reprises des fonctions ministérielles, telles que secrétaire d’Etat à la Communication et ministre de la Justice, après avoir dirigé la radio et la télévision nationales. Il a été élu président de l’Assemblée nationale populaire en décembre dernier.
Pouvoirs très limités
Mais en tant que président par intérim, Raimundo Pereira ne dispose que de pouvoirs très limités. En fait sa seule tâche va consister à fixer, sur le calendrier, la date des élections. Il n'a ni le pouvoir de promulguer des lois, ni celui de prendre des décrets. Il n'a même pas la possibilité de nommer un nouveau chef d'état-major, après la mort du général Tagme Na Way. Autant dire qu'il est là pour expédier les affaires courantes. Et encore ce ne sera pas facile. Rien que le fait d'organiser le scrutin présidentiel pose problème. Ainsi, le scrutin doit être fixé dans les soixante jours, or la loi électorale prévoit un délai de 90 jours pour le dépôt et l'examen des candidatures.
L'UA écarte la thèse du coup d'Etat
De sources concordantes, le consensus entre Etats membres de l'UA a été très facile à obtenir. « Il y a eu beaucoup de questions, mais pas de difficultés en tant que telles », résume un participant. Le Conseil de paix et de sécurité a choisi d’accorder le bénéfice du doute aux militaires bissau-guinéens et de considérer l’hypothèse d’un assassinat pur et simple du chef de l’Etat, sans stratégie de prise de pouvoir.
Les déclarations du président exécutif de la Commission, Jean Ping, et du président politique de l’UA, Mouammar Kadhafi, qui tous deux évoquaient un coup d’Etat, n’ont pas été débattues. Pour certains représentants des Etats membres de l’Union, le vote du Parlement bissau-guinéen, qui fait du président de l’Assemblée le chef de l’Etat par intérim, conforte la décision du Conseil de paix et de sécurité.
Scepticisme
D’autres restent sceptiques, se demandant si la décision n’envoie pas un message funeste qu’on pourrait résumer en ces termes : «pour s’en débarrasser mieux vaut assassiner un président élu que le déposer, ça crée moins de problèmes ». Enfin, une inquiétude prévalait dans l’esprit de tous, les cartels de la drogue ont-ils réussi à infiltrer les institutions de Guinée-Bissau ? « Dans ce cas, résumait un diplomate, on n’est pas sorti de l’auberge ».
Source: RFI
Reconstruire les institutions
Ainsi les députés du PRS, le parti de l'ancien président Coumba Yalla, ont claqué la porte de l'Assemblée après s'être vu refuser un débat public sur les événements de ces derniers jours. De quoi alimenter les rumeurs les plus folles sur la mort du président Vieira et de son chef d'état-major.
Coté consensus, le Parti africain de l’indépendance de la Guinée-Bissau et du Cap Vert (PAIGC), majoritaire à l'Assemblée, refuse pour l'instant d'entendre parler de débat national, comme le réclament déjà plusieurs partis politiques.
Ces formations estiment important de profiter de la crise pour reconstruire les institutions. A titre d'exemple, ils évoquent l'obsolescence des textes. Ainsi la Constitution contredit la loi électorale sur l'organisation de la prochaine présidentielle. Sans un vrai débat, estime-t-on au PRS, le pays ne pourra pas sortir de la crise.
Un homme réputé fiable et ouvert
Le seul espoir viendra peut-être de la personnalité du président par intérim. Raimundo Pereira est un homme réputé fiable et ouvert. Après la transition de 2003, il s'était dit admiratif du travail effectué par le président intérimaire de l'époque, Henrique Rosa. Une transition jugée à l'époque exemplaire.
Raimundo Pereira, la cinquantaine, est habituellement défini comme étant un politicien modéré, partisan de la concertation politique et du consensus. Il a débuté sa carrière politique au sein du PAIGC, dont il est devenu vice-président. Juriste de formation, il a exercé, à plusieurs reprises des fonctions ministérielles, telles que secrétaire d’Etat à la Communication et ministre de la Justice, après avoir dirigé la radio et la télévision nationales. Il a été élu président de l’Assemblée nationale populaire en décembre dernier.
Pouvoirs très limités
Mais en tant que président par intérim, Raimundo Pereira ne dispose que de pouvoirs très limités. En fait sa seule tâche va consister à fixer, sur le calendrier, la date des élections. Il n'a ni le pouvoir de promulguer des lois, ni celui de prendre des décrets. Il n'a même pas la possibilité de nommer un nouveau chef d'état-major, après la mort du général Tagme Na Way. Autant dire qu'il est là pour expédier les affaires courantes. Et encore ce ne sera pas facile. Rien que le fait d'organiser le scrutin présidentiel pose problème. Ainsi, le scrutin doit être fixé dans les soixante jours, or la loi électorale prévoit un délai de 90 jours pour le dépôt et l'examen des candidatures.
L'UA écarte la thèse du coup d'Etat
De sources concordantes, le consensus entre Etats membres de l'UA a été très facile à obtenir. « Il y a eu beaucoup de questions, mais pas de difficultés en tant que telles », résume un participant. Le Conseil de paix et de sécurité a choisi d’accorder le bénéfice du doute aux militaires bissau-guinéens et de considérer l’hypothèse d’un assassinat pur et simple du chef de l’Etat, sans stratégie de prise de pouvoir.
Les déclarations du président exécutif de la Commission, Jean Ping, et du président politique de l’UA, Mouammar Kadhafi, qui tous deux évoquaient un coup d’Etat, n’ont pas été débattues. Pour certains représentants des Etats membres de l’Union, le vote du Parlement bissau-guinéen, qui fait du président de l’Assemblée le chef de l’Etat par intérim, conforte la décision du Conseil de paix et de sécurité.
Scepticisme
D’autres restent sceptiques, se demandant si la décision n’envoie pas un message funeste qu’on pourrait résumer en ces termes : «pour s’en débarrasser mieux vaut assassiner un président élu que le déposer, ça crée moins de problèmes ». Enfin, une inquiétude prévalait dans l’esprit de tous, les cartels de la drogue ont-ils réussi à infiltrer les institutions de Guinée-Bissau ? « Dans ce cas, résumait un diplomate, on n’est pas sorti de l’auberge ».
Source: RFI