Guinée: le chef des putschistes dit vouloir lutter contre la corruption

Le capitaine Moussa Camara, chef des putschistes qui se sont emparés du pouvoir cette semaine en Guinée, a affirmé samedi qu'il appliquerait une politique de tolérance zéro contre la corruption, souhaitant renégocier les nombreux contrats miniers du pays et assurant que toute personne détournant des fonds publics serait tuée.



Le chef de la junte militaire de Guinée Conakry, capitaine Moussa Camara
Par ailleurs, il a affirmé qu'il allait permettre à l'opposition et aux responsables syndicaux de contribuer au choix du Premier ministre, ce qui apparaît comme une concession cinq jours après son coup d'Etat.

"On a bloqué le secteur minier. Il y aura une renégociation des contrats", a-t-il déclaré, juché sur une estrade en béton, à l'intérieur de la caserne d'où il a lancé le putsch mardi dernier. Pointant son doigt vers le ciel, il a juré de faire cesser la corruption de l'élite qui s'est appropriée les richesses minières et a laissé le pays de 10 millions d'habitants s'appauvrir.

"Toute personne coupable de détournement sera châtiée", a-t-il assuré, avant d'insister: "Pour celui qui détourne les fonds, il n'y aura pas de jugement. Il sera tué".

La clique au pouvoir dans le pays "crache aux visages des pauvres", s'enrichissant aux dépens de la population, a ajouté Moussa Camara.

La Guinée est le plus important exportateur au monde de bauxite, la roche qui constitue le principal minerai d'aluminium. Le pays produit aussi des diamants et de l'or. Mais sa richesse minière a été accaparée par les hommes forts du pouvoir et leurs proches pendant de nombreuses années.

Samedi, lors d'une rencontre avec des responsables syndicaux dans le principal camp militaire du pays, le capitaine Moussa Camara, qui s'est auto-proclamé mercredi chef du gouvernement par intérim de Guinée, a affirmé qu'il les laisserait proposer le nom d'un Premier ministre.

"Tout ce dont j'ai besoin, c'est de vos meilleures idées, et je n'ai pas besoin que vous veniez parler affaires avec moi", leur a-t-il déclaré.

Rabiatou Serah Diallo, à la tête de l'un des plus grands syndicats du pays, a accueilli favorablement la proposition du capitaine Camara. "S'ils dévient de la route qu'ils nous ont promis de suivre, alors ils nous trouveront en travers de leur chemin", a-t-elle assuré à propos des putschistes.

Les meneurs du coup d'Etat en Guinée ont également invité les diplomates étrangers à les rencontrer mardi prochain. La France, qui assure actuellement la présidence tournante de l'Union européenne, a fait savoir qu'elle participerait à cette réunion.

Le capitaine Camara, quasiment inconnu jusqu'au putsch mené cette semaine après la mort du dictateur Lansana Conté, a promis qu'une élection présidentielle serait organisée d'ici décembre 2010. Mais l'UE a demandé à la Guinée d'organiser un scrutin "démocratique et transparent" au cours du premier trimestre 2009. Les Etats-Unis ont appelé au rétablissement immédiat d'un pouvoir démocratique civil.

Vendredi, le président sénégalais Abdoulaye Wade a exhorté les pays voisins de la Guinée à ne pas intervenir et a laissé entendre que les putschistes pourraient organiser des élections plus tôt que promis, c'est-à-dire dans huit mois.

En 2007, les syndicats guinéens avaient organisé des manifestations durant plusieurs semaines, appelant le président Lansana Conté à démissionner. Ce dernier a réussi à conserver le pouvoir en acceptant de nommer un Premier ministre sur une liste de cinq noms potentiels approuvée par les syndicats.

Mais M. Conté avait subitement démis Lansana Kouyaté de ses fonctions, par décret présidentiel en mai dernier, après une cohabitation compliquée de quinze mois.

Vendredi, des dizaines de milliers de Guinéens ont assisté aux funérailles de Lansana Conté, décédé lundi après avoir dirigé le pays pendant près d'un quart de siècle. Sa dépouille a été inhumée dans son village natal de Moussayah, à environ 70 kilomètres de la capitale.
Source: AP

AP

Samedi 27 Décembre 2008 21:34


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