Hommage à Samba Tall. Par El Haj Babacar Faye



UN HEROS MECONNU UN HEROS NON CONNU

En cette matinée du 7 Décembre 2022, le réveil fut si brutal que nous en sommes arrivéà oublier que pendant trois ans nous y avons été préparés dans ces murs toujours infranchissables de l’Académie Royale Militaire.

Ce n’était point la sonnerie du téléphone qui symbolisait cette brutalité mais bien la nouvelle du décès du colonel (e.r) Samba Tall à l’aube naissante chez nous. Cette nouvelle qui figeait les membres du corps, visitait le corps par secousses, et encombrait l’esprit dans un embouteillage de souvenirs.

Un héros que la nation Sénégalaise devrait célébrer venait de livrer son dernier combat. Mais hélas, un héros dont les faits de guerre sont ignorés du grand public, mais surtout un héros dont la modestie et l’humilité empêchaient de s’épancher sur un parcours riche en défis, et en péripéties.

Eh oui !  Cher Bathie, le héros non connu 

Tu as été le premier sur le site de l’incident qui a couté la vie à un autre héros de la République, le Capitaine Mbaye Diagne. C’était le 31 mai 1994. Les images qui ont fait le tour du Monde te montrent portant ce camarade a bout de bras pour le sortir du véhicule.

Avant cela, le 7 Avril alors que les tueries avaient commencé à se généraliser dans Kigali, tu as été le premier à te porter volontaire pour aller récupérer des camarades Sénégalaisqui avaient refusé d’abandonner une cinquantaine de leurs voisins venus se réfugier chez eux car craignant pour leur vie.Tu te feras rejoindre par deux autres camarades (capitaine Bou Sene, et commandant Madjimby Diop tous deux de la gendarmerie). Grace a cet engagement, les quatre sénégalais et les 49 résidents avaient pu être sauvés

Le même soir, tu étais encore volontaire pour extraire deux camarades maliens coincés dans un quartier ou la bataille faisait rage. Malgré les risques alentours, j’avais pu observer à partir de mon siège de chef de bord, le stoïcisme dans tes gestes, le détachement par rapport au danger, mais surtout la détermination dans un calme olympique à sauver des camarades.

Eh oui ! si les faits héroïques définissent les héros, vous en êtes un.

De Sous-lieutenant à Lieutenant -colonel, tu as régulièrement été déployé en Casamance ou la constance dans l’engagement, la témérité des choix, mais aussi le leadership éclairé et désintéressé t’ont valu « corps » avec tes subordonnés sur le terrain. 

Eh oui cher Bathie

Ton sens du terrain, ton flair commando, et cette intelligence qui te collait partout ont été certainement les facteurs du succès historique de ton raid à la tête du bataillon commando qui avait permis de déloger Salif Sadio et ses combattants de leur sanctuaire dans le Sindian, et du contrôle effectif de leurs bases. Ce succès des Armées fut un tournant dans la lutte contre le MFDC.

Il ne fut souvent pas raconté, comme ne le furent pas aussi tes succès aux différents concours militaires.

Major au concours d’Etat -major 
Major au concours de l’Ecole Supérieure de Guerre 

En somme, la constance dans l’excellence 

La pleine reconnaissance de tes mérites viendra hélas des Nations Unies ou tu faisais la fierté du Département des affaires politiques avant de t’imposer comme pierre angulaire de OROLSI (Office of rule olaw and securityInstitutions) en tant que chef DDR/SSR. Dans tes périples àtravers le monde tu as su laisser une empreinte mais surtout une image reluisante de notre Armée et de notre cher pays

La seule évocation de ton nom dans les coulisses de ces départements déclenchait un chapelet d’éloges sur la qualité de ton leadership, ta courtoisie, ton efficacité, et ton professionnalisme confirmant ainsi la longue tradition de qualité du label « Sénégal » à L’ONU.

Quel ambassadeur ! 

Cher Bathie

Bien sûr ces souvenirs restent en parfaite cohérence avec la personnalité de celui dont je magnifie à titre posthume,l’amitié, l’altruisme, la générosité, la politesse, la fidélité en amitié, et le courage.

Tu es parti discrètement, comme tu as vécu, très loin d’ici avec comme seul témoin, un frère encore inconsolable mais avec un ressenti toujours pénible pour tes compagnons d’hier.

Que dire de plus sinon, continuer à prier et à nous souvenir.

Je t’ai visité plusieurs fois   tu dors, d’un sommeil de juste pour l’éternité en me disant chaque fois « Et pourtant, il a bien une place dans un Panthéon».

Repose en paix cher Jambaar;

Cher jeune 

Cher compagnon de combat 

Et pour paraphraser un poète de chez nous, que mes écrits perpétuent ton souvenir.

Ton ancien

 
GB (2S) Elhadji Babacar Faye


AYOBA FAYE

Mercredi 6 Décembre 2023 15:05


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