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Il y a dix ans, le massacre de Charlie Hebdo: les réactions en Afrique

C’était il y a dix ans, le 7 janvier 2015, l’attaque contre la rédaction du journal satirique français Charlie Hebdo. Un attentat islamiste qui fit 12 morts, dont 8 morts parmi les membres de la rédaction du journal : les dessinateurs Cabu, Charb, Honoré, Tignous et Wolinski, la psychanalyste Elsa Cayat, l'économiste Bernard Maris et le correcteur Mustapha Ourrad. L'attaque avait provoqué une émotion mondiale et donné naissance à un slogan de soutien « Je suis Charlie ». Le 11 janvier 2015, des manifestations avaient réuni près de quatre millions de personnes à travers la France, avec de nombreux chefs d'État et de gouvernement étrangers.



Il y a dix ans, le massacre de Charlie Hebdo: les réactions en Afrique
On se souviendra du président malien, Ibrahim Boubakar Keita, défilant en première ligne lors de la grande marche républicaine à Paris, bras dessus-bras dessous, avec le président François Hollande… Présents également dans le cortège les présidents du Niger, Mahamadou Issoufou, du Sénégal, Macky Sall, du Bénin Thomas Boni Yayi, du Togo, Faure Gnassingbé ou encore du Gabon, Ali Bongo…
 
Six chefs d’État africains – ainsi que le Premier ministre tchadien et le ministre des Affaires étrangères algérien – tous venus marquer leur compassion pour la France et condamner cet acte terroriste.
 
Car l’attaque contre l’hebdomadaire français avait non seulement provoqué une onde de choc en France, mais également en Afrique, confrontée à la montée des extrémismes.
 
La presse du continent avait d’ailleurs fait part de sa révulsion : plusieurs quotidiens titrant « Je suis Charlie », tels que Lequotidien sénégalais ou le Mail and Guardian sud africain.
 
Mais si la presse a été assez unanime dans sa condamnation, les réactions ont été plus mitigées dans les rues des capitales africaines. Une opinion publique partagée entre la défense de la liberté d'expression et le respect des valeurs religieuses.
 
« Lorsqu'il s'agit de croyance, il y a souvent peu d'espace pour le débat ou la discussion »
En 2009, le caricaturiste ougandais, universitaire et militant des droits humains Jimmy Spire Ssentongo avait reçu des menaces avec la publication d'un dessin jugée blasphématoire. Depuis, et plus encore après les attentats de Charlie Hebdo, dit-il, il a tendance à privilégier les sujets politiques, plutôt que les dessins sur des sujets religieux. Il explique sa démarche au micro de Florence Morice, de la rédaction Afrique : « J'ai décidé de dessiner de moins en moins sur les questions religieuses, qui soulèvent beaucoup d'émotions, et sont complexes, difficiles à aborder par le dessin sans avoir l'air d'empiéter sur la liberté de culte des autres.
 
En tant que caricaturiste, je comprends que ma liberté ne soit pas absolue : elle doit être guidée par certains principes. Parfois, nous sommes si absorbés par ce que nous faisons et par nos convictions que nous oublions de penser à ceux qui reçoivent nos messages. C'est pour cette raison que je choisis de ne pas dessiner sur ces sujets, uniquement pour faire rire, il faut vraiment qu'il y ait une raison, quelque chose à défendre. La religion, cependant, possède une particularité : elle repose sur la foi. Et lorsqu'il s'agit de croyance, il y a souvent peu d'espace pour le débat ou la discussion. On peut avoir l'intuition que certaines choses sont problématiques, mais comment les remettre en question, et engager une vraie discussion lorsqu'on parle de croyances. C'est là toute la difficulté des sujets religieux, comparés à d'autres, comme la politique. »

RFI

Mardi 7 Janvier 2025 - 09:00


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