
L’année 1965, deux conférences internationales sur les archives et l’histoire africaine à Dar es Salam et à Saint-Louis et Dakar du Sénégal. La première conférence est du fait des historiens africains et la deuxième de l’Association international pour le développement des Archives et des bibliothèques. La déclaration de Dakar propose trois options pour l'avenir des archives de l’AOF :
Confier la gestion du fonds à l'Organisation de l'Unité Africaine (OUA) : Cette solution visait à placer les archives sous l'égide d'une organisation panafricaine, garantissant ainsi leur accessibilité à tous les États membres.
Fusionner les archives de l'AOF avec les archives du Sénégal : En contrepartie, le Sénégal s'engagerait à fournir des microfilms des fonds concernés aux autres États de l'ex-AOF et du Togo.
Répartir les fonds entre les anciens territoires : Cette solution, bien que semblant logique, a été jugée "la moins recommandable" par E. Dadzie, car elle irait à l'encontre du principe de respect des fonds, qui préconise de ne pas désunir les archives produites par une institution.
Quelques temps après la conférence de Saint-Louis et de Dakar, la Côte d’Ivoire réclame sa part d’archives dans le fonds de l’AOF. Le Dahomey lui emboite le pas. L’association est contrainte de faire un communiqué pour démentir être impliqué dans ces réclamations en affirmant que la Guinée avait déjà formulé pareille demande à la France en 1959.
En 1967, le Niger vient de réclamer ses archives, conservées dans le fonds de l'Afrique occidentale Française (AOF) à Dakar. Le président Senghor, soucieux de maintenir de bonnes relations avec ses voisins, est prêt à céder. Mais Jean-François Maurel, directeur des Archives du Sénégal, a une autre idée.
Pour convaincre les conseillers du président, Maurel utilise une métaphore simple mais efficace : "Si on coupe en huit un billet de 5000 francs, chaque partie aura un morceau de papier, mais sûrement pas d'argent". Autrement dit, si on divise les archives de l'AOF, chaque pays aura des documents, mais l'ensemble perdra sa valeur historique et documentaire. L'argument fait mouche. Senghor, séduit par la pédagogie de Maurel, change d'avis. Le principe du respect des fonds, qui préconise de ne pas désunir les archives produites par une institution, est ainsi préservé.
Cette anecdote, rapportée par Saliou Mbaye dans son ouvrage "Ndande Fall Keur Madame", illustre l'importance de la conservation des archives dans leur intégralité. Le fonds de l'AOF, témoin de la période coloniale, est une source précieuse pour l'histoire africaine. Grâce à la perspicacité de Jean-François Maurel, ce patrimoine a été sauvé de la dispersion.
Les campagnes de microfilmage entrepris dès 1961 avec la France et plus tard avec quelques Etats africains ont permis de résoudre la question de la propriété et de la garde des archives maintenues à Dakar et désormais classées dans le registre mémoire du monde de l’UNESCO, ce qui renforce la responsabilité du Sénégal vis-à-vis des pays dont la garde de la mémoire est sous sa responsabilité.
Confier la gestion du fonds à l'Organisation de l'Unité Africaine (OUA) : Cette solution visait à placer les archives sous l'égide d'une organisation panafricaine, garantissant ainsi leur accessibilité à tous les États membres.
Fusionner les archives de l'AOF avec les archives du Sénégal : En contrepartie, le Sénégal s'engagerait à fournir des microfilms des fonds concernés aux autres États de l'ex-AOF et du Togo.
Répartir les fonds entre les anciens territoires : Cette solution, bien que semblant logique, a été jugée "la moins recommandable" par E. Dadzie, car elle irait à l'encontre du principe de respect des fonds, qui préconise de ne pas désunir les archives produites par une institution.
Quelques temps après la conférence de Saint-Louis et de Dakar, la Côte d’Ivoire réclame sa part d’archives dans le fonds de l’AOF. Le Dahomey lui emboite le pas. L’association est contrainte de faire un communiqué pour démentir être impliqué dans ces réclamations en affirmant que la Guinée avait déjà formulé pareille demande à la France en 1959.
En 1967, le Niger vient de réclamer ses archives, conservées dans le fonds de l'Afrique occidentale Française (AOF) à Dakar. Le président Senghor, soucieux de maintenir de bonnes relations avec ses voisins, est prêt à céder. Mais Jean-François Maurel, directeur des Archives du Sénégal, a une autre idée.
Pour convaincre les conseillers du président, Maurel utilise une métaphore simple mais efficace : "Si on coupe en huit un billet de 5000 francs, chaque partie aura un morceau de papier, mais sûrement pas d'argent". Autrement dit, si on divise les archives de l'AOF, chaque pays aura des documents, mais l'ensemble perdra sa valeur historique et documentaire. L'argument fait mouche. Senghor, séduit par la pédagogie de Maurel, change d'avis. Le principe du respect des fonds, qui préconise de ne pas désunir les archives produites par une institution, est ainsi préservé.
Cette anecdote, rapportée par Saliou Mbaye dans son ouvrage "Ndande Fall Keur Madame", illustre l'importance de la conservation des archives dans leur intégralité. Le fonds de l'AOF, témoin de la période coloniale, est une source précieuse pour l'histoire africaine. Grâce à la perspicacité de Jean-François Maurel, ce patrimoine a été sauvé de la dispersion.
Les campagnes de microfilmage entrepris dès 1961 avec la France et plus tard avec quelques Etats africains ont permis de résoudre la question de la propriété et de la garde des archives maintenues à Dakar et désormais classées dans le registre mémoire du monde de l’UNESCO, ce qui renforce la responsabilité du Sénégal vis-à-vis des pays dont la garde de la mémoire est sous sa responsabilité.
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