Quatre mois après la prise de pouvoir par la coalition rebelle Seleka, la Cour pénale internationale (CPI) tire la sonnette d’alarme. L’organisation se déclare préoccupée par la situation des droits de l'homme dans le pays.
Cette déclaration de la CPI suit la publication d'un rapport d'experts indépendants de l'ONU. Ces derniers soulignent l'ensemble des problèmes humanitaires sur place, à savoir les viols, les meurtres, les attaques contre des civils et le recrutement d'enfants soldats. Ils s'inquiètent globalement du climat généralisé d'insécurité et de l'absence d'Etat de droit.
De son côté, le secrétaire adjoint de l'ONU aux droits de l'homme a dénoncé l'absence de police, de système judiciaire et de services sociaux. Récemment, plusieurs ONG dont Médecins sans frontières (MSF), Action contre la faim et Médecins du monde ont, quant à eux, dénoncé la situation d'abandon humanitaire et sanitaire du pays.
« Accompagner le développement »
Ces constats s'ajoutent à celui de la relative passivité de la communauté internationale. Certains observateurs ne manquent pas de rappeler son activisme dans d'autres pays comme au Mali ou encore en Libye.
Interviewée par RFI, Isabelle Le Gall, chef de mission pour MSF en RCA, estime qu’« il n’y a quasiment aucune attention » et que les problèmes liés à cette situation en Centrafrique doivent être « remis dans les discussions, au niveau politique, au sein de l’Union européenne et africaine pour qu’il y ait un soutien à tous les niveaux, qu’il soit financier ou d’accompagnement du développement du pays. »
Par ailleurs, elle pense surtout qu’auparavant, « il y avait déjà beaucoup de choses à faire et que le peu qui était en train de se mettre en place a été complètement gelé ces derniers mois ». Et d'ajouter : « L’Union européenne a gonflé ses financements ; les Nations unies sont en train de reparler de redéploiement. » Avant de conclure : « J’attends de voir un peu comment tout cela va se concrétiser sur le terrain. »
Réfugiés, le calvaire
Les acteurs humanitaires tentent de revenir dans le pays. Plusieurs milliers de Centrafricains - et de réfugiés étrangers présents en Centrafrique - vivent de l’aide humanitaire. Mais depuis lecoup d’Etat de mars dernier, les interventions humanitaires ont été suspendues et le personnel évacué des zones d’intervention.
Ce retour donne de l’espoir, par exemple du côté des réfugiés soudanais du camp de Pladama-Ouaka, dans la sous-préfecture de Bambari. Depuis 2010, plus de 2 000 Soudanais, fuyant les combats au Darfour, ont en effet été installés là, près de la ville de Bambari.
Ils vivent totalement de l’aide humanitaire, sous toutes ses formes. Mais la crise qui perdure depuis décembre, accentuée par le retrait des humanitaires, n'en finit plus. Et ces réfugiés vivent un véritable calvaire.
« KO » total
Le représentant des réfugiés confie à RFI que « ce qui nous a manqué, c’est le produit PAM(Programme alimentaire mondial, NDLR). Le camp avait beaucoup souffert, nous avons vraiment faim. Le second problème, c'est la santé et ensuite l’éducation des enfants. »
Pour survivre, les réfugiés sont obligés de vendre leurs biens. « Nous avons passé un moment difficile, témoigne Fatima, une réfugiée. On est obligé de vendre même nos habits, pour acheter de quoi manger. C’est grâce au HCR (Haut Commissariat aux réfugiés, ONU, NDLR) que nous avons ces habits que vous voyez. »
Le temps passe et la situation sécuritaire ne s’améliore pas. L'urgence humanitaire est ici une réalité. Une question de survie, tout simplement. De nombreuses ONG parlent même d’un imminent « KO » total. D’où le nécessaire retour des acteurs humanitaires.
15 août, retour définitif ?
Gogo Hukportie, représentante du HCR en Centrafrique, a mentionné que « nous sommes de retour. C’est vrai que la situation sécuritaire n’est pas au top, mais nous faisons le maximum. Et, nous allons même en équipe mobile pendant plusieurs jours les assister et revenir. »
La communauté humanitaire a fixé au 15 août prochain la date de son retour définitif en Centrafrique. Cependant sur le terrain, l’inquiétude demeure, et l’absence de sécurité pourrait remettre en partie en cause ce nouveau déploiement, ou du moins son efficacité.
Source : Rfi.fr
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