Qui contrôle internet ? Par essence, personne ! C'est un réseau décentralisé où circulent des données qui vont et viennent de partout, voyagent dans tous les sens, n’a pas de centre défini mais plusieurs, ne peut pas être «contrôlé». Voilà ce que l'on croit généralement. Mais les révélations de l’espionnage massif des communications électroniques de millions d’internautes par l’agence de sécurité américaine, la NSA, prouvent qu’il n’en est rien.
Si l’on dessine la carte de l’infrastructure «décentralisée» d’internet, on s’aperçoit que les multiples centres ou «nœuds du réseau» par lesquels transite la quasi-totalité des communications de la planète, sont principalement installés, entretenus et gérés aux Etats-Unis qui en gardent jalousement le contrôle.
En réalité, les choses ne sont pas si simple : contrôler ne veut pas dire «surveiller» ou «espionner», mais «maîtriser», «réparer», «développer», toutes les technologies nécessaires au bon fonctionnement du réseau. Et c’est déjà beaucoup, cette «gouvernance» sans partage des infrastructures facilite bien évidemment la surveillance du Net par les services secrets américains.
Système public de cryptage des données
La présidente du Brésil Dilma Rousseff estime que le «réseau mondial d’espionnage électronique» comme elle le nomme, qui a piraté ses communications, celles de ses collaborateurs et de millions de citoyens brésiliens, doit être réformé de fond en comble. Elle propose le «Marco Civil da Internet», une «Constitution» pour le réseau, qui garantit la protection de la vie privée ou la liberté d’expression de tous ses usagers.
Cette législation imaginée pour le Brésil servira de modèle à l’international, et contiendra par exemple une obligation pour les fournisseurs de services et d’accès à la Toile, ainsi que pour les pouvoirs publics, la garantie que le réseau restera un espace neutre, ouvert, et sans couleur politique.
Une révolution du Net qui se concrétisera bientôt par la construction de nouveaux câbles sous-marins, la distribution d’un système public de cryptage des données, et la contrainte pour les géants de l’Internet comme Facebook ou Google de stocker les données des Brésiliens sur le territoire national.
Le «Marco Civil da Internet» au Brésil préfigure ce que sera la mondialisation de la gouvernance d’Internet, «un cyberespace, dans lequel toutes les parties prenantes, y compris les gouvernements, participent à son développement sur un pied d’égalité» espère Dilma Rousseff.
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