Photo: www.sceren.fr
Les groupes de presse qui avaient vite compris les opportunités
qu’offrait Internet l’avaient investi seulement quelques mois après la
connexion officielle du Sénégal survenue en 1996.
Sud Communication, Walf Fadjri et le Soleil, pour ne citer que ces
trois groupes de presse, y disposaient chacun d’une édition en ligne.
Pour le cas de Walf Fadjri et Sud Communication, en plus de leurs
journaux, leurs radios respectives Walf FM et Sud FM pouvaient être
écoutées de partout dans le monde et en temps réel.
Aujourd’hui, avec le développement du Web 2.0 et des logiciels libres,
le phénomène s’est amplifié. Nous avons répertorié sur le Web 52 sites
basés au Sénégal ou mis en ligne par des Sénégalais résidents à
l’étranger (liste complète sur notre blog). Dans ce lot, nous
retrouvons les éditions en ligne des quotidiens sénégalais, les
journaux exclusivement en ligne, les portails d’informations
générales, les portails d’informations locales et les portails
spécialisés (santé, immigration, people, histoire, politique, sport…).
Aussi, une dizaine de radios FM, de Web radios ou Web TV sont
accessibles sur Internet.
Cette situation témoigne d’un certain dynamisme et exige une
nécessaire reconfiguration de l’espace médiatique sénégalais. En
effet, à côté des médias traditionnels (presse écrite, radio et
télévision), la presse en ligne se développe. Ses promoteurs
souhaitent être reconnus comme étant des acteurs à part entière.
Les enjeux de la présence de la presse sénégalaise sur le Web sont
multiples. Au-delà des enjeux économiques (publicité, payant/non
payant), les groupes de presse eux-mêmes, avec ce nouveau support, ont
réussi à toucher, donc à informer un plus grand nombre de citoyens.
Cette présence en ligne a permis à des millions de Sénégalais de
s’informer régulièrement quel que soit le lieu où l’on se trouve. Au
bureau, en un temps record, il est possible de parcourir les plus
grands journaux sénégalais et du monde. Avec Internet éclatent les
barrières, les distances ainsi que les frontières.
Aujourd’hui, il est de plus en plus fréquent de lire dans les journaux
sénégalais des contributions d’expatriés soucieux de donner leur avis
sur telle ou telle question d’actualité malgré la distance. Ce qui ne
serait évidemment pas possible s’ils n’avaient pas la possibilité de
s’informer en permanence grâce à Internet.
Cette présence en ligne pose des problèmes juridiques. Les articles
des journaux en ligne, de même que ceux des sites Web des groupes de
presse, sont régulièrement reproduits ou même carrément plagiés par
des promoteurs d’organes de presse peu scrupuleux. Pour lutter contre
ce phénomène, certains éditeurs de presse se sont entendus pour faire
circuler sur leur site, des bandeaux interdisant la reproduction de
leurs articles « conformément aux lois en vigueur ». Or, dans la loi
2008-09 du 25 janvier 2008 sur le droit d’auteur et les droits voisins
au Sénégal, nous pouvons lire : « Art.45. Utilisation à des fins
d’information. – 1. Ne sont pas subordonnées au consentement de
l’auteur, sous réserve de la mention de son nom et de la source, la
reproduction et la communication à des fins d'information des articles
d'actualité politique, sociale et économique, ainsi que des discours
destinés au public prononcés dans les assemblées politiques,
judiciaires, administratives, religieuses ainsi que dans les réunions
publiques, d'ordre politique et les cérémonies officielles ». Nous ne
sommes pas juriste mais selon notre compréhension, à des fins
d’information, si les promoteurs de sites Web qui reproduisent les
articles de leurs confrères prennent le soin de citer la source et
l’auteur, ils sont en conformité avec la loi. Si notre interprétation
est juste, cela ne signifie-t-il pas que cette loi, bien que récente,
est déjà dépassée ?
Dans tous les cas, les populations manifestent de plus en plus un
besoin d’informations alternatives et citoyennes. C’est peut-être
l’une des raisons qui peuvent expliquer l’émergence de nouvelles
pratiques journalistiques et citoyennes. L’Internet est parvenu à
rompre le monopole de la collecte, du traitement et de la diffusion de
l’information que détenaient les journalistes et autres professionnels
de l’information. Jean-François Fogel et Bruno Patino vont plus loin
en estimant que « Internet n’est pas un support en plus ; c’est la fin
du journalisme tel qu’il a vécu jusqu’ici ».
Avec Internet, le rapport au savoir et à l’information a changé.
L’interactivité, la gratuité, la multiplication des sources (sites
Web, encyclopédies, bibliothèques ou dictionnaires en ligne, blogs,
etc.), entre autres, sont autant de nouveaux rapports qui se sont
développés au fil des années. Ainsi, aux yeux des citoyens, le
journaliste n’a plus la même légitimité face au savoir et à
l’information. On pourrait même dire qu’il est relégué au second plan.
Mamadou NDIAYE
Enseignant au CESTI
dondiaye@gmail.com
http://mamadoundiaye.over-blog.com/
qu’offrait Internet l’avaient investi seulement quelques mois après la
connexion officielle du Sénégal survenue en 1996.
Sud Communication, Walf Fadjri et le Soleil, pour ne citer que ces
trois groupes de presse, y disposaient chacun d’une édition en ligne.
Pour le cas de Walf Fadjri et Sud Communication, en plus de leurs
journaux, leurs radios respectives Walf FM et Sud FM pouvaient être
écoutées de partout dans le monde et en temps réel.
Aujourd’hui, avec le développement du Web 2.0 et des logiciels libres,
le phénomène s’est amplifié. Nous avons répertorié sur le Web 52 sites
basés au Sénégal ou mis en ligne par des Sénégalais résidents à
l’étranger (liste complète sur notre blog). Dans ce lot, nous
retrouvons les éditions en ligne des quotidiens sénégalais, les
journaux exclusivement en ligne, les portails d’informations
générales, les portails d’informations locales et les portails
spécialisés (santé, immigration, people, histoire, politique, sport…).
Aussi, une dizaine de radios FM, de Web radios ou Web TV sont
accessibles sur Internet.
Cette situation témoigne d’un certain dynamisme et exige une
nécessaire reconfiguration de l’espace médiatique sénégalais. En
effet, à côté des médias traditionnels (presse écrite, radio et
télévision), la presse en ligne se développe. Ses promoteurs
souhaitent être reconnus comme étant des acteurs à part entière.
Les enjeux de la présence de la presse sénégalaise sur le Web sont
multiples. Au-delà des enjeux économiques (publicité, payant/non
payant), les groupes de presse eux-mêmes, avec ce nouveau support, ont
réussi à toucher, donc à informer un plus grand nombre de citoyens.
Cette présence en ligne a permis à des millions de Sénégalais de
s’informer régulièrement quel que soit le lieu où l’on se trouve. Au
bureau, en un temps record, il est possible de parcourir les plus
grands journaux sénégalais et du monde. Avec Internet éclatent les
barrières, les distances ainsi que les frontières.
Aujourd’hui, il est de plus en plus fréquent de lire dans les journaux
sénégalais des contributions d’expatriés soucieux de donner leur avis
sur telle ou telle question d’actualité malgré la distance. Ce qui ne
serait évidemment pas possible s’ils n’avaient pas la possibilité de
s’informer en permanence grâce à Internet.
Cette présence en ligne pose des problèmes juridiques. Les articles
des journaux en ligne, de même que ceux des sites Web des groupes de
presse, sont régulièrement reproduits ou même carrément plagiés par
des promoteurs d’organes de presse peu scrupuleux. Pour lutter contre
ce phénomène, certains éditeurs de presse se sont entendus pour faire
circuler sur leur site, des bandeaux interdisant la reproduction de
leurs articles « conformément aux lois en vigueur ». Or, dans la loi
2008-09 du 25 janvier 2008 sur le droit d’auteur et les droits voisins
au Sénégal, nous pouvons lire : « Art.45. Utilisation à des fins
d’information. – 1. Ne sont pas subordonnées au consentement de
l’auteur, sous réserve de la mention de son nom et de la source, la
reproduction et la communication à des fins d'information des articles
d'actualité politique, sociale et économique, ainsi que des discours
destinés au public prononcés dans les assemblées politiques,
judiciaires, administratives, religieuses ainsi que dans les réunions
publiques, d'ordre politique et les cérémonies officielles ». Nous ne
sommes pas juriste mais selon notre compréhension, à des fins
d’information, si les promoteurs de sites Web qui reproduisent les
articles de leurs confrères prennent le soin de citer la source et
l’auteur, ils sont en conformité avec la loi. Si notre interprétation
est juste, cela ne signifie-t-il pas que cette loi, bien que récente,
est déjà dépassée ?
Dans tous les cas, les populations manifestent de plus en plus un
besoin d’informations alternatives et citoyennes. C’est peut-être
l’une des raisons qui peuvent expliquer l’émergence de nouvelles
pratiques journalistiques et citoyennes. L’Internet est parvenu à
rompre le monopole de la collecte, du traitement et de la diffusion de
l’information que détenaient les journalistes et autres professionnels
de l’information. Jean-François Fogel et Bruno Patino vont plus loin
en estimant que « Internet n’est pas un support en plus ; c’est la fin
du journalisme tel qu’il a vécu jusqu’ici ».
Avec Internet, le rapport au savoir et à l’information a changé.
L’interactivité, la gratuité, la multiplication des sources (sites
Web, encyclopédies, bibliothèques ou dictionnaires en ligne, blogs,
etc.), entre autres, sont autant de nouveaux rapports qui se sont
développés au fil des années. Ainsi, aux yeux des citoyens, le
journaliste n’a plus la même légitimité face au savoir et à
l’information. On pourrait même dire qu’il est relégué au second plan.
Mamadou NDIAYE
Enseignant au CESTI
dondiaye@gmail.com
http://mamadoundiaye.over-blog.com/