Intervention au Mali : la presse algérienne très critique


Rédigé le Lundi 14 Janvier 2013 à 14:59 | Lu 804 fois | 0 commentaire(s)


La presse algérienne juge avec sévérité l’intervention française au Mali et le passé colonial de la France refait surface.


L’engagement militaire de la France en Libye avait déjà suscité la colère des médias algériens. C’est de nouveau le cas aujourd’hui pour l’intervention française au Mali. Officiellement, le gouvernement soutient la contre-offensive française. «Alger, qui a mis du temps pour rendre publique sa position quant à l’intervention française au Mali, laisse même penser que son armée pourrait aussi bientôt entrer en action pour chasser les différents groupes terroristes armés qui occupent le Nord-Mali depuis le mois de mars dernier, souligne le quotidien El Watan . Des sources proches du dossier, ajoute le quotidien, ne manquent pas de rappeler que l’Algérie n’a jamais exclu le recours à la force  pour éliminer la menace terroriste».Le ton est plus vif ailleurs. Selon le journal Liberté le nom même de l’opération serait de mauvais augure : «L’intervention militaire française au Mali a été baptisée du nom de code Serval. Le serval est un petit félin africain qui a la particularité d’uriner trente fois par heure pour marquer son territoire. La France a ainsi décidé de faire l’impasse sur les résolutions onusiennes pour partir en guerre contre le terrorisme au Sahel. Toute seule, comme le serval, elle n’a pas résisté à la tentation épidermique de revenir dans son ancien pré-carré pour montrer à tout le monde qu’elle est la seule à vraiment connaître les intérêts des Maliens, ses anciens colonisés».«Malgré les précautions sémantiques et les éléments de langage dont use l’Élysée pour légitimer une intervention militaire aux conséquences terribles sur la sous-région, insiste l’éditorialiste de Liberté, François Hollande a démontré qu’il ne peut rien changer à la réalité de la Françafrique. Quand l’intérêt français est menacé en Afrique (Côte d’Ivoire, Rwanda, Tchad, Gabon, Centrafrique…), Paris sort son costume de gendarme et envoie ses hélicoptères. Protéger les gisements d’uranium du Niger vaut tous les sacrifices de dépenses militaires même en pleine crise économique.»

Le quotidien d’Oran déplore que la volonté d’Alger de privilégier le dialogue n’ait pas été entendue tout en s’interrogeant sur l’évolution du pouvoir algérien. Alger a soutenu «au maximum le dialogue et continuera à le faire, mais en cas d’atteinte à la sécurité et d’utilisation d’autres moyens, nous sommes appelés à être fermes. A priori, le message de fermeté est de nature défensive: si nos frontières sont violées, la riposte sera ferme. On reste dans du classique: surveillance du territoire et refus de s’engager en territoire étranger. La question est de savoir si l’Algérie s’en tiendra à cette position.»

L’Expression pointe la responsabilité de Paris. «La France n’est pas totalement exempte de responsabilités dans la détérioration de la situation sécuritaire au Sahel en général, au Mali en particulier et la décision d’intervenir dans ce pays prise, certes, en raison de l’évolution de la situation, ne fait que confirmer, a posteriori, ce fait.» La décision de la France d’intervenir n’aurait rien à voir, ou presque, insiste L’Expression, avec une quelconque volonté d’aider la population malienne. «La France, rentrée dans le rang, en tant que grande puissance, avait besoin de s’affirmer à la face du monde qu’elle pouvait encore intervenir aux quatre coins de la planète. C’est le prix de la reconnaissance par ses pairs. Comme les États-Unis, qui avaient suscité des guerres en Irak et en Afghanistan, où la France a joué ou joue les utilités, Paris «voulait» sa guerre de «référence».

L’avenir s’annonce sombre, prédit Liberté, en évoquant «un drame humanitaire dans le Sahel avec un déplacement de populations sans commune mesure», et en prévoyant que «l’action de la France va fédérer les groupes terroristes puisque les djihadistes du monde entier vont affluer vers le Mali pour donner un coup de main à leurs frères d’armes.»

Dans d’autres pays voisins du Mali, la presse se montre plus optimiste, comme au Burkina Fasso. «On peut saluer l’intervention salvatrice de la France, relève Le Pays . Pour une fois, on ne peut raisonnablement pas se plaindre de l’action de Paris sur le continent. Loin s’en faut». Un autre quotidien burkinabé, L’Observateur Paalga , exhorte même la Communauté internationale à se joindre à l’action française. «Finies les sempiternelles négociations! Il faut que toute la communauté internationale saisisse la balle au bond pour mettre définitivement hors d’état de nuire ces rebelles qui ne cessent de semer mort et désolation dans le septentrion malien.»

«Les promesses d’envoi de troupes émanant de certains leaders de l’Afrique de l’ouest sont un motif d’espoir, insiste le site d’information Guinée Conakry Infos . La France ne doit pas se limiter à stopper les rebelles, elle devra collaborer avec les troupes africaines pour endiguer et neutraliser aussi totalement que possible les groupes islamistes terroristes.»



Source: LeFigaro.fr 

 
 



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