Ipres: Entre regrets et aveux du DG, les interrogations légitimes des retraités du Sénégal (par Salif Ndiaye)



Lors du Conseil des Ministres du 01 mars 2023, le Chef de l’Etat est encore revenu  sur le problème des retraités du pays en ce qui concerne leurs difficiles conditions de paiement par l’IPRES.
 
Depuis que le pays existe, je n’ai pas souvenance (J’ai commencé à travailler quand Senghor était au pouvoir)  d’un retard aussi important accusé pour payer aux allocataires leur argent cotisé mois après mois pendant de très longues années et confié à l’IPRES qui devait y veiller en bon père de famille d’une population de 142.205 membre selon leur propre estimation.
 
Cet argent devrait être disponible à bonne date dès la cessation de leurs activités professionnelles sans aucun retard car les salaires des dirigeants et travailleurs de l’IPRES n’ont jamais souffert de retard .
 
A la suite du Chef de l’état, le DG de l’IPRES  est intervenu à la télévision et après ses regrets sur la situation que nous avons vécu, nous a servi les explications dont l’économie se résume ainsi selon ses propres propos : « Au moment de clôturer l’opération les terminaux qui ont été utilisés pour collecter les données à basculer dans le serveur de l’IPRES n’a pas répondu au RV. Cela a été une erreur que nous ne répèterons plus »
 
Autre aveu du DG « Ce n’est pas tout le temps que les pensions qui ont été servis sont allées aux ayant droits »
 
Autre aveu « Nous avons 17.665 allocataires qui depuis 2 mois ne se sont pas présentés et l’évaluation du montant à payer à ces allocataires se chiffre à 1 Milliards /mois que nous payons indûment. Nous allons rattraper 12 Milliards dans cette opération ».
 
Le terme est lâché, « rattraper 12 milliards dans cette opération, ce qui veut dire s’enrichir comme le croque-mort au cas où ces allocataires seraient décédés. 
 
Les retraités vivants en plus grand nombre ne sont en rien responsables cette situation qui les a impacté durement et cette accusation à peine voilée de fraude sur les pensions prouve nettement que les recommandations que la Cour des Comptes avait formulées suite à ses constats accablants  dans son rapport public 2014 (page 183) sur l’IPRES sont restées lettre morte. Les errements sont  encore en cour 9 ans après.
 
NON !! C’est pas parce que 17.665 ayant droits ne se sont présentés qu’ils sont morts et vraiment longue vie aux retraités car meme depuis Novembre 2019, ce chiffre serait invraisemblable.
 
La Cour des Compte avait bien identifié les 2 gisements de fraude et le modus opérandi (les paiements à domicile, le suivi des opérations de liquidation) et ce sont des agents même de l’IPRES qui avaient été épinglés et sanctionnés et l’un d’eux en avait pour 11.476.677 selon le rapport.
 
Pourquoi ne pas explorer cette piste  aussi ?  Car même après ce rapport de la Cour des Comptes de 2014, des agents de l’IPRES ont organisé une fraude sur les tickets de restaurant pour une estimation de 572 millions.
 
Maintenant, y’a 2 affirmations inquiétantes, c’est quand le DG  dit que « Cette opération a porté sur l’ensemble des retraités pour s’assurer de la preuve de vie et ensuite  dire à l’avenir on verra comment on va élargir la période de contrôle de vie et on est en train de réfléchir sur une solution informatique qui éviterait aux retraités de se déplacer pour faire ce avec contrôle de vie ».
 
Le 19 Novembre 2019 au lancement de l’opération des cartes biométriques on nous avait indiqué avec un fort renfort d’une publicité tapageuse, que les cartes biométriques vont servir  entre  autres à l’identification, l’authentification des retraités, au paiement des allocations dans les GAB du réseau GIM-UMOA et servir de pointage pour la preuve de vie, facilitation de l’accès aux soins etc. ( une compilation de toutes les vidéos et notes d’informations sont bien disponibles sur leurs propres sites internet)
On avait même théorisé le concept de « Retraités Emergents » .
 
Nous dire après 4 ans de ce fiasco biométrique qui a englouti une fortune jusqu’à présent indéterminée que l’IPRES est en train de « réfléchir » sur une solution informatique qui éviterait aux retraités de se déplacer etc. n’est pas acceptable.
 
Le top management de l’IPRES doit comprendre et intérioriser que dans cette population de retraités existe plusieurs corps de métier, des cadres de haut niveau, bien formés qu’il n’a pas les capacités intellectuelles à tromper et cela dit sans nulle forme de prétention ! 
 
 Il y’a lieu de les écouter sérieusement et surtout ceux qui sont dans d’autres associations de retraités en dehors des 2 qui vous sont affiliées, les mêmes, inamovibles, observateurs de la dégradation de la situation financière de l’IPRES et pour cause.
 
Pourquoi le problème de l’augmentation de 10% pour ceux de la pension minimale n’est pas réglé ?
Pourtant le Président l’a demandé, l’IPRES dans un communiqué du 27/12/2022 en a fait mention et voilà qu’au moment de la mise en œuvre, l’IPRES dans un communiqué en date du 08/03/2022 (journée de la femme) est venue mettre à l’eau l’attente de bien de femmes faisant une note et précisant en NB : Les allocataires bénéficiant déjà d’une subvention mensuelle dans le cadre de la pension minimale ne sont pas concernés

De plus, l’IPRES avait conclu en 2002  une convention avec POSTFINANCE que la Cour avait qualifié d’illégale dans le même rapport cité plus haut et le non suivi  de ses  recommandations a valu aux retraités qui y étaient domiciliés de vivre  des situations intenables qui a encore obligé l’IPRES a recourir au mobile money, et maintenant le Crédit Mutuel est entré en jeu aussi. Un ping-pong sans fin.
 
Les longs délais de liquidation de pension en dehors des normes de la CIPRES sont plus accentués.
 
Le fond social qui est passé en 2010 de 68 millions à 1.591.537.000 va un jour livrer tous ses secrets et les bénéficiaires de ce fond ne seront pas très éloignés des « affiliés » ou « intégrés » car on se pose la question de son montant au 31/12/2022 et ça va se savoir 
Nos interrogations sont légitimes et concernent aussi les Réserves, les immeubles de rapport, les projets immobiliers dont certains devaient être achevés depuis 2018 et le problème du Camp Leclerc évoqué par un député de l’Assemblée Nationale.
 
Que cela soit clair, les retraités, maltraités sont décidés à faire face et défendre leur institution et les actifs d’aujourd’hui se doivent d’être inquiets et comprendre que leur situation quand ils seront à la retraite pourra être plus catastrophique.
 
Nous l’avons annoncé au rassemblement de Khar Yalla le 4 mars, la riposte sera graduelle et dès la fin du ramadan, la cadence sera accélérée si la situation n’évolue pas
Voilà que c’est au 1er trimestre d’une année dite sociale que nous assistons au triste spectacle servi aux retraités et personnes âgées, grabataires pour certains qui ont eu du mal à percevoir leur propre argent.
 
Ecouter est très important pour tout dirigeant qui veut réussir sa mission surtout dans domaine social.
 
Un proverbe danois dit ceci : « Si l’autorité n’a pas d’oreilles pour écouter, elle n’a pas de tête pour diriger ».
 
En tout cas nous avons noté que les pensions ont commencé à être payées depuis le 8 Mars 2023 et croyons, espérons et souhaitons qu’il en soit ainsi le plus longtemps possible.
 
Par Salif Ndiaye, Membre ARVOS
 
 

Salif SAKHANOKHO

Dimanche 12 Mars 2023 12:06


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