L’armée irakienne a annoncé avoir repoussé les jihadistes dans deux secteurs au moins. D’abord celui de Baqouba, à 60 km au nord de Bagdad. Ensuite dans la province de Kirkouk, près de la ville de Bachir.
Ce qui ne veut pas dire que la situation est stabilisée, il y a encore des combats et des attaques. Preuve encore ce mercredi matin, avec l’attaque de la principale raffinerie de pétrole du pays, à Baïji, ville située dans le nord de Bagdad. Les assaillants auraient brûlé les réserves avant d’entrer dans le complexe, ont indiqué un responsable et un employé à l’AFP.
Pourtant les autorités avaient anticipé cette attaque. Mardi la décision avait été prise : les vannes seront fermées, la production interrompue et le personnel étranger évacué. Cette raffinerie se trouve en effet dans une région sensible, contrôlée par les l’Etat islamique en Irak et au Levant depuis quelques jours déjà (voir carte).
Sa prise aurait un impact direct sur la suite du conflit : les jihadistes disposeraient de réserves de carburant importantes. Surtout, Bagdad et une partie du Kurdistan irakien risqueraient la panne sèche. La raffinerie de Baïji est leur principale source d’approvisionnement en essence.
Mardi, Bagdad a également annoncé la découverte des corps de 18 membres des forces de sécurité irakiennes, près de Samarra. Des attentats ont aussi coûté la vie à 17 personnes dans la capitale.
Maliki contesté
Tous les alliés du Premier ministre Nouri al-Maliki sont unanimes : c'est son intransigeance face à la communauté sunnite, en refusant de l'intégrer dans les institutions et dans le champ politique, qui a mené l'Irak dans la situation actuelle, avec une guerre dans le Nord, dans l'Ouest, et même jusqu'aux portes de Bagdad.
C'est sans doute sous le feu de ces critiques que le Premier ministre irakien vient de décider de sanctionner plusieurs militaires de haut rang. Limogeage du commandant en chef de la province de Ninive, la province dont Mossoul est le chef-lieu et qui est tombée la semaine dernière. Limogeage également du commandant de la troisième brigade d’infanterie qui sera jugé pour désertion. Le Premier ministre annonce aussi la création de conseils de discipline au sein de l’état-major pour juger ceux qui auraient abandonné leurs positions.L'armée irakienne, pour sa part, tente de se recentrer. Mais là encore, Nouri al-Maliki, qui décidément a du mal à déléguer ses pouvoirs, est ministre de la Défense. Tout le monde affirme qu'il a nommé à la tête de l’armée des amis qui brillent plus par la corruption qu'ils ont occasionnée que par leurs qualités.
Mais pourait-on se passer complètement de Maliki ? Cela semble très compliqué. Nouvellement élu, le Parlement peine à réunir un quorum pour se réunir. Si Nouri al-Maliki s'en va maintenant, l'Irak se retrouverait sans Premier ministre et sans gouvernement. Le remède serait pire que le mal.
Tendre la main
Tous ses alliés - toutefois - le pressent désormais de tendre la main à la communauté sunnite, y compris jusque dans son propre camp. Mais c'est le cas aussi des Etats-Unis et de l'Iran, entre autres. Rien ne dit que les sunnites, d'ailleurs, accepteraient ce geste. Pour eux, ce serait sauver leur bourreau. Et de toute façon, avant d'en arriver à des négociations, l'urgence est de stabiliser les fronts et de stopper l'avancée des rebelles.
Barack Obama va recevoir, ce mercredi, les responsables démocrates et républicains du Congrès, pour entendre leur avis, et pour les tenir au courant des schémas sur la table concernant l’Irak. On sait que le président des Etats-Unis étudie « toutes les options » sauf l’envoi de troupes sur le terrain. Il a publiquement critiqué la politique du Premier ministre Maliki, et attend de sa part un geste d’ouverture envers les communautés sunnites et kurdes d’Irak. Hillary Clinton le soutient dans cette démarche. L’ancienne secrétaire d’Etat répondait à des questions de téléspectateurs sur la chaîne CNN, mardi après-midi.