Israël veille à la sécurité et à la stabilité de ses frontières

La Syrie accuse Israël d'avoir mené deux raids dimanche 7 décembre 2014 dans des secteurs tenus par le pouvoir près de Damas, parlant d’un « soutien direct » aux rebelles et aux jihadistes. Israël n’a ni confirmé ni infirmé cette information mais un ministre du gouvernement Netanyahu a expliqué que son pays souhaitait empêcher tout transfert d’armes de la Syrie vers le Liban.



Le village de Ar Rafide en Syrie, vu du côté israélien de la frontière entre les deux pays. AFP PHOTO/MENAHEM KAHANA

C’est une habitude. Israël a déjà été soupçonné plusieurs fois de frapper la Syrie mais a toujours refusé de confirmer les soupçons. Interrogé par la radio israélienne, Youval Steinitz, le ministre des Renseignements a toutefois fait cette déclaration en forme de justification : « Israël est déterminé à se défendre contre le transfert d’armes sophistiqués à des organisations terroristes », comprenez le transfert d’armes au Hezbollah, la puissante milice chiite libanaise qui se bat aux côtés de Bachar el-Assad, et qui en profiterait pour récupérer des armes et les emmener au Liban.

Le Hezbollah est l’un des ennemis jurés d’Israël et l’Etat hébreu craint toujours une troisième guerre avec ses voisins libanais. C’est pourquoi les Israéliens frapperaient des stocks ou des convois d’armes destinés au Hezbollah.

Des rumeurs de coopération entre Israël et les rebelles et les jihadistes syriens

Israël, soutien des rebelles et des jihadistes syriens ? C’est l’accusation formulée par Damas et qui reprend aussi des éléments d’un rapport de l’ONU, publié par la presse  les 6 et 7 décembre. La mission des Nations unies chargée d’observer sur le terrain le cessez-le-feu entre Israël et la Syrie, qui sont toujours techniquement en état de guerre depuis 1974, affirme qu’il y a des contacts réguliers entre soldats israéliens et rebelles syriens à la frontière.

L’ONU, dans un autre rapport publié le 10 juin dernier, parle surtout de transferts de blessés de la Syrie vers Israël. On sait en effet que plusieurs hôpitaux israéliens soignent des Syriens avant de les renvoyer dans leur pays. Mais la mission onusienne évoque aussi des mystérieuses caisses remises par des soldats israéliens à des groupes armés syriens.

Les rumeurs d’une coopération entre les deux parties courent depuis plusieurs mois. Le ministre de la Défense Moshe Yaalon avait été interrogé le 15 octobre dernier sur le sujet par le journal Haaretz. Il déclarait que les rebelles syriens bénéficiaient probablement de l’aide humanitaire envoyée par Israël à la population mais que ce n’était pas un problème tant qu’ils tenaient les groupes extrémistes loin de la frontière. Il ne s’agissait alors que d’aide humanitaire. L’armée a refusé lundi 8 décembre de réagir au rapport de l’ONU sur une toute autre forme d’aide.

Un discours officiel opposé à une ingérence dans le conflit

La position officielle d’Israël depuis le début de la guerre est de ne pas interférer dans le conflit opposant le régime syrien aux groupes rebelles. L’armée israélienne intervient toutefois et officiellement, lorsqu’il y a des débordements du côté de sa frontière, comme cela a été le cas le 23 septembre dernier, lorsqu’un avion de chasse syrien a été abattu, parce qu’il aurait franchi par erreur la ligne de cessez-le-feu entre Israël et la Syrie. A l’époque, l’armée syrienne bombardait intensivement la zone car des rebelles s’étaient emparés du poste frontière de Quneitra.

En mars dernier aussi, Israël avait répliqué après une attaque de ses soldats. Quatre d’entre eux avaient été blessés par un engin explosif à la frontière. L’armée israélienne avait alors bombardé en représailles des infrastructures militaires du régime syrien. Ce qui avait donné lieu à des échanges verbaux très vifs entre les deux parties.

Le risque d’une escalade sur le terrain limité

Du côté du Hezbollah, il peut y avoir des représailles contre des soldats israéliens stationnés à la frontière libano-israélienne. Du côté syrien, c’est peu probable, selon les analystes. A chaque fois qu’Israël est mis en cause dans des frappes, le ton monte mais cela ne donne pas lieu à une escalade sur le terrain, tout simplement parce que personne n’a intérêt à un nouveau conflit. Le régime syrien a trop à faire sur le plan interne.

Israël, de son côté, n’apprécie pas forcément Bachar el-Assad, mais voir la Syrie tomber aux mains de rebelles, surtout les groupes islamistes, apporterait trop d’instabilité à sa frontière. Les Israéliens préfèreraient donc conserver le statut quo actuel.

Enfin, sur l’intérêt de mener des frappes maintenant, la presse israélienne s’interrogeait le 8 décembre : est-ce lié à la campagne qui s’ouvre pour les élections anticipées de mars prochain, puisque la sécurité est une des préoccupations majeures des Israéliens ? « J'espère qu'il ne s'agit pas du coup de canon inaugural de la campagne pour les primaires du Likoud ou pour les prochaines élections », a ironisé le député Ilan Gilon, du parti de gauche Meretz. Des accusations qualifiées de « ridicules et malfaisantes », par le ministre des Renseignements Youval Steinitz.


Rfi.fr

Mardi 9 Décembre 2014 01:22


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