La salle de l’Arena Carioca 3 n’est pas encore pleine et les bénévoles de Rio ont encore de petits yeux quand l’Ivoirienne Ruth Gbagbi se présente, tôt dans la matinée. Face à elle : l’Egyptienne Seham Elsawalhy.
Ruth Gbagbi, la première en piste
Ruth Gbagbi commence bien son tournoi (-67 kg). Toute dégoulinante, elle est déjà heureuse de faire mieux qu’à Londres en 2012 où elle avait buté face à une Coréenne. Au duel suivant, elle a la lourde tâche d’affronter la Française Haby Niare, future médaille d'argent. « Je vais me battre, je suis là pour la médaille », prévient alors Ruth Gbagbi qui s’incline finalement de peu face à la Tricolore (5-4). Mais il lui reste les repêchages pour espérer briller. Ce qu’elle fait avec le bronze en battant Farida Azizova, venue d’Azerbaïdjan.
Ruth Gbagbi, la première en piste
Ruth Gbagbi commence bien son tournoi (-67 kg). Toute dégoulinante, elle est déjà heureuse de faire mieux qu’à Londres en 2012 où elle avait buté face à une Coréenne. Au duel suivant, elle a la lourde tâche d’affronter la Française Haby Niare, future médaille d'argent. « Je vais me battre, je suis là pour la médaille », prévient alors Ruth Gbagbi qui s’incline finalement de peu face à la Tricolore (5-4). Mais il lui reste les repêchages pour espérer briller. Ce qu’elle fait avec le bronze en battant Farida Azizova, venue d’Azerbaïdjan.
A l’heure du déjeuner, l’Ivoirien Cheick Cissé fait, lui, son entrée (-80 kg). Il a certainement faim et ne fait ainsi qu’une bouchée du Polonais Piotr Pazinski, avant d’aller avaler des sandwiches, des fruits et « son » Fanta. « Je n’ai pas beaucoup mangé ce matin », glisse-t-il alors. Il faut reprendre des forces, la journée risquant d'être très longue.
Le public brésilien, toujours avec le maillot de la Seleção sur les épaules, plébiscite largement le gars de Koumassi, une des dix communes d'Abidjan. Ils hurlent toute la journée : « olé olé Cissé ». Peut-être parce que le taekwondo est un des sports les plus populaires en Côte d’Ivoire, après le football.
Oussama Oueslati barré par Cheick Cissé
Juste avant Cissé, quatre journalistes tunisiens ont eu les yeux rivés sur l’écran de contrôle de la zone d’interview, les poings serrés. Dans la salle, au moment du golden score, Oussama Oueslati a tenté de se défaire du vice-champion du monde ouzbek, Nikita Rafalovich. D’un coup, nos quatre confrères ont sauté de joie, Nikita Rafalovich est sorti de la salle le regard triste. Le disc-jockey balance I can't get no satisfaction des Rolling Stones. « Je suis en quarts de finale et Inch Allah on va avoir une médaille pour la Tunisie (sic) », raconte à ce moment-là avec sérénité Oussama Oueslati.
Mais Oussama Oueslati tombe ensuite sur un os. Cheick Cissé, dans un grand jour, lui enlève tout espoir de médaille d’or en demi-finales. L’Ivoirien s’était auparavant défait de l'Allemand Tahir Guleç en quarts de finale. Oueslati repartira toutefois avec une médaille en bronze, sous l'ovation du public.
Cheick Cissé , un vrai marathonien du taekwondo
Le marathon de Cheick Cissé se termine tard dans la soirée après avoir combattu le Britannique Lutalo Muhammad pour l'or olympique et remporté le combat à la dernière seconde. « La première médaille d’or, c’est Cheick Cissé », lance le jeune athlète avant de filer au protocole. « Les mots me manquent, ça fait plaisir. Je veux remercier toute ma famille, mes entraîneurs et le peuple ivoirien », ajoute-t-il. Le voilà prêt à aller fêter ce titre avec du Fanta.
La Franco-Canadienne Marlène Harnois, qui voulait vivre une aventure, est servie. Celle qui aidé le taekwondo ivoirien à travers sa fondation - elle a été médaillée de bronze à Londres pour la France - ne pouvait pas rêver mieux. « J’espère que les médailles seront au rendez-vous », disait-elle ce matin. De quoi aussi ravir les trente-cinq mille licenciés ivoiriens et les millions d'Ivoiriens.
Une explosion de joie retentit dans la salle. Ruth Gbagbi et Cheick Cissé rejoignent en effet Gabriel Tiacoh au panthéon des sportifs ivoiriens médaillés aux Jeux. Le médaillé d’argent à Los Angeles en 1984 sur 400 mètres n’est plus seul.
« Je n’oublierai jamais le 19 août 2016, raconte enfin tranquillement Ruth Gbagbi qui a fait le tour de la salle avec le drapeau ivoirien sur les épaules. Nous avons fait des stages avant de venir ici et nous avons maintenant le niveau international ». « C’est formidable et il faut remercier notre fédération et notre président. Le taekwondo ivoirien le mérite », lâche son coach Chérif Adama. Tout ce petit monde va avoir du mal à trouver le sommeil après cette journée historique pour la Côte d'Ivoire.
Les réactions
Cheick Cissé : « Cela fait plaisir. C’est le travail qui a payé. Je ne sais pas pourquoi, dès le premier combat, le public m’a adopté. Je suis resté moi-même, j’ai donné ce que j’avais tout au long de cette journée. Dans le dernier combat, j’ai appliqué la stratégie que l’on travaille à l’entraînement. Il restait juste quelques secondes et je suis incapable de dire ce que j’ai fait. J'ai tenté. Il faut que je revoie tranquillement les images. C’est magnifique. Sans vouloir me vanter, j’ai toujours cru à cette médaille d’or. Maintenant, je vais fêter cela au Fanta avec toute la famille ! »
Ruth Gbagbi : « Je ne réalise pas. Je suis heureuse et il va falloir un peu de temps pour redescendre sur terre ! Depuis des années la Côte d'Ivoire court après cette médaille. Je retiens que ces Jeux resteront ceux du taekwondo ivoirien. Je suis contente pour Cheick Cissé (avec qui elle s’entraîne, ndlr). Marquer dans la dernière seconde, je n’y croyais pas et il l’a fait. »
Marlène Harnois : « Ils ont cru n eux. Ils se sont battus au quotidien pour réaliser leur rêve et ils avaient la conviction de pouvoir marquer l’histoire olympique de la Côte d’Ivoire. C’est un des plus beaux jours de ma vie. C’est magnifique de ressentir cela par procuration. C’était génial de les avoir accompagnés ces deux dernières années. Je crois que maintenant je peux être sereine avec ma retraite sportive. Ils se sont entraînés dans des conditions difficiles avec du courage. Ce sont deux passionnés. Dès que je les ai rencontrés, j’ai tout de suite vu qu’ils étaient super attachants. Ils se sont donnés les moyens d’obtenir ces deux médailles et c’est un modèle pour la jeunesse ivoirienne. On peut toujours y arriver avec du courage et de la détermination. C’est une belle histoire. »
Source: Rfi.fr