A l'heure du bilan, le Sénégal, qui a honoré sa 13ème participation d'affilée depuis l'accession de notre pays à la souveraineté internationale revient encore une fois avec un zéro pointé. Une hécatombe qui ne devrait surprendre personne.
Dans un Sénégal où le sport est devenu un objet politique, sociétal et culturel majeur, un objet de communion et de partage, traversant tous les milieux, toutes les classes, on ne peut plus se permettre le pilotage à vue dans des compétitions comme des Jeux Olympiques.
Depuis 1964, date de la première participation de notre pays à ses olympiades, les résultats se suivent et se ressemblent. La médaille d’argent de El Hadji Amadou Dia Bâ, sur 400 mètres haies, à Seoul en 1988, n’est qu’une embellie dans la grisaille.
Les Jeux olympiques de Londres qui se sont achevés ce dimanche confirment si besoin en était, les contre-performances sénégalaises. Une hécatombe logique qui ne devrait étonner personne.
En effet, que pouvait-on réellement espérer de cette participation sénégalaise ? Pas de médaille en tout cas ! Ce serait une grosse surprise. Parce que contrairement aux autres nations, le Sénégal n’est pas ivre de records et de précieux métaux. Chez nous, on ne retient que la fameuse phrase prêtée à Pierre de Coubertin : «l’important, c’est de participer», parce que ne pouvant pas remplir sa belle devise : «plus haut, plus vite, plus fort».
Des Jeux olympiques, ce sont des sacrifices, des privations, un énorme investissement humain et financier, un encadrement technique et psychologique. Autant d’exigences dont ne bénéficient pas les athlètes sénégalais.
Exceptées les bourses de la solidarité olympique d'un montant variant entre 1 000 et 1 500 dollars par mois, soit entre 500 000 et 750 000 francs Cfa par mensualité, offerte par le comité national olympique et sportif sénégalais (CNOSS), les athlètes sont obligés de se débrouiller pour améliorer leur performance.
Des vacanciers à la place des athlètes
Pour les JO 2012, le groupe de performance était constitué de huit athlètes que sont Aminata Diatta, Fary Sèye (judo), Balla Dièye, Bineta Diédhiou (taekwondo), Malick Fall (natation), Isabelle Sambou (lutte), Kathia Bâ (canoë kayak) et Mamadou Keïta (escrime).
Au finish, seuls Bineta Diédhiou, Malick Fall et Isabelle Sambou, réussiront à composter leur ticket pour Londres. Ils seront rejoints par d’autres athlètes et la sélection de football (une première). Ce qui fait un total de 30 athlètes sénégalais, qui ont été tous balayés par leurs adversaires.
Il ne pouvait pas en être autrement. Ce n’est quand même pas en nage libre que le Sénégal pouvait attendre une médaille. Marième Faye n’a pas pesé lourde face à ses adversaires sur 100 mètres. Elle termine antépénultième avec un chrono de 1 min 6 sec 42. Là où la championne et recordwoman, la Néerlandaise Ranomi Kromowidjojo a effectué 53 sec.
Le signal est donné. Ce même mercredi 1er août, Alexandre Bouzaid se rend compte que son épée était trop court face à l'Italien Paolo Pizzo, classé pourtant 16ème au niveau mondial. Il est sorti au stade des 16ème de finale.
Les jours se suivent et se ressemblent. En canoë-kayak, Ndiatté Guèye passe à la trappe sur 1000 puis 200 mètres.
Mais le comble, c’est l’élimination de Hortance Diédhiou dés les 16ème de finale, par l'Autrichienne Sabrina Filzmoser. Considérée comme une véritable chance de médaille pour le Sénégal, le directeur technique national de judo, Alassane Thioub confie que la porte-drapeau national, qui participait à sa 3ème olympiade d’affilée, a manqué de conditions physiques (sic).
Place alors à l’athlétisme. Une discipline où il ne fallait rien espérer des athlètes sénégalais. Tous, sont arrivés à Londres avec des minimas B. Pis, Amy Mbacké Thiam et Ndiss Kaba Badji ont fini de faire leur temps. Championne du monde à Edmonton en 2001 avec un chrono de 49 sec 86, Amy Mbacké n’est redescendue de la barre des 50 secondes qu’une seule fois.
C’était aux Mondiaux de Paris en 2003 où elle a terminé 3ème. Depuis, elle n’a jamais pu réaliser un chrono de moins de 50 secondes. Or, pour faire partir des meilleures, il faut impérativement réaliser un tour de piste avec un chrono en deçà. Aux derniers championnats d’Afrique à Porto Novo 2012, elle a terminé à la 3ème place en courant le tour de piste en 51 s 68.
Idem pour Ndiss Kaba Badji. Le champion d’Afrique en titre et détenteur du record national au triple saut (17,05) sait plus que quiconque, qu’un bond de 8,16 est largement insuffisant pour décrocher une médaille aux JO. Or, c’est sa meilleure performance obtenue à Pékin en 2008 où il a terminé 6ème.
En dehors de ces deux athlètes que pouvait-on attendre de Ndèye Fatou Seck Soumah, spécialiste de 400 mètres mais qui s’est qualifiée sur 200 ? Quid de Mamadou Kassé Hanne qui revient de blessure ? C’était donc une chimère que de vouloir faire de ces athlètes de rois de l’olympe.
C’est dire qu’on a plutôt envoyé des vacanciers à la place des athlètes, tellement qu’il était évident que le Sénégal ne pouvait revenir avec une médaille.
Rio, c’est déjà maintenant !
Si le Comité national olympique sportif sénégalais (CNOSS) a consenti, comme de coutume, des efforts pour mettre les athlètes sénégalais dans des conditions de performances, l’Etat quant à lui devrait rompre avec sa politique de campagne.
Comme le disent les Hal Poular, le diner se mange la nuit, mais se prépare le jour. Des jeux olympiques aussi se préparent sur quatre ans. Quatre longues années où l’athlète est contraint à d’énormes sacrifices, de privations etc.
Si le Sénégal tient à s’offrir une deuxième médaille après celle de El Hadji Amadou Dia Bâ en 1988, il faut mettre les athlètes dans des conditions de performances et cesser le pilotage à vue.
Les olympiades de Londres ont coûté 600 millions aux contribuables sénégalais. Cette somme ne représente pas grand-chose comparée aux retombées qu’une médaille d’or aurait rapporté à notre nation, assoiffée de victoire, lasse d’être le dernier de la classe. Mais, sans préparation en amont, sans suivi, on savait qu’on allait encore et pour la énième fois, jeter de l’argent par la fenêtre.
El Hadji Amadou Dia Bâ a rappelé dans différents séminaires, tables rondes et autres forums qu’il lui a fallu se rendre aux Etats-Unis, grâce à une bourse de l’Etat, côtoyer ses concurrents sur 400 mètres haies, comme Edwin Moses et autres André Phillips, pour connaitre la gloire.
Il faut remercier ici Lamine Diack qui avait, à son temps, réussi à convaincre Abdou Diouf.
Macky Sall, à son tour, devrait rompre avec la politique sportive de Abdoulaye Wade qui s’empresse toujours à récolter les fruits qu’il n’a pas semés. Rio, c’est déjà maintenant !
Source: Le Soleil
Dans un Sénégal où le sport est devenu un objet politique, sociétal et culturel majeur, un objet de communion et de partage, traversant tous les milieux, toutes les classes, on ne peut plus se permettre le pilotage à vue dans des compétitions comme des Jeux Olympiques.
Depuis 1964, date de la première participation de notre pays à ses olympiades, les résultats se suivent et se ressemblent. La médaille d’argent de El Hadji Amadou Dia Bâ, sur 400 mètres haies, à Seoul en 1988, n’est qu’une embellie dans la grisaille.
Les Jeux olympiques de Londres qui se sont achevés ce dimanche confirment si besoin en était, les contre-performances sénégalaises. Une hécatombe logique qui ne devrait étonner personne.
En effet, que pouvait-on réellement espérer de cette participation sénégalaise ? Pas de médaille en tout cas ! Ce serait une grosse surprise. Parce que contrairement aux autres nations, le Sénégal n’est pas ivre de records et de précieux métaux. Chez nous, on ne retient que la fameuse phrase prêtée à Pierre de Coubertin : «l’important, c’est de participer», parce que ne pouvant pas remplir sa belle devise : «plus haut, plus vite, plus fort».
Des Jeux olympiques, ce sont des sacrifices, des privations, un énorme investissement humain et financier, un encadrement technique et psychologique. Autant d’exigences dont ne bénéficient pas les athlètes sénégalais.
Exceptées les bourses de la solidarité olympique d'un montant variant entre 1 000 et 1 500 dollars par mois, soit entre 500 000 et 750 000 francs Cfa par mensualité, offerte par le comité national olympique et sportif sénégalais (CNOSS), les athlètes sont obligés de se débrouiller pour améliorer leur performance.
Des vacanciers à la place des athlètes
Pour les JO 2012, le groupe de performance était constitué de huit athlètes que sont Aminata Diatta, Fary Sèye (judo), Balla Dièye, Bineta Diédhiou (taekwondo), Malick Fall (natation), Isabelle Sambou (lutte), Kathia Bâ (canoë kayak) et Mamadou Keïta (escrime).
Au finish, seuls Bineta Diédhiou, Malick Fall et Isabelle Sambou, réussiront à composter leur ticket pour Londres. Ils seront rejoints par d’autres athlètes et la sélection de football (une première). Ce qui fait un total de 30 athlètes sénégalais, qui ont été tous balayés par leurs adversaires.
Il ne pouvait pas en être autrement. Ce n’est quand même pas en nage libre que le Sénégal pouvait attendre une médaille. Marième Faye n’a pas pesé lourde face à ses adversaires sur 100 mètres. Elle termine antépénultième avec un chrono de 1 min 6 sec 42. Là où la championne et recordwoman, la Néerlandaise Ranomi Kromowidjojo a effectué 53 sec.
Le signal est donné. Ce même mercredi 1er août, Alexandre Bouzaid se rend compte que son épée était trop court face à l'Italien Paolo Pizzo, classé pourtant 16ème au niveau mondial. Il est sorti au stade des 16ème de finale.
Les jours se suivent et se ressemblent. En canoë-kayak, Ndiatté Guèye passe à la trappe sur 1000 puis 200 mètres.
Mais le comble, c’est l’élimination de Hortance Diédhiou dés les 16ème de finale, par l'Autrichienne Sabrina Filzmoser. Considérée comme une véritable chance de médaille pour le Sénégal, le directeur technique national de judo, Alassane Thioub confie que la porte-drapeau national, qui participait à sa 3ème olympiade d’affilée, a manqué de conditions physiques (sic).
Place alors à l’athlétisme. Une discipline où il ne fallait rien espérer des athlètes sénégalais. Tous, sont arrivés à Londres avec des minimas B. Pis, Amy Mbacké Thiam et Ndiss Kaba Badji ont fini de faire leur temps. Championne du monde à Edmonton en 2001 avec un chrono de 49 sec 86, Amy Mbacké n’est redescendue de la barre des 50 secondes qu’une seule fois.
C’était aux Mondiaux de Paris en 2003 où elle a terminé 3ème. Depuis, elle n’a jamais pu réaliser un chrono de moins de 50 secondes. Or, pour faire partir des meilleures, il faut impérativement réaliser un tour de piste avec un chrono en deçà. Aux derniers championnats d’Afrique à Porto Novo 2012, elle a terminé à la 3ème place en courant le tour de piste en 51 s 68.
Idem pour Ndiss Kaba Badji. Le champion d’Afrique en titre et détenteur du record national au triple saut (17,05) sait plus que quiconque, qu’un bond de 8,16 est largement insuffisant pour décrocher une médaille aux JO. Or, c’est sa meilleure performance obtenue à Pékin en 2008 où il a terminé 6ème.
En dehors de ces deux athlètes que pouvait-on attendre de Ndèye Fatou Seck Soumah, spécialiste de 400 mètres mais qui s’est qualifiée sur 200 ? Quid de Mamadou Kassé Hanne qui revient de blessure ? C’était donc une chimère que de vouloir faire de ces athlètes de rois de l’olympe.
C’est dire qu’on a plutôt envoyé des vacanciers à la place des athlètes, tellement qu’il était évident que le Sénégal ne pouvait revenir avec une médaille.
Rio, c’est déjà maintenant !
Si le Comité national olympique sportif sénégalais (CNOSS) a consenti, comme de coutume, des efforts pour mettre les athlètes sénégalais dans des conditions de performances, l’Etat quant à lui devrait rompre avec sa politique de campagne.
Comme le disent les Hal Poular, le diner se mange la nuit, mais se prépare le jour. Des jeux olympiques aussi se préparent sur quatre ans. Quatre longues années où l’athlète est contraint à d’énormes sacrifices, de privations etc.
Si le Sénégal tient à s’offrir une deuxième médaille après celle de El Hadji Amadou Dia Bâ en 1988, il faut mettre les athlètes dans des conditions de performances et cesser le pilotage à vue.
Les olympiades de Londres ont coûté 600 millions aux contribuables sénégalais. Cette somme ne représente pas grand-chose comparée aux retombées qu’une médaille d’or aurait rapporté à notre nation, assoiffée de victoire, lasse d’être le dernier de la classe. Mais, sans préparation en amont, sans suivi, on savait qu’on allait encore et pour la énième fois, jeter de l’argent par la fenêtre.
El Hadji Amadou Dia Bâ a rappelé dans différents séminaires, tables rondes et autres forums qu’il lui a fallu se rendre aux Etats-Unis, grâce à une bourse de l’Etat, côtoyer ses concurrents sur 400 mètres haies, comme Edwin Moses et autres André Phillips, pour connaitre la gloire.
Il faut remercier ici Lamine Diack qui avait, à son temps, réussi à convaincre Abdou Diouf.
Macky Sall, à son tour, devrait rompre avec la politique sportive de Abdoulaye Wade qui s’empresse toujours à récolter les fruits qu’il n’a pas semés. Rio, c’est déjà maintenant !
Source: Le Soleil
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