Le Kenya accueille plus d'un demi-million de réfugiés sur son territoire et fait partie des cinq pays qui accueillent le plus de réfugiés dans le monde. On en dénombre plus de 500 000 à travers le pays. La majeure partie de ces réfugiés sont des Somaliens qui ont fui la guerre civile depuis le début des années 90. Dans un contexte de menace terroriste, la pression sur les réfugiés devient de plus en plus forte.
En mars 2014, le gouvernement kenyan ordonnait à tous les réfugiés urbains de se relocaliser dans les camps de Dadaab ou Kakuma. Dans le cadre de l’opération Usalama Watch – lancée début avril - des milliers de personnes ont ainsi été arrêtées dans le quartier somali d'Eastleigh, détenues dans le stade de Kasarani et envoyées ensuite, par bus, dans ces camps.
Parallèlement, plus de 350 personnes considérées comme immigrés clandestins ont été expulsées, par avion, vers Mogadiscio. Le camp de Dadaab - créé au début des années 90 pour accueillir les Somaliens fuyant la guerre civile - est désormais pointé du doigt par les politiciens kényans qui le qualifient de réservoir à terroristes.
Après l'attentat contre le centre commercial de Westgate, les députés avaient réclamé sa fermeture. Par ailleurs, entre explosions et menace d'enlèvements, le travail humanitaire a été fortement perturbé. En octobre 2011, deux employées espagnoles de Médecins sans frontières étaient kidnappées, poussant la plupart des organisations humanitaires à restreindre leurs mouvements.
Malgré la présence d'escorte de police, la menace reste permanente. Fin avril, des hommes armés ont blessé un conducteur du Haut commissariat aux Réfugiés et ont échoué à kidnapper une employée internationale qui s'était réfugiée à l'arrière du véhicule.
- Une partie des réfugiés maliens au Burkina Faso
A l’occasion de cette journée mondiale des réfugiés, RFI a pris la direction du camp de Mentao, au Burkina Faso. Ce camp accueille une partie des réfugiés maliens qui ont d'abord fui l’occupation islamiste, puis les combats du nord du Mali. Ils sont toujours 137 000 dans des camps du Burkina, du Niger ou de la Mauritanie. Malgré l’intervention militaire de janvier 2013, la situation sécuritaire reste précaire dans le nord du Mali et le processus politique de paix tarde à aboutir. Les réfugiés ne croient pas qu’ils pourront bientôt rentrer chez eux, comme en témoignent les personnes interrogées par RFI dans le camp de Mentao, au Burkina Faso.
Ali Kassoum est un Malien arabe de la région de Tombouctou. Il est arrivé dans le camp avec toute sa famille et une partie de son clan constituant plus de soixante personnes. C’était le 15 mars 2012. Il s’en souvient comme il se souvient des exactions commises ensuite par l’armée malienne, lors de la reconquête des régions du nord du Mali. « Ils ont creusé un puits à la sortie de Sévaré vers Bandiagara où ils ont mis tous ceux qu’ils ont massacrés, à savoir des peaux blanches, des Touaregs et même des Peuls. A Djebali aussi, la même chose. A Tombouctou aussi, la même chose. Comment peut-on travailler avec cette armée-là ? Comment rétablir la confiance ? On ne peut pas vivre avec ; ce n’est pas possible », témoigne Ali Kassoum.
Plus loin, sous une autre tente, un vieillard caresse sa barbe. Un Touareg qui préfère ne pas dire son nom. Cela fait deux ans et demi que lui et sa famille sont arrivés dans le camp. L’Etat malien et les groupes rebelles du nord sont censés négocier pour trouver une issue à la crise. Des négociations sans cesse repoussées et auxquelles ce vieux Touareg ne croit pas vraiment. « Je n’aurai jamais confiance. S’il y aura des accords de ce genre, je serai obligé d’observer une période d’attente avant de pouvoir rentrer, pour voir si ça va ou si ça ne va pas. Si les puissances, comme la France, l’Amérique et Moscou, ne sont pas derrière les accords, il n’y aura absolument rien », confie-t-il.
Selon les Nations unies, seuls 12 000 des plus de 150 000 réfugiés maliens ont jusqu’ici osé rentrer chez eux.
- Manifestation des réfugiés centrafricains au Congo
Les Centrafricains qui ont trouvé refuge au Congo depuis que leur pays est en guerre prient, chaque jour, pour que la paix revienne en République centrafricaine (RCA) et pour qu’ils y retournent. Ils l’ont exprimé, jeudi 19 juin, au cours d’une marche « pour le retour de la paix et la réconciliation en Centrafrique », organisée à travers les artères de Brazzaville, à la veille de la journée internationale du réfugié.
La police leur a accordé l’autorisation de marcher pour la paix dans leur pays et la marche est partie d’un point situé près de l’aéroport pour se terminer au ministère des Affaires étrangères où chacun d’eux a pu s’exprimer. « Nous voulons donner ce signal pour que nos compatriotes – où qu’ils se trouvent – prennent notre exemple et que nous ne soyons plus des marionnettes entre les mains de pseudo-sulfureux hommes politiques à géométrie variable et qui ne sont là que pour satisfaire leurs intérêts. Nous disons non ! Ça suffit ! », s’est exclamé un manifestant.
« Cela m’a fait très plaisir de participer à cette marche. Nous avons marché pour la paix, pour la réconciliation en Centrafrique. Que l’on soit chrétiens ou musulmans, nous sommes tous des Centrafricains. Donc nous, ce que nous voulons c’est juste la paix. La paix en RCA », a pour sa part appelé une manifestante. Une déclaration a été remise au gouvernement congolais mais son contenu n’a pas été révélé à la presse. Depuis l’éclatement de la crise en RCA, quelque 11 000 Centrafricains ont trouvé refuge au Congo. Au moins 5 000 d’entre eux ont bénéficié du statut de réfugié prima facie.
- Au Burundi,un retour au pays très éprouvant
Au plus fort de la guerre civile qui a ensanglanté le Burundi, quelque 800 000 Burundais avaient trouvé refuge dans les pays limitrophes, essentiellement dans la Tanzanie voisine, certains étant restés en exil pendant plus de 40 ans.
Depuis 2002, tous ou presque ont regagné leur pays d’origine dans le cadre d’un rapatriement supervisé par le HCR, rendu possible par la signature de l’accord de paix d’Arusha en 2000 et le retour de la paix au Burundi, mais ces rapatriés font toujours face à de nombreux défis.
Le plus gros contingent de ces rapatriés avait fui le Burundi au début de la guerre civile de 1993, ils ont retrouvé sans aucun problème leurs propriétés. Cela n’a pas été le cas pour tous ceux qui ont fui ce pays durant les autres épisodes sanglants qui ont émaillé l’histoire du Burundi. C’est le cas de Jérémie Kagoma, rencontré dans le sud du Burundi il y a quelques temps : « Moi, j’ai fui le Burundi en 1972, j’avais 7 ans. A mon retour au Burundi, j’ai trouvé la propriété de mes ancêtres occupée par d’autres. Jusqu’ici, nous louons une maison à Rumonge. »
Le ministère ayant en charge le rapatriement au Burundi assure aujourd’hui que tous les anciens réfugiés ont retrouvé leurs anciennes propriétés, ou bien ont été relogés. Mais cela ne va pas sans fortes tensions dans les communautés de base, dans ce pays qui est l’un des plus densément peuplé d’Afrique et où posséder une terre est souvent considéré comme une question de vie ou de mort, par les paysans.
Autre problème qui se pose : l’intégration d’un bon nombre de jeunes rapatriés d’une Tanzanie anglophone et qui doivent s’adapter à un Burundi francophone. Charles Minani, 19 ans, a eu la chance d’avoir une place au lycée Saint-Marc, chargé de remettre à niveau ces élèves : « A mon arrivé, je n’ai pas pu m’adapter à cause de ces problèmes de langue, et lorsque j’ai appris pour ce centre de remise à niveau, je venais de passer trois ans sans étudier. »
Mais le plus grand défi pour ces centaines de milliers d’anciens réfugiés reste celui de l’extrême pauvreté qui les frappe. Ils sont totalement démunis dans ce pays classé parmi les trois plus pauvres du monde.
Source : Rfi.fr
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