Le vice-président kényan William Ruto Reuters
Le vice-président William Ruto est parti lundi matin en direction de La Haye, accompagné de plusieurs députés qui ont décidé de lui apporter leur soutien à l’ouverture de son procès. Ces dernières semaines, la classe politique kényane n’a cessé de donner des signaux hostiles envers la CPI, culminant, jeudi dernier, lors de la session extraordinaire au Parlement visant à se retirer du Statut de Rome.
Mobiliser l’opinion est aussi une priorité. Samedi, William Ruto et le président Uhuru Kenyatta se sont rendus dans un camp de déplacés et ont annoncé un programme de relocalisation assorti d’une enveloppe d’environ 25 millions d’euros.
Dimanche, Uhuru Kenyatta a répété dans un discours qu’il n’y aurait pas de vide politique dans le pays. Mais dans le même temps, il a lancé une menace à peine voilée à la Cour de La Haye : si vous voulez qu’on continue à coopérer, il faut alterner nos procès. Une demande qui avait été reçue favorablement par toutes les parties, y compris l’accusation.
Les avocats de William Ruto avaient également demandé que leur client soit autorisé à ne pas assister à toutes les audiences. Cette requête avait d’abord été approuvée par les juges, mais la procureure Fatou Bensouda a fait appel, ce qui oblige William Ruto à se présenter à La Haye en attendant la décision finale des juges.
La question des témoins
Les dirigeants kényans sont poursuivis pour les violences post-électorales de 2007 - 2008. En trois mois, plus de 1 300 personnes avaient été tuées, et 600 000 autres déplacées. Et avant même que ne s'ouvre le procès, la question des témoins fait débat.
Six ans après les violences post-électorales, des milliers de Kenyans sont toujours déplacés. C'est pour eux, pour ceux qui sont morts, ont été blessés ou violés, que la procureure Fatou Bensouda dit vouloir rendre justice : « Le chemin a été long et difficile depuis que mon bureau a ouvert l'enquête au Kenya en 2010. Nous avons dû surmonter de nombreux obstacles sérieux, et je veux remercier spécialement tous nos témoins, des hommes et des femmes courageux qui ont risqué leur vie et celle de leurs proches, qui ont résisté à des menaces permanentes et des tentatives de corruption, pour que justice puisse être rendue ».
Comme elle l'a fait à plusieurs reprises, Fatou Bensouda a donc de nouveau dénoncé hier des menaces sur les témoins à charge, alors que plusieurs d'entre-eux se sont rétractés au cours de la procédure.
L'argument ne tient pas, riposte Karim Khan, avocat du vice-président kényan William Ruto : « Ne vous laissez pas séduire par ce non-sens qui voudrait que des menaces ou tentatives de corruption aient pu affaiblir le dossier de l'accusation. En trois ans, et malgré les millions de dollars qu'il perçoit des contribuables du monde entier, le bureau du procureur n'a trouvé personne qui aurait pu s'illustrer par des intimidations ou du chantage sur les témoins. Ce dossier va s'effondrer au final par manque de preuves, parce que les cibles choisies ne sont pas les bonnes, et parce que les enquêtes ont été mal menées, mais pour aucune autre raison ».
Cette première série d'audiences doit durer trois semaines. En tout, la procureure Fatou Bensouda et son équipe devraient prendre sept mois pour présenter leurs éléments de preuves.
Le double jeu des dirigeants kényans
William Ruto et Uhuru Kenyatta continuent de donner des gages à la CPI. Ils n'ont jamais cessé de coopérer avec la Cour, y compris depuis leur arrivée au pouvoir. Les deux hommes ont toujours été représentés aux audiences par leurs avocats, quand ils ne faisaient pas eux-mêmes le voyage. Officiellement donc, l'attitude est à l'opposé de celle du président soudanais Omar El- Béchir, sous le coup de mandats d'arrêt pour crimes contre l'humanité et génocide au Darfour.
Mais en coulisses, les dirigeants kényans font du lobbying pour essayer d'obtenir l'abandon des poursuites. Leur ambassadeur à l'ONU a écrit une lettre en ce sens au Conseil de sécurité des Nations unies. Il y a quatre mois à peu près au même moment, ils ont obtenu du Conseil exécutif de l’Union africaine qu'il adopte une résolution appelant la CPI à renoncer à ses procédures contre William Ruto et Uhuru Kenyatta.
Difficile par ailleurs de ne pas voir l'ombre du président et du vice-président dans le vote des députés kényans la semaine dernière.
Les parlementaires de leur camp, majoritaire, ont fait adopter une motion réclamant le retrait du Kenya du Statut de Rome, fondateur de la CPI.
Les experts et responsables de la CPI rappellent que cet éventuel retrait ne peut avoir aucune incidence sur les procédures déjà ouvertes à l'encontre des dirigeants kényans, mais le symbole est fort.
Source : Rfi.fr
Mobiliser l’opinion est aussi une priorité. Samedi, William Ruto et le président Uhuru Kenyatta se sont rendus dans un camp de déplacés et ont annoncé un programme de relocalisation assorti d’une enveloppe d’environ 25 millions d’euros.
Dimanche, Uhuru Kenyatta a répété dans un discours qu’il n’y aurait pas de vide politique dans le pays. Mais dans le même temps, il a lancé une menace à peine voilée à la Cour de La Haye : si vous voulez qu’on continue à coopérer, il faut alterner nos procès. Une demande qui avait été reçue favorablement par toutes les parties, y compris l’accusation.
Les avocats de William Ruto avaient également demandé que leur client soit autorisé à ne pas assister à toutes les audiences. Cette requête avait d’abord été approuvée par les juges, mais la procureure Fatou Bensouda a fait appel, ce qui oblige William Ruto à se présenter à La Haye en attendant la décision finale des juges.
La question des témoins
Les dirigeants kényans sont poursuivis pour les violences post-électorales de 2007 - 2008. En trois mois, plus de 1 300 personnes avaient été tuées, et 600 000 autres déplacées. Et avant même que ne s'ouvre le procès, la question des témoins fait débat.
Six ans après les violences post-électorales, des milliers de Kenyans sont toujours déplacés. C'est pour eux, pour ceux qui sont morts, ont été blessés ou violés, que la procureure Fatou Bensouda dit vouloir rendre justice : « Le chemin a été long et difficile depuis que mon bureau a ouvert l'enquête au Kenya en 2010. Nous avons dû surmonter de nombreux obstacles sérieux, et je veux remercier spécialement tous nos témoins, des hommes et des femmes courageux qui ont risqué leur vie et celle de leurs proches, qui ont résisté à des menaces permanentes et des tentatives de corruption, pour que justice puisse être rendue ».
Comme elle l'a fait à plusieurs reprises, Fatou Bensouda a donc de nouveau dénoncé hier des menaces sur les témoins à charge, alors que plusieurs d'entre-eux se sont rétractés au cours de la procédure.
L'argument ne tient pas, riposte Karim Khan, avocat du vice-président kényan William Ruto : « Ne vous laissez pas séduire par ce non-sens qui voudrait que des menaces ou tentatives de corruption aient pu affaiblir le dossier de l'accusation. En trois ans, et malgré les millions de dollars qu'il perçoit des contribuables du monde entier, le bureau du procureur n'a trouvé personne qui aurait pu s'illustrer par des intimidations ou du chantage sur les témoins. Ce dossier va s'effondrer au final par manque de preuves, parce que les cibles choisies ne sont pas les bonnes, et parce que les enquêtes ont été mal menées, mais pour aucune autre raison ».
Cette première série d'audiences doit durer trois semaines. En tout, la procureure Fatou Bensouda et son équipe devraient prendre sept mois pour présenter leurs éléments de preuves.
Le double jeu des dirigeants kényans
William Ruto et Uhuru Kenyatta continuent de donner des gages à la CPI. Ils n'ont jamais cessé de coopérer avec la Cour, y compris depuis leur arrivée au pouvoir. Les deux hommes ont toujours été représentés aux audiences par leurs avocats, quand ils ne faisaient pas eux-mêmes le voyage. Officiellement donc, l'attitude est à l'opposé de celle du président soudanais Omar El- Béchir, sous le coup de mandats d'arrêt pour crimes contre l'humanité et génocide au Darfour.
Mais en coulisses, les dirigeants kényans font du lobbying pour essayer d'obtenir l'abandon des poursuites. Leur ambassadeur à l'ONU a écrit une lettre en ce sens au Conseil de sécurité des Nations unies. Il y a quatre mois à peu près au même moment, ils ont obtenu du Conseil exécutif de l’Union africaine qu'il adopte une résolution appelant la CPI à renoncer à ses procédures contre William Ruto et Uhuru Kenyatta.
Difficile par ailleurs de ne pas voir l'ombre du président et du vice-président dans le vote des députés kényans la semaine dernière.
Les parlementaires de leur camp, majoritaire, ont fait adopter une motion réclamant le retrait du Kenya du Statut de Rome, fondateur de la CPI.
Les experts et responsables de la CPI rappellent que cet éventuel retrait ne peut avoir aucune incidence sur les procédures déjà ouvertes à l'encontre des dirigeants kényans, mais le symbole est fort.
Source : Rfi.fr
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