Les voici encore surgir au devant de la scène ! Deux hommes aux gâchettes faciles, et deux hommes, surtout, lourdement armés. Acteurs principaux du feuilleton de déballages qui bouleverse l’harmonie républicaine et indispose les citoyens, Yakham Mbaye, Dg du quotidien national « Le Soleil », et Moustapha Cissé Lo, vice-président de l’Assemblée nationale et président du parlement de la CEDEAO.
Ils continuent de déverser, sur la place publique, les ordures de la gestion des affaires de la cité. Le tonitruant député pointe sans trembler le sommet de l’Etat où se nicheraient, selon lui, de hautes personnalités qui s’activeraient dans le trafic de drogue. Pis, il présente le président de la République, Macky Sall, comme un « traître », en tout cas un ingrat, laissant en rade ses anciens compagnons de lutte après avoir accédé au pouvoir. «Il ne me parle plus, la première dame non plus. Il refuse de me recevoir», s’es-t-il lamenté en se plaignant d’avoir été privé de semences et d’engrais, lui l’opérateur arachidier depuis des décennies. Lui, surtout, le membre fondateur de l’APR exclu de l’Assemblée nationale par le régime du président Wade pour avoir choisi de suivre un certain Macky Sall dans sa traversée du désert.
Et ne voilà-t-il pas que ce sont ceux-là mêmes qui voulaient égorger Macky Sall qui l’entourent aujourd’hui, qui le flattent et bénéficient de ses faveurs ? La contre-attaque ne s’est pas faite attendre. Foudroyante.
Selon Yakham Mbaye, patron du quotidien gouvernemental, s’il y a un ingrat, c’est bien Moustapha Cissé Lô « El Pistoléro ». Après avoir bénéficié, par le chantage et dans des conditions opaques, d’un marché d’intrants agricoles d’un volume de 4531 tonnes. Vous avez bien lu ! Et avoir été indemnisé royalement pour le manque à gagner subi durant le temps qu’il a traversé le désert avec Macky Sall. Faut-il appeler à la rescousse les forces d’interposition de l’ONU ? Une chose est sûre : dans les arcanes du pouvoir, ça chauffe !
"Ce terrorisme verbal qui risque de perdre le pouvoir"
Ainsi, selon l’analyste politique et docteur en communication Momar Thiam, le parti au pouvoir vit actuellement en son sein « un terrorisme verbal qui risque de conduire vers l’effondrement des piliers de l’Etat lui- même ». La sortie au vitriol du Dg du « Soleil » et cadre de l’APR a été décryptée par lui. «Quant il s’est agi du cas de Sory Kaba et de l’affaire Petro Tim avec la sortie scandaleuse d’El Hadj Kassé, c’est Yakham qui était allé au front. Et aujourd’hui, dans l’urgence de mettre fin aux étalages de Cissé Lo, c’est lui encore qui est sorti par un discours qui, à l’évidence, est bien préparé. Ce qui dénote une stratégie de communication concoctée au plus sommet du pouvoir», explique le spécialiste en Science politique et directeur de l’institut des Hautes études en information et communication (HEIC).
Poussant son diagnostic plus loin, Momar Thiam estime que Yakham Mbaye, dans sa forme de communication avec des preuves à l’appui, joue le rôle de messager qui semble préparer l’opinion publique à une éventuelle décision de sanction venant du chef de l’Etat à l’encontre du mis en cause (Ndlr, Moustapha Cissé Lô). « Le décret de limogeage du ministre El Hadj Kassé suite à sa sortie incriminant le frère du président constitue un cas d’école », rappelle l’ancien consul du Sénégal à Bordeaux.
Que pense-t-il de la posture d’attaque du député Cissé Lo et de ses menaces de révélations fracassante ?
De l’avis de Momar Thiam, « il y a une entorse aux vertus et principes de la bonne gouvernance dans ce conflit interne à l’APR. Car, quand une personnalité de la trempe de Moustapha Cissé Lo, président du parlement de la CEDEAO, fait de telles révélations en interpellant le procureur de la République sur des pratiques de mafia de drogue, c’est la crédibilité de notre justice qui est mise en jeu. C’est pourquoi, la non auto-saisine du procureur pour faire la lumière sur cette affaire va contribuer à mettre à nu la fragilité de la justice sénégalaise». Par ailleurs, en observateur averti de la scène politique nationale, Momar Thiam voit dans cette querelle entre Yakham Mbaye et El Pistolero, un reflet de la lutte de positionnement pour le leadership futur du parti au pouvoir. Et à en croire le directeur de l’HEIC, « l’actualité d’hier et d’aujourd’hui nous montre que certains sont amenés à remettre en cause l’autorité du président de la République dans ce contexte qui marque surtout le der- nier tournant de son magistère si toutefois il ne se présente pas pour un troisième mandat. »
Et d’ailleurs, estime le diplômé en Sciences po de l’Université de Bordeaux, « c’est pourquoi, il y a des suspicions qui font état de personnages tapis dans l’ombre et qui jouent un rôle de leviers ».
Assane Sambe : « il y a des risques d’implosion dans l’APR »
Trois facteurs sont fondamentaux pour éclairer la lanterne sur le pu- gilat politique qui fait rage actuellement dans le parti au pouvoir. Telle est l’approche déclinée par l’analyste politique Assane Samb, interrogé par « Le Témoin ». « D’une part, l’APR ne fonctionne non pas comme une structure politique mais plutôt comme un mouvement de soutien autour d’une personne. Cela peut s’expliquer par le fait que ce parti est arrivé prématurément au pouvoir après sa création sans une organisation solide. D’autre part, il y a une énorme frustration à l’interne liée au fait que beaucoup parmi les responsables n’arrivent pas à concevoir que des transhumants bénéficient de postes stratégiques au détriment de membres dits de la première heure comme eux », ajoute notre interlocuteur.
Poursuivant son analyse, Assane Samb relève l’existence de velléités d’implosion dans l’APR. Il les justifie par « la position ambigüe du prési- dent Macky Sall sur ses intentions de se présenter ou non à la présidentielle de 2024 ». Cette attitude «constitue un moyen pour lui de canaliser ses troupes. C’est parce qu’il ne veut pas une guerre de succession ouverte qu’il dit ne pas vouloir se prononcer sur la question d’un éventuel troisième mandat. Et en disant cela, le Président ne s’adressait qu’à ses camarades de parti. Car il y a de réels risques d’implosion de l’APR. Et si jamais il quittait le pouvoir, ce serait pire que ce qui a été noté dans le parti de Wade après sa chute », avertit le consultant Assane Samb.
Le Témoin
Ils continuent de déverser, sur la place publique, les ordures de la gestion des affaires de la cité. Le tonitruant député pointe sans trembler le sommet de l’Etat où se nicheraient, selon lui, de hautes personnalités qui s’activeraient dans le trafic de drogue. Pis, il présente le président de la République, Macky Sall, comme un « traître », en tout cas un ingrat, laissant en rade ses anciens compagnons de lutte après avoir accédé au pouvoir. «Il ne me parle plus, la première dame non plus. Il refuse de me recevoir», s’es-t-il lamenté en se plaignant d’avoir été privé de semences et d’engrais, lui l’opérateur arachidier depuis des décennies. Lui, surtout, le membre fondateur de l’APR exclu de l’Assemblée nationale par le régime du président Wade pour avoir choisi de suivre un certain Macky Sall dans sa traversée du désert.
Et ne voilà-t-il pas que ce sont ceux-là mêmes qui voulaient égorger Macky Sall qui l’entourent aujourd’hui, qui le flattent et bénéficient de ses faveurs ? La contre-attaque ne s’est pas faite attendre. Foudroyante.
Selon Yakham Mbaye, patron du quotidien gouvernemental, s’il y a un ingrat, c’est bien Moustapha Cissé Lô « El Pistoléro ». Après avoir bénéficié, par le chantage et dans des conditions opaques, d’un marché d’intrants agricoles d’un volume de 4531 tonnes. Vous avez bien lu ! Et avoir été indemnisé royalement pour le manque à gagner subi durant le temps qu’il a traversé le désert avec Macky Sall. Faut-il appeler à la rescousse les forces d’interposition de l’ONU ? Une chose est sûre : dans les arcanes du pouvoir, ça chauffe !
"Ce terrorisme verbal qui risque de perdre le pouvoir"
Ainsi, selon l’analyste politique et docteur en communication Momar Thiam, le parti au pouvoir vit actuellement en son sein « un terrorisme verbal qui risque de conduire vers l’effondrement des piliers de l’Etat lui- même ». La sortie au vitriol du Dg du « Soleil » et cadre de l’APR a été décryptée par lui. «Quant il s’est agi du cas de Sory Kaba et de l’affaire Petro Tim avec la sortie scandaleuse d’El Hadj Kassé, c’est Yakham qui était allé au front. Et aujourd’hui, dans l’urgence de mettre fin aux étalages de Cissé Lo, c’est lui encore qui est sorti par un discours qui, à l’évidence, est bien préparé. Ce qui dénote une stratégie de communication concoctée au plus sommet du pouvoir», explique le spécialiste en Science politique et directeur de l’institut des Hautes études en information et communication (HEIC).
Poussant son diagnostic plus loin, Momar Thiam estime que Yakham Mbaye, dans sa forme de communication avec des preuves à l’appui, joue le rôle de messager qui semble préparer l’opinion publique à une éventuelle décision de sanction venant du chef de l’Etat à l’encontre du mis en cause (Ndlr, Moustapha Cissé Lô). « Le décret de limogeage du ministre El Hadj Kassé suite à sa sortie incriminant le frère du président constitue un cas d’école », rappelle l’ancien consul du Sénégal à Bordeaux.
Que pense-t-il de la posture d’attaque du député Cissé Lo et de ses menaces de révélations fracassante ?
De l’avis de Momar Thiam, « il y a une entorse aux vertus et principes de la bonne gouvernance dans ce conflit interne à l’APR. Car, quand une personnalité de la trempe de Moustapha Cissé Lo, président du parlement de la CEDEAO, fait de telles révélations en interpellant le procureur de la République sur des pratiques de mafia de drogue, c’est la crédibilité de notre justice qui est mise en jeu. C’est pourquoi, la non auto-saisine du procureur pour faire la lumière sur cette affaire va contribuer à mettre à nu la fragilité de la justice sénégalaise». Par ailleurs, en observateur averti de la scène politique nationale, Momar Thiam voit dans cette querelle entre Yakham Mbaye et El Pistolero, un reflet de la lutte de positionnement pour le leadership futur du parti au pouvoir. Et à en croire le directeur de l’HEIC, « l’actualité d’hier et d’aujourd’hui nous montre que certains sont amenés à remettre en cause l’autorité du président de la République dans ce contexte qui marque surtout le der- nier tournant de son magistère si toutefois il ne se présente pas pour un troisième mandat. »
Et d’ailleurs, estime le diplômé en Sciences po de l’Université de Bordeaux, « c’est pourquoi, il y a des suspicions qui font état de personnages tapis dans l’ombre et qui jouent un rôle de leviers ».
Assane Sambe : « il y a des risques d’implosion dans l’APR »
Trois facteurs sont fondamentaux pour éclairer la lanterne sur le pu- gilat politique qui fait rage actuellement dans le parti au pouvoir. Telle est l’approche déclinée par l’analyste politique Assane Samb, interrogé par « Le Témoin ». « D’une part, l’APR ne fonctionne non pas comme une structure politique mais plutôt comme un mouvement de soutien autour d’une personne. Cela peut s’expliquer par le fait que ce parti est arrivé prématurément au pouvoir après sa création sans une organisation solide. D’autre part, il y a une énorme frustration à l’interne liée au fait que beaucoup parmi les responsables n’arrivent pas à concevoir que des transhumants bénéficient de postes stratégiques au détriment de membres dits de la première heure comme eux », ajoute notre interlocuteur.
Poursuivant son analyse, Assane Samb relève l’existence de velléités d’implosion dans l’APR. Il les justifie par « la position ambigüe du prési- dent Macky Sall sur ses intentions de se présenter ou non à la présidentielle de 2024 ». Cette attitude «constitue un moyen pour lui de canaliser ses troupes. C’est parce qu’il ne veut pas une guerre de succession ouverte qu’il dit ne pas vouloir se prononcer sur la question d’un éventuel troisième mandat. Et en disant cela, le Président ne s’adressait qu’à ses camarades de parti. Car il y a de réels risques d’implosion de l’APR. Et si jamais il quittait le pouvoir, ce serait pire que ce qui a été noté dans le parti de Wade après sa chute », avertit le consultant Assane Samb.
Le Témoin
Autres articles
-
Situation des Sénégalais à Mayotte : ADHA dénonce le silence des autorités et interpelle le Président Diomaye Faye
-
Absence de publication du rapport budgétaire du 3ᵉ trimestre 2024 : Pape Malick Ndour interpelle les autorités
-
Retraite du Conseil Municipal de Dakar : Barth s’engage pour un « Dakar plus inclusif et dynamique »
-
Visite officielle en Gambie : les engagements d’Ousmane Sonko pour le lycée sénégalais de Banjul
-
Affaire Barthélémy Dias : Abdoulaye Diouf Sarr déplore l’arbitrage judiciaire dans les affaires politiques