L’Egypte dit non à un nouveau plan de partage des eaux du Nil.

Réunis en Egypte, les dix pays riverains du Nil n’ont pas trouvé d’accord sur un possible partage des eaux de ce grand fleuve d’Afrique.
«L’Egypte, disait Hérodote, est un don du Nil ». C’est sûr de son avantage historique, économique et militaire sur les autres riverains que le pays de Hosni Moubarak a rejeté, le 13 avril à Sharm el-Cheikh, un accord cadre-cadre qui réduirait sa part du fleuve le plus long au monde. Le ministre égyptien de l’eau et de l’irrigation, Mohamed Nasreddin Allam s’est montré clair dès le début des travaux, son pays voulant garder sa part de 55,5 milliards de mètres cubes d’eau par, soit environ la moitié du débit du fleuve. Le Caire qui craint depuis le 11e siècle l’érection d’un barrage dans le haut Nil par l’Ethiopie (qui vient justement d’annoncer un projet pharaonique), veut s’octroyer un droit de veto sur tout nouveau projet d’irrigation émanant des neuf autres Etats.

Outre l’Ethiopie, il s’agit du Burundi, de la République démocratique du Congo, de l’Erythrée, du Kenya, du Rwanda, du Soudan, de la Tanzanie et de l’Ouganda. L’Egypte qui fait peser son poids démographique dans les négociations reproche au nouveau plan de partage son manque d’équité. En effet, son quota d’eau par tête d’habitants passerait de 1213 mètres cubes à 630 mètres cubes. L’actuel quota date d’un accord conclu en 1929 avec la Grande-Bretagne qui signait alors au nom des colonies et d’un autre protocole conclu en 1959 avec le Soudan. Les autres pays de l’Initiative du bassin du Nil (NBI) qui rejettent en bloc l’exigence égyptienne d’un droit de veto son favorables à la mise en place d’une commission permanente du bassin du Nil chargé de veiller sur l’attribution des ressources en eau et la construction des ouvrages comme les barrages. L’échec des négociations fait rappeler cette petite phrase de Boutros Ghali qui disait que la prochaine guerre de l’Egypte se déroulerait dans les eaux du Nil.